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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 19:28

In Sauvons l'Université

 

Appel des personnels et étudiants de l’UVSQ à la journée d’action du 12 décembre.

 

Les personnels et les étudiants de l’UVSQ ne paieront pas pour l’irresponsabilité des présidents et des ministres. Le 12 décembre 2013 : rassemblement devant le rectorat de Versailles à l’appel de la Ferc-sup-CGT, du SNESUP et de l’UNEF.

 

La situation financière de l’UVSQ est préoccupante, pour ne pas dire catastrophique, voilà un constat que chacun partage désormais. Le rapport d’audit de la Cour des comptes, dont une partie des conclusions a été publiée dans la presse, la Ministre elle-même, pointent les « erreurs de prévision et de gestion » et mettent en cause très sévèrement l’équipe de direction passée et présente de l’université. Nous exigeons que les autorités compétentes fassent au plus vite toute la lumière sur les causes de cette faillite. La totale transparence sur les responsabilités de la direction de l’université et du ministère dans cette situation n’est pas négociable !

 

En attendant, nous condamnons sans appel la signature des deux Partenariats Public Privé dans lesquels l’UVSQ s’est engagée, sur le fond et sur leur forme, comme nous l’avons toujours fait avec tous les moyens d’expression qui sont les nôtres. Nous ne défendons pas non plus les orientations stratégiques et budgétaires et la politique de formation qui ont été celles de l’UVSQ. Madame la Ministre, quelles sont vos réponses face à cette situation qui menace le service public d’enseignement supérieur et de recherche dans notre établissement et dans beaucoup d’autres ? Après avoir qualifié les PPP de « bombes à retardement logées au cœur du service public », accepterez-vous désormais que l’on sanctuarise les dividendes de Cofely, en les mettant en concurrence avec les traitements de vos fonctionnaires, les salaires de vos contractuels et le maintien de l’offre de formation pour lesquels vous accordez une « avance remboursable » de 5M€ ? Que signifie cette avance alors même que l’université ne sera probablement jamais en mesure de rembourser cette nouvelle « dette », cette fois contractée auprès de sa propre tutelle ? Et cela au détriment des missions de service public d’enseignement et de recherche qui sont les nôtres.

 

Par ailleurs vous ne revenez pas sur le désengagement de l’État dans l’ESR, toujours en vigueur depuis la LRU, et les fameuses RCE qui en sont le mode opératoire. Les pleins pouvoirs donnés aux présidents par la loi LRU-Pécresse ont eu l’effet amplificateur attendu, menant aux « erreurs de gestion successives et les dysfonctionnements qui ont conduit l’UVSQ à cette situation très difficile ». L’exemple même des conséquences de la loi LRU combinées à l’inconséquence de la gestion locale se trouve sans doute dans ce fameux PPP « performance énergétique » signée avec Cofely, et identifié comme l’une des sources du déficit structurel de l’UVSQ. Madame la Ministre, Monsieur le Président, nous en appelons solennellement à votre sens des responsabilités.

Nous, étudiants, enseignants-chercheurs, ingénieurs, administratifs de l’UVSQ, ne sommes pas responsables de la situation financière catastrophique de notre université. Nous n’avons pas en effet à en être victimes, comme vous en convenez tous deux. Nous exigeons donc :

  1. du Président de l’UVSQ, qu’il garantisse :
    - Le maintien de tous les emplois statutaires et contractuels (y compris par le renouvellement des CDD jusqu’à l’ouverture des postes statutaires suffisants pour éradiquer de façon pérenne la précarité : l’UVSQ compte plus de 50% de contractuels parmi les personnels BIATSS)
    - Le remplacement de tous les départs en retraite et des mobilités normales des fonctionnaires (détachements, mutations)
    - Le maintien de tous les éléments de rémunération des personnels contractuels avec paiement à échéance normale.
    - Le maintien de toutes les prestations sociales
    - Le maintien de toutes les heures d’enseignement et de l’offre de formation.
    - La non-augmentation des droits d’inscription et le retrait de ses propositions de sélection en première année.
  2. de la Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, qu’elle garantisse :
    - l’intégralité des moyens nécessaires pour le maintien et l’amélioration des services rendus par l’UVSQ en matière d’enseignement supérieur et de recherche sans réduction de l’offre de formation, ni de sa qualité, ni réduction de personnel, ni augmentation des frais d’inscription
    - les conditions d’emploi et de rémunération des personnels par la ré-étatisation des traitements des fonctionnaires et des salaires des contractuels. Seule l’ouverture de postes statutaires correspondant aux besoins réels est à même de résoudre durablement la précarité délétère et d’assurer un service public d’enseignement et de recherche à la hauteur de celui attendu par le contribuable et la Nation.
    - mise en place d’un cadre national des formations et d’un fléchage des moyens vers les premiers cycles
    - le retrait de son projet de décret « évaluation-modulation » qui, dans le contexte de crise des universités, ne peut apparaître que comme un instrument dangereux de gestion de la pénurie budgétaire.

Non, la masse salariale et les conditions d’études des étudiants ne peut être la variable d’ajustement de la situation de crise dans laquelle les décisions iniques de nos équipes de direction et les incitations du gouvernement précédent nous ont plongés ! Nous refusons de mettre en place le « plan de retour à l’équilibre » prévu par la direction de l’UVSQ et nous opposons au budget qui sera présenté au prochain conseil d’administration du 17 décembre.

Oui, Madame la Ministre, Monsieur le Président, revenons à l’équilibre budgétaire en revenant sur la loi LRU-Pécresse, en ré-étatisant la masse salariale et en dénonçant sans délai les PPP en cours, fruits déguisés du transfert massif d’argent public vers le secteur privé.

POUR REFUSER L’AUSTERITE DRASTIQUE QUE NOUS PROMET LE PLAN DE RETOUR A L’EQUILIBRE ADOPTE PAR L’EQUIPE PRESIDENTIELLE ACTUELLE DE L’UVSQ, ET POUR DESSERRER L’ETAU QUI ETRANGLE LES UNIVERSITES ET LES ORGANISMES DE RECHERCHE, NOUS APPELONS TOUS LES PERSONNELS ET ETUDIANTS DE L’UVSQ A UN RASSEMBLEMENT !
LE 12 DECEMBRE A 10 HEURES DEVANT LE RECTORAT DE VERSAILLES 3 BOULEVARD DE LESSEPS
14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 17:50

In Le grand amphi

 

L’université Versailles-Saint-Quentin ne paye plus ses factures

 

C03-33.jpgOn savait la situation budgétaire extrêmement délicate de l'Université Versailles-Saint-Quentin. C'est encore pire. Elle est en quasi-situation de cessation de paiement et ce dès le premier résultat négatif depuis son passage à l'autonomie (-5,2 millions d'euros pour 2012). Pour 2013, l'établissement devrait afficher un second déficit de 7 millions d'euros et devrait prélever 10 millions d'euros sur son fonds de roulement. "En trésorerie, cela se traduirait par un solde prévisionnel à fin décembre de 4,7 millions d'euros", indique Jean-Luc Vayssière.

 

Le président de l'UVSQ a envoyé un message à l'ensemble des personnels pour l'informer de l'évolution de la situation budgétaire de l'établissement. Des discussions complexes et très techniques entre le recteur, le contrôleur budgétaire régional (Bercy) et l'université ont eu lieu ces derniers jours.

 

"Pour les dépenses incompressibles (salaires, sécurité, PPP) jusqu’au 31 décembre 2013, 19 millions de trésorerie étaient nécessaires. Nous en avons 15. Il nous fallait donc une avance de 4 millions d'euros. Dans la négociation, j’ai tenu bon sur les engagements pris auprès de la communauté, à savoir maintenir les salaires des fonctionnaires et contractuels. Je me suis également battu pour maintenir la politique indemnitaire (primes de fin d'année) des BIATSS (bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens de service et de santé) et des enseignants chercheurs. L'avance de trésorerie va donc nous être octroyée", poursuit Jean-Luc Vayssière.

 

"En contrepartie, indique-t-il, Bercy a demandé la suspension immédiate du règlement des factures et des nouveaux engagements. Cela signifie que certaines actions doivent être reportées en 2014 et que probablement d'autres devront être annulées jusqu'au rétablissement de la situation budgétaire. Vous l'avez compris le dialogue avec la tutelle (le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche) se double depuis quelques jours d'un dialogue avec Bercy."

 

D'ores et déjà, l'UFR des sciences sociales a voté une motion à l'unanimité. "Nous ne pouvons accepter cette décision, qui a de graves conséquences sur le fonctionnement des services publics et sur le devenir de nos fournisseurs. Le risque est aussi une perte de confiance de nos financeurs extérieurs, qui menace leur engagement futur et l'avenir de notre université à court-moyen terme. Nous réclamons que le paiement des factures en cours soit garanti et que les financements fléchés par les partenaires extérieurs soient respectés et intégralement versés pour les projets pour lesquels l'université s'est engagée".

 

Augmentation de la masse salariale non maîtrisée

 

Comment l'UVSQ en est arrivée là ?"Nous avons découvert assez tardivement la situation", concède Jean-Luc Vayssière, élu en avril 2012. Deux raisons à ce déficit : des investissements immobiliers qui "nous coûtent en loyer 1,25 million d'euros et l'augmentation de la masse salariale. Globalement, cela représente une charge supplémentaire de 500 000 euros", nous expliquait le président de l'UVSQ en juillet. Le passage à l'autonomie s'est accompagné pour de nombreuses universités et notamment l'UVSQ de recrutements trop nombreux et trop rapides. Les établissements "pariant" sur le fait que le ministère accompagnerait dans le temps ces embauches.

 

A cette augmentation de la masse salariale non maîtrisée s'ajoute pour l'université de Jean-Luc Vayssière des projets d'investissements dont le coût est trop élevé ou bien dont le coût d'exploitation a été mal anticipé. "La précédente équipe a été très fière de récupérer un bâtiment de médecine dans le cadre d'un partenariat public privé. Mais le loyer d'exploitation atteint les 750 000 euros pour nous !", lance Jean-Luc Vayssière. Le coût de fonctionnement de l'observatoire de Versailles Saint-Quentin qui accueille des formations d'excellence atteint les 900 000 euros et ne lui rapporte pour l'instant pas un kopeck.

 

Enfin, l'UVSQ a conclu un contrat de performance énergétique qui lui permet de se conformer aux objectifs du Grenelle de l'environnement. Las ! Ce contrat d'une durée de 25 ans se traduit, financièrement, par un surcoût de... 2 millions d'euros par an.

 

L'objectif est d'atteindre l'équilibre en 2016. Pour y parvenir un plan de réduction des dépenses de 7 millions d'euros a été mis en place : réduction de la masse salariale, arrêt des créations de poste, gels d'emploi, réduction des charges de fonctionnement...

 

L'UVSQ n'est pas seule à souffrir. Loin de là. Le président de Paris 1 nous confiait il y a quelques mois que s'il était une entreprise, il devrait mettre "la clé sous la porte". Lors d'une journée intitulée "L'université de toutes les austérités... une fatalité", organisée par le Snesup, le principal syndicat de l'enseignement supérieur, Bernard Tallet, élu Snesup au conseil d'administration et vice-président en charge des moyens a admis que "le fonds de roulement est quasiment à zéro. Il était de 25 millions d'euros lorsque nous sommes passés au RCE". Paris 1 Sorbonne sera pour la troisième année consécutive en déficit. "Nous ne pourrons pas sortir seuls des déficits", a prévenu Bernard Tallet lors de son intervention.

 

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18 octobre 2013 5 18 /10 /octobre /2013 17:20

In Politis

 

Une quinzaine d’universités françaises annoncent un déficit pour 2013. Après la loi Pécresse de 2007, la loi Fioraso n’a rien arrangé.

 

Les universitaires l’appellent « LRU 2 ». Car la loi Fioraso sur les universités du 23 juillet n’a fait qu’aggraver, selon eux, la situation amorcée par la Loi relative aux libertés et responsabilités des universités de Valérie Pécresse (2007). L’État ayant délégué aux universités la gestion de leurs activités et de leur masse salariale, plus d’une quinzaine seront encore dans le rouge en 2013, dont certaines pour la deuxième année consécutive. « Déficit programmé », plaident-elles. « Mauvaise gestion », riposte le gouvernement. Le 22 juillet, l’Unef, syndicat étudiant, dénonçait « trente-six universités hors-la-loi » pratiquant des frais d’inscriptions illégaux et des sélections en licence. D’autres multiplient les recours aux fonds privés. C’est la loi de la débrouille. Ou le bras de fer, comme à Montpellier-III, où la présidente menace de fermer son antenne de Béziers, privant 700 étudiants d’une fac dans leur ville. En 2012, quatorze présidents d’université avaient réclamé « moins d’autonomie », demandant au gouvernement de récupérer la gestion de la masse salariale, qui représente 80 % des dépenses. Les inégalités entre les universités et entre les filières s’accroissent : les dotations varient d’une moyenne de 1 642 euros par étudiant et par an à Montpellier à 20 000 euros à Bordeaux. Le ministère de l’Enseignement supérieur recommande de miser sur les licences plutôt que sur les masters. Des enveloppes exceptionnelles ont été débloquées, mais elles serviront pour payer les frais courants, comme le chauffage. « On n’observe pas encore de réduction réelle de l’offre de formation, souligne Marc Neveu, du Snes-up, car les profs font autant avec moins. L’inquiétant, ce n’est pas tant les déficits annoncés que ce que sont obligées de faire les universités… »Combien de mutualisation de groupes ? De postes gelés ? D’options amputées ? De TD à 200 plutôt qu’à 50 ? Le budget de fonctionnement des universités aurait baissé de 7,2 %, estime le Snes-up, qui réclame un fonds d’urgence et un changement radical de politique. « On évalue à un milliard le budget nécessaire pour maintenir le taux d’encadrement. C’est justement le ressaut 2013 du crédit impôt recherche, lequel ne profite qu’aux entreprises », déplore Marc Neveu. L’Unef comptabilise environ 9000 bacheliers sans place en première année en 2013. Le syndicat estime également à 23 400 le nombre d’étudiants qui renoncent à une formation universitaire.

Montpellier, le bras de fer

« Avec 1 642 euros par an et par étudiant en 2011, 1,6 m2 par étudiant et 8 amphithéâtres pour 20 000 étudiants, l’université Paul-Valéry-Montpellier-III est la plus mal dotée de France », rappelle sa présidente, Anne Fraïsse, dans une lettre à Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur, datée du 7 octobre. Depuis qu’elle a menacé de fermer son antenne de Béziers, Anne Fraïsse est devenue la figure de proue du mouvement de lutte des universités. Cette fermeture concerne 62 % de boursiers. « Ils devront se loger à Montpellier, se salarier ou abandonner leurs études, résume Mathieu Landau, président de l’Unef. Les assemblées générales sur place réunissent plus de 800 étudiants, c’est beaucoup ! » L’Unef ne prend pourtant pas position : « Si nous condamnons le sous-financement de Montpellier-III, nous sommes opposés à cette menace de fermeture qui prend les étudiants en otages. En outre, la présidente a misé sur des masters d’élite ouverts à 7 ou 8 étudiants, alors que des regroupements permettraient de ne pas appauvrir les premières années et les licences. »Opposée à la concurrence via les masters, l’Unef soutient le recadrage national des diplômes prévu par l’un des décrets de la loi Fioraso, à paraître en décembre. Mais les déficits cumulés à Montpellier-III atteignent 3 millions d’euros. Une somme que la rationalisation des masters ne pourrait pas combler.

Le Mans, motion d’urgence

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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 18:38

 

C03-18Un amendement sidérant, improvisé par les Verts, a été adopté et introduit hier soir au Sénat dans le projet de loi sur l'Enseignement Supérieur et la Recherche : la suppression pure et simple de la procédure de qualification nationale par le CNU pour les recrutements et promotions des enseignants-chercheurs

 

: http://www.senat.fr/amendements/2012-2013/660/Amdt_6.html

L'amendement n°6 supprime le premier alinéa de l'actuel article L. 952-6 du code de l’éducation prévoyant "Sauf dispositions contraires des statuts particuliers, la qualification des enseignants-chercheurs est reconnue par une instance nationale." Ci-dessous le premier extrait des débats, vers 21h30, où l'on voit la complaisante ambiguïté de la rapporteure et surtout de la ministre préférant laissant passer, tout en en ayant pas l'air, mais sans s'exprimer clairement contre, sans doute pour s'assurer du vote global des Verts sur le projet (adopté hier vers 1h du matin) quitte à leur laisser faire n'importe quoi plutôt que de défendre la procédure de qualification.

 

Le caractère improvisé de l'opération apparaît dans le rejet d'un autre amendement n°7 (cf. ci-dessous deuxième extrait) de mise en cohérence du code de l’éducation. Mais ce rejet concernant des statuts dérogatoires ne réduit pas la portée de la suppression opérée par le précédent amendement.

La commission mixte paritaire est prévue pour mercredi 26 juin 2013 avec 7 députés (4  gauche, 3 opposition) + 7 sénateurs (3 socialistes, 1 Vert, 2 UMP, 1 UDI). Le texte, pour être adopté, devra recueillir 8 voix pour. Les sénateurs écolo  et UDI vont être en position de négocier la 8ème voix.  En cas d'échec, la loi reprendra le chemin des deux hémicycles pour deuxième lecture à  l'AN, où le dépôt d'amendements serait ainsi ré-ouvert (séance éventuelle le 9 juillet) et au Sénat (15 juillet). Si les texte adoptés dans les deux chambres ne sont pas identiques, la loi retournera à l'AN pour décision finale.


En revanche, l'AERES est maintenue (amendement n°24 de suppression rejeté) !!!

 

Si il reste en l'état, le texte de loi portera un coup fatal à l'évaluation par le CNU des compétences dans chaque  discipline scientifique : les petites disciplines en particulier, faibles dans les commissions locales, risquent de voir se multiplier des recrutements locaux décalés par rapport à leurs domaines et de se trouver ainsi laminées par des disciplines voisines plus puissantes dans les jeux de pouvoirs internes aux universités. Cet amendement porte un nouveau coup au caractère national des statuts d'enseignants-chercheurs au profit d'une gestion locale allant dans le sens de la régionalisation en cours du système universitaire français. La qualification par le CNU tant des docteurs, candidats aux postes d'enseignants-chercheurs, que des enseignants-chercheurs, candidats à une promotion, est une procédure d'évaluation indispensable à la qualité du travail dans cette profession : sa suppression risque de servir de prétexte à la réintroduction d'une autre forme d'évaluation, technocratique et non scientifique, aux fins de réductions budgétaires par modulation des services d'enseignement. En l'absence de cette évaluation des recherches et des dossiers de candidatures par le CNU, la propension aux recrutements localistes de candidats plus séduisants par leurs proximités ou dépendances relationnelles que par les mérites de leurs productions et expériences s'aggravera inéluctablement au détriment de la qualité du service public d'enseignement supérieur et de recherche.

 

Voici le lien pour signer la pétition nationale lancée par la commission permanente des sections CNU (CP-CNU) afin de demander le maintien des procédures de qualification par le CNU.

http://www.petitions24.net/cpcnu

 

 

 

Jérôme Valluy - 22 juin 2013, 13h

 

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Extraits du compte-rendu de séance du 21 juin : http://www.senat.fr/cra/s20130621/s20130621_4.html#par_747

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"Mme la présidente. - Amendement n°6, présenté par M. Gattolin et les membres du groupe écologiste.

Après l'article 43 bis

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le premier alinéa de l'article L. 952-6 du code de l'éducation est supprimé.

Mme Corinne Bouchoux. - Les modalités de la qualification sont une originalité française. La procédure est très chronophage, coûteuse et détourne les enseignants-chercheurs de leurs missions premières, la recherche et la formation. Je reprends ici la proposition 126 du rapport Berger. Faisons confiance aux jurys de thèse et supprimons cette procédure.

Mme Dominique Gillot, rapporteure. - La proposition de M. Berger est intéressante mais prématurée ; la concertation n'a pas encore abouti. Retrait ?

Mme Geneviève Fioraso, ministre. - On peine à obtenir le consensus de la communauté scientifique. Le temps n'est pas venu d'installer ce dispositif. Laissons le temps au temps. L'objectif de la loi est avant tout d'apaiser, de rassembler, de remobiliser.

Mme Marie-Christine Blandin, présidente de la commission de la culture. - Le temps n'est pas venu d'installer ce dispositif ? Il ne s'agit pas d'installer mais de supprimer un dispositif qui pénalise tous les doctorants de France...

L'amendement n°6 est adopté."
http://www.senat.fr/amendements/2012-2013/660/Amdt_6.html
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ARTICLE 44


Mme la présidente. - Amendement n°7, présenté par M. Gattolin et les membres du groupe écologiste.

Après l'alinéa 3

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

...) Les mots : « dont la qualification est reconnue par l'instance nationale prévue à l'article L. 952-6 » sont supprimés ;

Mme Corinne Bouchoux. - Amendement de cohérence.

Mme Dominique Gillot, rapporteure. - Je maintiens l'avis défavorable de la commission. La concertation n'est pas mûre pour supprimer la qualification.

Mme Geneviève Fioraso, ministre. - Même avis.

L'amendement n°7 n'est pas adopté.
http://www.senat.fr/amendements/2012-2013/660/Amdt_7.html
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22 avril 2013 1 22 /04 /avril /2013 12:40

 

Geneviève Fioraso aux Assises de la recherche  Un groupe de militants socialistes, souvent actifs ces dernières années dans sa Commission recherche, a décidé de rendre publique sa "déception" devant la politique conduite par Geneviève Fioraso .

 

Auto-baptisé "Collectif Langevin" - du nom du physicien progressiste mais surtout auteur du plan Langevin-Wallon pour l'éducation nationale à la Libération du pays en 1945 - ce groupe dont Frédéric Sawicki, Professeur de sciences politiques à l'Université Paris-I, Panthéon-Sorbonne, est le porte-parole, fait circuler dans la commission recherche du PS un texte très critique vis à vis du gouvernement. J'ai reçu ce texte, que je publie ci-dessous comme une tribune, dans son intégralité.

 

Cette initiative confirme qu'un clivage persiste à gauche, entre les universitaires et scientifiques qui se sont mobilisés durant les années Sarkozy contre les réformes de droite et l'orientation choisie par le gouvernement de François Hollande. Ce désaccord n'est pas une surprise pour des militants syndicalistes ou du Front de Gauche. Le vote de la loi devrait donner lieu à de nouvelles tentatives de mobilisation de leur part, comme cet appel ( FSU (Snesup, SNCS, SNASUB, SNEP, SNETAP), CGT (SNTRS, CGT INRA, FERC Sup), SNPREES-FO, Solidaires (Sud Recherche EPST, Sud Education, Solidaires Etudiant-e-s), SLR, SLU. Collectif Aquitain des Contractuels de la Recherche, Collectif contre la précarité Pouchet/CNRS, Collectif des précaires de Montpellier, Collectif de précaires du Centre INRA de Versailles, Collectif des non titulaires de la recherche toulousaine) à des actions (préavis de grève, A-G et manifestations) du 14 au 22 mai lors du débat parlementaire.

 

Il subsistait un doute sur l'attitude des militants socialistes. Lors de la campagne présidentielle, Vincent Peillon avait réalisé l'union sacrée dans son équipe, où Geneviève Fioraso avait retrouvé les organisateurs de la contestation, comme Isabelle This Saint-Jean, aujourd'hui vice-présidente de la Region Île de France, chargée de la recherche. D'autres figures du mouvement de l'années 2009, comme Bertrand Monthubert devenu Président de l'Université Sabatier à Toulouse, demeurent discrets quant à leur appréciation de la politique gouvernementale, mais la logique de leurs positions antérieures devraient les conduire à la critiquer. Sortiront-ils de leur silence ? Le débat parlementaire sur la loi Fioraso permettra t-il les inflexions appelées par ce texte ? C'est très peu probable en l'absence de mouvement de contestation dans les universités et les laboratoires, mouvement que, malgré leurs appels, syndicats et associations (SLR, SLU) n'ont pas encore réussi à déclencher.

 

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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 18:51

http://img.over-blog.com/680x1024/2/24/40/32/23-Fevrier-2011/Fissure.jpg

In Sauvons l'Université

 

Universités : les opposants à la loi Fioraso veulent se faire entendre.

Isabelle Rey-Lefebvre, Le Monde

 

Réformer l’université est-il aussi périlleux que réformer l’école ? Malgré la méthode douce adoptée par Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui consistait à organiser des assises et à consulter, durant huit mois, la communauté universitaire, le projet de loi qui en est sorti, et doit être présenté le 27 mars en conseil des ministres, fédère déjà des mécontentements.

La première insatisfaction vient du manque de moyens financiers alloués aux universités, encore accru par l’annonce, le 21 février, du "surgel", pour cause d’austérité, de 250 millions d’euros sur un budget global de 23 milliards d’euros, lui-même en hausse de 2 % par rapport à 2012.

 

L’intersyndicale formée de SUD, la FSU, la CGT et le Snesup, dans une mobilisation menée par les mouvements Sauvons la recherche et Sauvons l’université, n’hésite pas à qualifier le projet de loi d’"inacceptable" et "aggravant la loi Pécresse sur l’autonomie". Sauvons la recherche surnomme même le texte "loi LRU 2.0", en référence à la loi adoptée en août 2007 par le précédent gouvernement, baptisée Liberté et responsabilité des universités et qui institue leur autonomie budgétaire. C’est d’ailleurs depuis qu’elles gèrent directement leurs finances que les universités prennent conscience de leur fragilité sur ce plan.

 

APPEL À UNE JOURNÉE NATIONALE DE GRÈVE LE 21 MARS

 

Lors d’une assemblée générale de ce front du refus, le 2 mars, dans les très beaux locaux de l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) et en face de sa toute nouvelle bibliothèque, inaugurée l’avant-veille par Geneviève Fioraso, s’exprimaient toutes les crispations et frustrations de cette frange protestataire de la communauté universitaire. L’amphithéâtre était presque plein, avec 150 participants venus d’une trentaine d’établissements de toute la France, qui, à l’issue de la réunion, ont appelé à une journée nationale de grève le 21 mars.

 

Première raison de la colère : le manque de postes et de moyens financiers. "Où sont passés les milliards des investissements d’avenir et d’excellence [Idex], aujourd’hui distribués de manière opaque par le commissaire général à l’investissement, placé sous la tutelle du premier ministre, loin du regard démocratique des parlementaires ?" interpelle Emmanuel Saint-James, président de Sauvons la recherche. "L’autonomie a conduit les présidents d’université à recourir à des consultants privés pour mener des audits et des études coûteuses, qui siphonnent l’argent public", dénonce Fanny Darbus, maître de conférence en sociologie à Nantes et membre de l’Association des sociologues de l’enseignement supérieur (ASES). "Sans oublier les budgets de communication, qui coûtent un pognon fou", s’indigne un de ses collègues.

Autre point sensible, la question des précaires, vacataires et contractuels - cette main-d’oeuvre bon marché estimée à 50 000 personnes ces dernières années, qui font pourtant tourner les universités et les laboratoires. Et, fait nouveau, les collectifs de précaires s’organisent, se fédèrent et s’invitent dans les discussions, comme ce 2 mars à l’Inalco. "Il faut mettre fin aux plans de licenciements déguisés et aux dégraissages que pratiquent les organismes de recherche en ne renouvelant pas les contrats à durée déterminée. Et ce ne sont pas les mille postes annoncés par la ministre et la titularisation de quelques milliers de contractuels qui permettront de résorber la précarité, surtout si, dans le même temps, les présidents doivent geler 1 500 postes pour tenir leurs budgets", argumentait Laure Villate, chercheuse contractuelle à l’Institut national de recherche agronomique de Bordeaux, parlant au nom de la coordination d’une dizaine de collectifs de précaires.

"Moi, j’ai les boules, car j’ai une bourse de trois ans pour faire ma thèse, et après, je sais que ce sera la galère pour décrocher un poste", s’insurge Oriane, une jeune doctorante.

 

NE PAS SE RETROUVER ISOLÉ COMME LORS DU CONFLIT DE 2009

 

Tout l’enjeu, pour ce front radical, est cependant de ne pas se retrouver dans le superbe isolement qu’il a connu lors du long et difficile conflit de 2009 avec cette vaine "ronde des obstinés", des jours et des nuits, devant l’Hôtel de Ville de Paris, qui a laissé des traces.

Des assemblées générales ont lieu çà et là, des motions sont adoptées, mais le moral n’y est pas : "On a été aplatis par le rouleau compresseur de la LRU, on est démobilisés et les médias ne sont pas avec nous", témoigne un participant. "Il nous faut sensibiliser l’opinion publique, les médias, les parents, trouver des convergences avec les autres enseignants du primaire et du secondaire, mais surtout avec les étudiants", suggère Laurence Giavarini, de l’université de Bourgogne, membre de Sauvons l’université. 2009 a en effet été le rendez-vous manqué entre étudiants et enseignants : les premiers s’étaient mobilisés contre la loi LRU, dès 2007, sans le soutien des enseignants chercheurs, et leur ont rendu la politesse deux ans plus tard... Or la Fédération des associations générales étudiantes et, surtout, l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) soutiennent le projet de loi Fioraso et ne rallieront pas facilement la cause des enseignants chercheurs. William Martinet, venu défendre le point de vue de l’UNEF et les avancées, à ses yeux, de la loi, s’est d’ailleurs fait copieusement huer et même inviter à retourner rue de Solférino, siège du Parti socialiste...

Selon ces opposants, la mise en faillite des universités est intentionnelle et, "comme au Québec, en Grande-Bretagne et au Chili, entraînera une élévation considérable des droits d’inscription".

 

2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 19:13

In Sauvons l'Université

Assemblée générale du 2 mars 2013 : "Un projet de société inacceptable". Motion unique adoptée

 

UN PROJET DE SOCIÉTÉ INACCEPTABLE.

L’UNIVERSITÉ ET LA RECHERCHE PUBLIQUE FRANÇAISES EN COLÈRE

http://www.sauvonsluniversite.com/local/cache-vignettes/L142xH200/arton5983-cba74.jpgCe que la droite a fait, ce gouvernement va l’aggraver !

Comme au Québec, comme en Grande-Bretagne, comme au Chili, les universités françaises sont mises intentionnellement en faillite par une loi, la loi LRU et le seront encore plus par la loi LRU 2 dite loi Fioraso, ce qui entraînera une élévation considérable des droits d’inscription.

Nous refusons la marchandisation de l’éducation, du savoir et de la recherche publique, telle qu’elle s’inscrit dans la stratégie de Lisbonne. Nous refusons la prise de contrôle de l’enseignement et de la recherche par les intérêts particuliers. Nous refusons la disparition des libertés académiques.

L’Assemblée Générale, appelée par l’A.G. du 18 février, soutenue par une large intersyndicale et les collectifs de précaires, s’est tenue le 2 mars à l’INALCO (Paris). Sont représentés une trentaine d’universités et les principaux organismes de recherche (CNRS, INRA, IRSTEA, INSERM).


S’appuyant sur la multiplication des motions émanant des conseils centraux des universités, des assemblées générales des étudiant.e.s et des personnels, des laboratoires, des départements et UFR, des sections de CNU, des sections du CoNRS, de la C3N, des comités techniques d’organismes, des sociétés savantes,

L’A.G. reprend à son compte les revendications exprimées par l’A.G. du 18 février et exige


* l’abandon pur et simple du projet de loi Fioraso ;
* un moratoire sur le projet de réforme de la formation des enseignants.



 

L’AG dénonce

 

  • la dégradation des conditions d’études, d’enseignement et de recherche et la dégradation de la vie quotidienne des étudiant.e.s et des personnels ;
  • la déqualification massive des étudiant.e.s engendrée par ces réformes et la casse des diplômes ;
  • le gel des emplois de titulaires et le plan social déguisé qui conduit au non renouvellement massif des CDD des personnels précaires : à la place des 1000 emplois annuels que le MESR se vante d’avoir créés, on en est à 1500 postes gelés pour cette présente année ;
  • la politique de régionalisation et de subordination du service public d’enseignement et de recherche aux intérêts privés.
    L’AG exige

     

     

  • un réengagement financier total de l’État ;
  • un véritable cadrage national des diplômes dans les intitulés et les contenus ainsi que leur reconnaissance dans les conventions collectives ;
  • une loi de programmation, qui pourra en particulier remettre au service de l’ESR les crédits du commissariat général aux investissements et le Crédit Impôts Recherche. Cette loi de programmation devra abroger l’ensemble des dispositifs mis en place par le Pacte pour la Recherche (notamment ANR, Alliances, Fondations de Coopération scientifique) et par la loi LRU (et notamment les RCE). Car ces dispositifs sont responsables de la paupérisation des universités et des organismes des recherche, de l’explosion de la précarité, de la fragilisation des diplômes nationaux, de la détérioration continue des conditions d’études, d’enseignement et de recherche ;
  • la remise en chantier de la réforme de la formation des enseignants ;
  • un plan pluriannuel de créations de 5000 postes de titulaires par an pendant 5 ans pour toutes les catégories de personnels des universités et organismes de recherche, seul capable de garantir la réussite des étudiant.e.s et de résorber la précarité.
    L’AG appelle à participer à
  • la manifestation interprofessionnelle du 5 mars contre l’accord national interprofessionnel dit de sécurisation de l’emploi (14 heures à Paris : rdv enseignement supérieur / recherche : intersection rue Saint-Denis / rue de Rivoli) ;
  • une journée nationale de grève dans l’Enseignement Supérieur et de la Recherche le jeudi 21 mars ;
  • une coordination nationale des organismes de recherche et des universités en lutte dans la semaine du 18 mars ;
  • la journée d’action des professeurs des écoles le 25 mars : nous sommes tous concerné.e.s, de la maternelle à l’université.
    L’AG invite en outre
  • à tenir des AG d’information et de mobilisation partout sur les campus ;
  • à des actions « coups de poing » ;
  • à des occupations de lieux symboliques dans les universités, les établissements et les organismes de recherche ;
  • à faire remonter des bilans comptables notamment auprès de enquete.ases@gmail.com (A.S.E.S : Association des Sociologues de l’Enseignement Supérieur) et externeslu@gmail.com (Sauvons l’Université !) ;
  • à s’adresser aux représentants élus au Parlement (député.e.s, sénateurs/trices).


    Adoptée à l’unanimité moins 4 abstentions.
20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 13:24
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Les ravages de la LRU (suite)
 
Bernard Gensane
Le changement, c’est pas maintenant ! C’est peut-être même jamais.
 
Bien sûr, on est content de ne plus subir les mollets de Sarkozy faisant son footing, l’ostentation de ses montres et de ses lunettes de soleil, les aléas de sa vie privée, son obsession du flouze, la brutalité de sa politique sécuritaire, sa haine du service public et des fonctionnaires, j’en passe et des meilleurs.
 
Un président de la République ne choisit jamais au hasard les ministres à qui il veut confier des tâches stratégiques. Fille d’un universitaire homme d’affaires,Valérie Pécresse était un pur produit de l’enseignement privé. Elle était donc parfaitement qualifiée pour mener de toute urgence une réforme visant à financiariser l’université et à y imposer les méthodes et les règles de l’entreprise privée. Le parcours de Geneviève Fioraso est différent. Titulaire de deux maîtrises, elle enseigne d’abord à des jeunes en difficulté à Amiens. À l’âge de 25 ans, elle quitte l’enseignement et entre au cabinet du maire de Grenoble Hubert Dubedout, un socialiste (sur le tard : il adhère au PS à l’âge de 52 ans) “ moderne ”, mais plutôt modéré. Outre ses fonctions municipales, Geneviève Fioraso travaille dans le numérique et à France Télécom. En 2003, elle est élue présidente de l’Institut d’administration des Entreprises de Grenoble. Elle administre plusieurs structures à cheval sur le public et le privé. Un parcours intéressant, avec une grande fascination pour l’« entreprise ». Chez elle, le mélange des genres entre public et privé est subtil, savant même. Sa vision de la recherche est industrielle. Donc marchande.
 
J’avais espéré qu’avec l’élection de François Hollande je pourrais clore cette rubrique sur “ les ravages de la LRU ”. Non seulement ce n’est pas le cas, mais je continuerai à témoigner sur l’enseignement supérieur sous ce même titre, car Fioraso, en bonne suivante d’Allègre, de Robien, de Pécresse et de Wauquier, inscrit son action dans le tristement célèbre « Processus de Bologne », cher à Jospin et Allègre. Cette politique universitaire a pour objectif, par delà les bonnes intentions concernant les échanges entre étudiants ou l’harmonisation des programmes et des diplômes, d’intégrer les jeunes sur le marché du travail tel qu’il est et d’améliorer la compétitivité de l’enseignement supérieur européen à l’échelon mondial. En d’autres termes, de soumettre l’université aux exigences des entreprises et, dans le cadre de la marchandisation du savoir, de mettre en concurrence les établissements d’enseignement supérieurs entre eux.
 
Fioraso a organisé une consultation symbolique (des « Assises ») qui n’a eu strictement aucune incidence sur les projets qu’elle concocte. Certains de ces projets sont d’ailleurs (pas de noms, mais on les donnera un jour) mis en œuvre par des universitaires ayant travaillé pour Sarkozy et Pécresse. Dans ce qui suit, je reprends des réflexions de collègues et camarades du Snesup, syndicat dont je suis adhérent.
 
Fioraso ne revient sur rien de fondamental mis en place par l’homme du Fouquet’s. Elle envisage même d’aggraver certains aspects de sa politique. La mission fondamentale de l’enseignant-chercheur (qui est normalement d’enseigner et de chercher) s’efface derrière d’autres missions qui ont à voir avec la « compétitivité », les « besoins des secteurs économiques », la « formation tout au long de la vie ». La recherche sera soumise aux desideratades « partenaires socio-économiques », d’où la place de plus en plus prépondérante – aux dépens de celle des enseignants et des étudiants – des représentants du patronat dans les conseils d’administration des universités. Les établissements ne seront plus « habilités » à délivrer des enseignements et des diplômes qui – à terme – ne seront plus nationaux. Ils seront « accrédités » de manière contractuelle selon des projets (ah ! la culture de projets qui nous vient de l’entreprise étasunienne) limités dans le temps. Finie donc l’autonomie pédagogique des établissements, finie toute politique à long terme, finies les libertés académiques. Place au bon vouloir des autorités politiques et économiques locales, place à une université en permanence dans l’attente des ukases du CAC 40.
 
Les instances nationales de surveillance des universitaires (ANR, AERES) sont maintenues, même si elles changent de nom. Elles pourront continuer à fliquer dans l’opacité la plus totale. Au niveau local, les conseils d’administration seront peuplés d’éminences grises nommées, « reconnues pour leurs compétences scientifiques ».
 
Au niveau de la région, le système sera de plus en plus centralisé. Chaque académie aura un établissement chef, les autres devant s’intégrer ou se soumettre. Il est clair que de nombreuses universités de taille moyenne inférieure deviendront de simples collèges universitaires. Personnellement, cela me rajeunira : j’ai commencé mes études supérieures en 1966 au CLU (Collège littéraire universitaire) d’Amiens qui dépendait de l’université de Lille.
 
Le renforcement par la LRU du pouvoir des chefs d’établissement va se poursuivre par le biais d’un système électoral ubuesque et antidémocratique : élection proportionnelle à deux tours, prime majoritaire réduite mais maintenue, bipolarisation organisée, prime à la moyenne d’âge des candidats. Au conseil d’administration, les personnalités extérieures qui participeront à l’élection du président, seront nommées par le recteur. Le conseil d’administration se verra privé de ses prérogatives autres que celles de la gestion. Les autres missions seront remplies par le conseil académique. La coupure sera donc claire entre les universitaires gestionnaires (doit-on goudronner l’allée centrale ?) et les universitaires chargés de missions … universitaires (doit-on fermer le département de russe ? On ferme, malheureusement). Le conseil académique ne pourra travailler en séance plénière, pour cause de gigantisme. Il sera scindé en sections qui pourront, elles aussi, faire appel à des personnalités extérieures.
 
Les personnels ont été sérieusement malmenés par Sarkozy et Pécresse. L’avant-projet Fioraso ne dit quasiment rien à leur sujet. Le recrutement opaque et mandarinal va continuer, au service d’une vision « économie de la connaissance » des missions des enseignants-chercheurs.
Un mot sur les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation qui vont remplacer les IUFM à la rentrée 2013. Elles sont conçues pour être les fers de lance de la « refondation pédagogique ». Elles délivreront des Masters enseignement, éducation, formation (MEEF), à l’issue de deux années d’études post-licence comportant différents modules d’enseignement ainsi qu’une ouverture sur l’international et la recherche. La logique de ces écoles est une logique d’employeur avec un contrôle insensé des recteurs et des calendriers pour les concours qui ne viseront plus à former les étudiants mais à les formater. Dans le domaine qui était le mien (les langues), on peut craindre que les épreuves disciplinaires soient de plus en plus légères, si on en juge par la quantité des autres domaines envisagés par le ministère. L’accès à l’agrégation sera très aléatoire après un master enseignement, largement coupé de la discipline et probablement sans véritable mémoire de recherche disciplinaire. En cas d’échec au capes, les masters enseignement ne donneront pas accès au M2. Les étudiants seront alors dans l’impasse.
Je ne sais pas, vous, mais moi, je vais m’acheter de bonnes chaussures pour les prochaines manifs’.
Dans cette attente, il faut signer la pétition qui dénonce le projet Fioraso :
http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2013N3551...

La L.R.U. jusqu’à la lie ? - Communiqué de SLU !, 2 février 2013
LA L.R.U. JUSQU’À LA LIE ?
Après une dizaine d’années de réformes (pacte de la recherche en 2004, création de l’A.N.R et de l’A.E.R.E.S en 2006, loi L.R.U. en 2007, réforme des formations à l’enseignement – dite « mastérisation » – en 2008) imposées par les gouvernements successifs avec le soutien de la C.P.U mais contre l’avis de la majorité de la communauté universitaire, le gouvernement actuel a tenté de donner le spectacle de l’écoute et de la consultation lors des Assises de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche tenues à l’automne 2012. Les discours officiels ont même été jusqu’à pointer les défauts de démocratie au sein des nouvelles structures, les vices de la recherche sur projets, la faillite annoncée de la formation des enseignants (F.D.E), le gouffre abyssal de la question financière, l’illégitimité des formes de l’évaluation.
Pourtant, face à une « consultation » très contrôlée et très verrouillée, face aux nominations ministérielles qui avaient déjà largement récompensé celles et ceux qui avaient le mieux accompagné les réformes, et face aux refus du ministère de prendre les mesures d’urgence qui s’imposaient, c’est sans illusion que SLU a participé à ces Assises, tout au moins au niveau « national », le seul qui convienne à une politique universitaire de service public.
Aujourd’hui, le nouveau projet de loi, qu’il faut lire avec le rapport Le Déaut pour en comprendre les termes et les principes, dépasse toutes les craintes que nous pouvions avoir, d’autant plus qu’il s’agit comme nous l’ont dit MM. Fontanille et Houzel (lors de notre audition au M.E.S.R. le 31 janvier 2013), d’une « loi normale » qui n’est pas adossée à une loi de « de programmation » budgétaire. Non seulement ce projet de loi ne corrige pas, ne remédie pas, n’entend rien, mais il renforce encore les dispositifs législatifs qui ont conduit à la situation actuelle de faillite financière qui frappe la moitié des universités françaises, comme le montre notre comparatif point à point avec la L.R.U .
  • Les articles qui forment le socle de la loi L.R.U et des R.C.E. (Responsabilités et Compétences Élargies) sont reconduits et le principe de la dotation globale des établissements est consolidé : les budgets dédiés à l’emploi, aux formations voire aux crédits de recherche restent donc les seules variables d’ajustement budgétaire dans les universités, instaurant structurellement la précarisation des formations et des personnels.
  • Les articles de la loi L.R.U concentrant le pouvoir décisionnaire aux mains du président d’université et du C.A. ne sont amendés que sur des points mineurs, puisque tous deux gardent le contrôle du budget, c’est-à-dire des choix en matière de formation, de recherche et d’emplois. Si une procédure d’impeachment contre le président d’université est créée, l’ensemble de ses pouvoirs est prorogé sans modification. Si le projet de loi supprime la prime majoritaire pour la liste arrivée en tête aux élections des représentants du personnel au C.A., la participation des membres nommés à l’élection du président est un facteur nouveau d’affaiblissement des représentants élus de la communauté universitaire. Quant au Conseil académique (fusion éventuelle des C.S. et des C.E.V.U.), son rôle demeure très largement consultatif : pire, un fonctionnement mandarinal est renforcé puisque les professeurs y seront davantage représentés que les maîtres de conférences.
  • Plus grave, l’introduction, pour les universités non « fusionnées », de l’adhésion obligatoire à une « communauté d’universités » qui deviendrait le seul interlocuteur du gouvernement dans la mise en place des contrats quinquennaux : le gouvernement réel des pôles universitaires est donc confié à des instances composées majoritairement de membres nommés ou cooptés par les conseils.
  • Le décret statutaire de 2009 sur les enseignants-chercheurs, au cœur de la mobilisation, est entièrement reconduit sans modification.
  • L’A.E.R.E.S, censée disparaître, renaît de ses cendres encore chaudes sous un autre nom et quasiment à l’identique : elle reste composée de membres nommés par décret. Fait nouveau, l’évaluation des établissements, des formations, des équipes de recherche et des enseignants est déléguée de façon complètement opaque à des instances intermédiaires.
  • L’A.N.R. reste pour l’essentiel intouchée, avec ce que cela signifie en matière d’assèchement des crédits des laboratoires (qui ne sont plus appelés « crédits récurrents » mais « soutien de base ») et de pérennisation de la précarité.
  • Le rapport enseignement/recherche est défait par le projet de loi, lequel insiste tout au contraire sur le bloc lycée/premier cycle avec ce que cela induit du point de vue de la dissolution des disciplines dans un magma pluridisciplinaire dont les deux seuls objectifs semblent être d’augmenter le nombre de reçus à la licence et de légitimer l’attribution des enseignements à des collègues sans obligation de recherche, ce qui permet une notable économie budgétaire. En outre, le devenir des U.F.R., c’est-à-dire le maintien de l’articulation enseignement/recherche dans les composantes universitaires, est indécis : supprimés selon le projet de loi, maintenus selon les représentants du M.E.S.R. (31 janvier 2013).
  • Le projet de loi ne cesse d’insister sur l’impératif du « transfert des résultats obtenus vers le monde socio-économique » et fait de la défense de « l’attractivité du territoire national » comme de la « compétitivité », de nouvelles missions de l’enseignement supérieur. C’est donc la finalité même de l’Université qui est transformée, sommée qu’elle est de se mettre au service des intérêts économiques privés et sous la coupe des régions.
  • Chaque établissement est tenu de développer une « offre » d’enseignement numérique identique et symétrique à celle des enseignements en « présentiel ». Sans même parler de la faisabilité de la chose, rien n’a été pensé de la régression pédagogique ni des effets d’autocensure et de conformisme qu’une telle mesure entraînera dans l’enseignement supérieur.
Comme en 2008, la cerise sur le gâteau est le projet de réforme de la formation des enseignants, extérieur au projet de loi et au rapport Le Déaut, mais qui en déploie les logiques du point de vue des formations et des disciplines. Même si la réforme précédente est en partie déconstruite, son socle —la fameuse « mastérisation » qui crée mécaniquement une lourde rivalité entre le concours de recrutement et le diplôme— reste intouché.
  • Le principe de cette loi est en effet que le maintien du doublon concours/master permettrait une sorte de division du travail entre le diplôme et le concours, le premier étant censé s’occuper de la formation et de l’évaluation disciplinaire, le second de l’évaluation des « compétences » pédagogiques.
  • Or la destruction de l’ancrage disciplinaire de la formation s’amplifie de facto puisque la seule véritable sanction restera celle du concours : la licence sera donc le point d’aboutissement de la formation disciplinaire pour les futurs enseignants, alors même qu’une part importante de « pluridisciplinarité » y est introduite pour donner corps à la préconisation de continuité avec l’enseignement secondaire qu’introduit par ailleurs le projet de loi.
  • Du même coup aussi, les facultés, les U.F.R. et les départements n’ont plus de rôle autonome dans la nouvelle organisation des préparations aux concours, quand ils ne sont pas exclus purement et simplement de la préparation des nouvelles maquettes, au profit des fameuses E.S.P.E..
  • Autrement dit, les I.U.F.M., dans la version dure d’un affrontement entre le pédagogique et le disciplinaire, prennent le contrôle de l’ensemble de la formation. Le cadrage national n’intervient que sur le listage très général des compétences, sans les traduire et les cadrer dans des dispositifs de crédits ECTS ni de volumes horaires. La faiblesse des épreuves disciplinaires dans le concours empêche enfin qu’elles ne soient discriminatoires pour devenir enseignant dans la discipline.
Bilan : si les réformes prévues par le gouvernement sont transformées en loi, plus rien ne s’opposera aux logiques de la loi L.R.U., des R.C.E. et de la mastérisation, qui ont largement montré leur nocivité et que la communauté universitaire a massivement refusées.

Face à la gravité et à l’urgence de la situation, S.L.U. appelle à ce que tous les conseils, quels qu’ils soient, conseils centraux, conseils d’U.F.R., conseils de département, conseils de laboratoires, se saisissent des questions posées par la nouvelle loi de l’E.S.R. comme par la réforme de la F.D.E. et fassent voter des motions pour faire entendre la voix des universitaires et des chercheurs. Comme en 2008-2009, le site de SLU regroupera et diffusera toutes les motions qui lui seront envoyées (et a d’ores et déjà commencé à le faire : motions de Paris III, Paris-X Nanterre, Université Paris-Est Créteil, 11e section du CNU….).

SLU appelle aussi à ne pas élaborer et à ne pas faire remonter les maquettes en vue de la réforme de la F.D.E. Nous savons depuis 2009 que nous pouvons bloquer une partie du processus en refusant d’y participer.

Enfin, nous vous appelons à relayer le plus largement possible cet appel auprès des collègues de toutes disciplines. Seul un mouvement d’ampleur nous permettra de peser sur notre avenir.


 
 

 

Newsletter n°39 : Mobilisation générale

Des chiffres

- 400 personnes en moyenne à l’AG du 18 février, 2200 connexions sur le direct-bilan-motion en 24h (et 3200 sur tout le site en une journée)

- 150 personnes pour le rassemblement du 19 février devant le CNESER… :

- plein de nouveaux abonnés sur le compte twitter de SLU (qui reçoivent les infos une à une, avec photo et lien par message)…

Des motions qui arrivent au rythme des conseils de labo, réunions de département, conseils d’UFR, réunions du CNU :

- sur le projet de loi

- sur les Espé/ masters/ Capes

- sur l’évaluation, le statut des EC, la collégialité (21 sections du CNU) : http://www.sauvonsluniversite.com/s...

- des lettres à la ministre ici (http://www.sauvonsluniversite.com/s...) et là (http://www.sauvonsluniversite.com/s...) et bien sûr là encore (http://www.sauvonsluniversite.com/s...)

Des preuves et des analyses :

- un audit de l’université du Havre qui dit clairement ce qu’on fait des EC fonctionnaires et vacataires quand on ne peut plus les payer :

- une analyse de la loi qui dit ce qui advient de la collégialité, des équilibres démocratiques, avec le projet de loi :

- une verte réponse aux arguties de G. Fioraso sur les mentions de Master :

et bien sûr,

- "La LRU jusqu’à la lie", Newsletter de SLU n° 37 :

- "Avanti !" : Newsletter n° 38

Il ne s’agit plus d’espérer la mobilisation : elle est là.

Il faut la rendre visible, audible, bruyante, éclatante. Il faut l’étendre, se saisir de tous les cadres de publication et de parole, en créer de nouveaux. Il faut se faire entendre plus fort malgré tous ceux qui veulent être sourds, et malgré la défaite d’il y a 4 ans. Ne pas attendre les manifestations nationales.

Pour le moment, le calendrier est maîtrisable. Non seulement, nous avons un mois et demi jusqu’aux examens, mais il y aembouteillage côté législatif

Car

- le vote du CNESER a été renvoyé au lundi 25 février.
- Fioraso annonce de nouveaux changements dans le projet de loi pour ce jeudi 21 février (demain).

La communication du ministère, entièrement fondée sur l’idée que la loi est le fruit d’une concertation, le rend fragile face à une mobilisation d’ampleur.

 

Lors de l’AG les étudiants ont été les premiers à demander des AG : soutenez-les, informez les autres, expliquez le projet de loi (et, tant que vous y êtes, la réforme des Capes / Masters)

Si cette loi est votée, c’en est fini, et pour longtemps, de ce à quoi nous tenons (et de la possibilité de revenir sur ce que nous détestons !)

SLU vous rappelle le calendrier voté dans la motion unique de l’AG du 18 février :

des AG de mobilisation étudiants/membres du personnel : à vous de jouer !! Demandez au plus vite une journée banalisée dans vos facs, cela facilitera la venue des collègues ! une semaine de manifestations et mobilisation dans les facs et les labos du 25 février au 2 mars (avec notamment la participation à la manifestation sur l’école le 28 février). Le primaire n’attend que cette convergence : la réunion publique avec V. Peillon et B. Delanoé avec les enseignants, hier soir à Paris, a été un fiasco pour les organisateurs du PS. l’organisation d’une prochaine AG nationale le samedi 2 mars : prenez vos billets, inscrivez-vous au covoiturage, libérez votre journée.

À quoi l’on peut ajouter :

- des manifestations devant les rectorats le 27 ou le 28 février, puisque les rectorats sont devenus les tutelles des nouveaux CAPES.

11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 18:24

In Sauvons l'Université

 

Blog de JL Mélenchon, 8 février 2013

 

C03-24Malgré de grandes annonces et des promesses de changement de cap pour l’enseignement supérieur et la recherche, le gouvernement présente un budget qui couvre à peine les nouvelles dépenses obligatoires compte tenu de l’augmentation du nombre des étudiants.

 

Budget 2013 : le mirage de l’annonce de la hausse du budget

Le budget 2013 s’établit à 22,9 milliards d’euros. Il est en augmentation de 2,2% (soit +550 millions d’euros) par rapport à 2012 (22,4 milliards d’euros) pour une inflation de 1,6% prévue par la même Loi de Finances Initiale.

Hors inflation, l’augmentation annoncée vient donc tout juste couvrir des dépenses obligatoires nouvelles (cotisations sociales, + 40 000 étudiants…).

Ces prévisions sont même faites à partir d’une croissance de la masse salariale liée au vieillissement des fonctionnaires nulle, alors que la réforme des retraites pousse à l’allongement des carrières et que cette croissance est la cause principale des difficultés budgétaires rencontrées par les universités. Les +304 millions d’euros de variation de masse salariale viennent compenser l’augmentation de 233 millions d’euros de taxe de cotisation au Compte d’Affectation Spéciale (CAS – pensions)

Ces subtilités budgétaires déjà utilisées sous Sarkozy pour afficher une « fausse » augmentation sont de nouveau à l’œuvre avec le nouveau gouvernement. En outre, les autorisations d’engagement sont en hausse de 0,8% seulement, soit deux fois moins que l’inflation. On peut donc parler d’un budget en recul.

On pourrait même pronostiquer une évolution négative des crédits effectivement engagés car la Modernisation de l’Action Publique de Jean-Marc Ayrault (MAP), comme sa sœur siamoise, la RGPP de Sarkozy, va produire ses coupes budgétaires en 2013.

 

L’asphyxie financière des universités s’étend

Lanceur d’alerte, le rapport de la Cour des Comptes (mai 2012) avait constaté une réduction des emplois sous plafond d’Etat de 4 832 Equivalents Temps Plein (ETP) entre 2008-2011 et de 1 500 en 2012 du fait des gels de poste dans les établissements.

Il était donc assez naturel que le Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (CNESER) donne un avis négatif (5 pour, 22 contre, 8 abstentions) sur le budget 2013 en soulignant son insuffisance qui « va accroitre les restrictions (gels d’emploi, suppressions d’heures d’enseignement et de formations, augmentation du nombre d’étudiants par groupe, non-respect des maquettes, investissement reportés…). Ainsi, le CNESER regrette que des établissements, pour voter en équilibre, continuent à prendre des mesures d’austérité, notamment de gels d’emplois de toutes catégories (par exemple 41 postes gelés à Strasbourg…), qui augmentent encore le nombre de postes gelés estimé à 1 500 et vont à l’encontre de l’objectif affirmé d’améliorer la réussite des étudiants »

➙ Venant d’un organe consultatif placé auprès du Ministre, cet avis vient démontrer que le véritable changement n’est pas pour maintenant.

Il n’est donc pas étonnant que, quelques jours avant le vote de la loi de Finances, quatorze présidents d’universités aient écrit à la Ministre pour faire le constat d’« échecs humains et financiers » de l’autonomie et aient proposé que l’Etat reprenne la gestion de la masse salariale, transférée aux universités par les Responsabilités et Compétences Elargies (RCE). La Conférence des Présidents d’Universités (CPU), elle-même, avertissait que « sans moyens, toutes les propositions des Assises resteraient un vœu pieux » et regrettait « que la question du budget … apparaisse quasi-accessoire alors qu’elle est fondamentale ».

40 universités sur 83 ont un fonds de roulement inférieur à 30 jours. 23 universités seront en déficit en 2013.

➙ Cette situation tient à la non prise en compte de la croissance de la masse salariale liée au vieillissement des personnels transférés et à une mauvaise évaluation des besoins humains dans les établissements autonomes.

 

Comment l’autonomie des universités organise leur étranglement budgétaire ?

La loi de Finances parle de consolidation de la situation des Universités. Mais l’augmentation des moyens alloués n’est que de 1,7% (250 millions d’euros), le niveau de l’inflation ! Pas de rattrapage des retards pris sous la droite donc…

La croissance liée au vieillissement de la masse salariale est considérée en évolution 0 alors qu’avec la réforme des retraites de plus en plus de personnes allongent leur carrière. Par ailleurs, les 1 000 nouveaux postes (intégrés dans les 250 millions d’euros) ne viennent pas en plus d’un dégel des 1 500 gelés à la suite de la baisse des moyens en 2012. Ces 1 000 emplois seront principalement fléchés vers le 1er cycle et occupés par des professeurs agrégés (PRAG) et professeurs certifiés (PRCE), fragilisant la relation formation-recherche. La dotation (SYMPA) est réduite de 1,8% (-32 millions d’euros) alors que le nombre d’étudiants augmente de 40 000. Il n’y a pas d’augmentation du nombre de bourses ou d’allocations d’étude (doctorales…).

➙ Au total, c’est l’austérité qui l’emporte. Pourtant, les crédits existent ; il suffisait de transférer une petite partie des intérêts du Grand Emprunt (ressource extrabudgétaire) vers le budget de l’Etat ou amputer le Crédit d’Impôt Recherche (CIR). L’austérité est un alibi pour imposer, comme le dit la Ministre répondant aux 14 présidents d’universités, des « rééquilibrage territoriaux et disciplinaires… ». En fait, de rééquilibrage disciplinaire, il s’agit d’un dégraissage de l’offre de formation, selon les propos de la Ministre, « illisible pour les entreprises ».Outre l’austérité, le budget 2013 porte en lui-même la poursuite des réformes structurelles engagées sous Sarkozy consistant à mettre le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche et le budget de l’Etat au service du monde de l’entreprise.

 

Recherche : des inflexions cosmétiques sans moyens nouveaux

La logique des appels à projets (cause de précarité dans la recherche – 50 000 précaires) est « entamée » mais trop faiblement pour en faire la rupture politique attendue.

Les crédits de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) demeurent très élevés alors que, dés cette année, le Gouvernement aurait pu déplacer entre 100 et 150 millions d’euros en faveur des établissements public à caractère scientifique et technologique (EPST), des crédits récurrents et des « projets blancs ».

➙ A n’en pas douter, la Loi d’Orientation conservera l’ANR créée par la droite alors que sa suppression était demandée.

 

Combien manque-t-il pour atteindre l’objectif de 1% du PIB ?

Selon des proches du Gouvernement, la France, avec 0,80% du PIB de 2010 consacré à la recherche publique, serait aussi bien lotie que l’Allemagne (0,79%), la Grande Bretagne (0,67%), les USA (0,76% et le Japon (0,74%). Or, ils confondent le financement public de la recherche et le financement de la recherche publique civile. Cette dernière (universités, écoles, organismes, agences) s’élèvent en réalité à 0,55% (en Allemagne à 0,75%). Toujours cette manie du tour de passe comme sous Sarkozy !

➙ Pour atteindre 1% du PIB, il faudrait au contraire un effort de 1,3 milliards d’euros pendant 10 ans.

28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 18:20

In Sauvons l'Université

 

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Les nominations dans la haute fonction publique ou les organismes publics vont bon train ces jours-ci. A la veille d’un vraisemblable changement de majorité, il s’agit souvent, pour l’actuelle, de recaser in extremis quelques amis mais aussi de récompenser les plus fidèles soutiens.
 

Le cas de Campus France, l’organisme chargé de faire la promotion de l’enseignement supérieur français à l’étranger, est à cet égard édifiant. Structure créée sous Claude Allègre, le GIP Campus France – placé sous la double tutelle du ministère des affaires étrangères et du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche – doit changer de statut le 28 avril prochain pour devenir un EPIC (ici le décret de création). Une occasion de nommer une nouvelle direction et tout un conseil d’administration dans cet organisme où travaillent quelque trois cents personnes.

 

Le maire de Neuilly-Plaisance, ancien sénateur UMP, Christian Demuynck, vient d’en obtenir la présidence, officialisée au Journal officiel ce vendredi. Il y a quelques mois il avait déjà été nommé, à la surprise générale, « préfigurateur » de l’Epic. Sans connaissance particulière du sujet de l’accueil des étudiants étrangers en France, il avait alors écopé de cette mission parce que, persifle-t-on en interne, il menaçait de créer une liste dissidente au Sénat. L’arrivée prochaine de cette personnalité très politique est donc accueillie avec circonspection par les équipes de Campus France.

 

Gérard Besson, ex-recteur de Clermont-Ferrand, qui a dû laisser sa place à l’ancienne directrice-adjointe de cabinet de Valérie Pécresse, arrive lui comme directeur adjoint. Antoine Grassin, ancien ambassadeur en Bolivie de 2008 à 2011 et ancien conseiller des affaires étrangères, devient directeur général de Campus France (ici les nominations).

 

Si l’on s’est sans doute habitué en France à ces nominations “renvoi d’ascenseur”, la liste des personnalités nommées au conseil d’administration laisse quand même songeur. Alain Juppé, qui exerce encore pour quelques jours sa tutelle sur l’EPIC, a ainsi réussi à placer Christine Gavini-Chevet, conseillère dans son cabinet, et récemment nommée à la direction des relations internationales des ministères de l’éducation et de la recherche, tandis que Sonia Dubourg-Lavroff, adjointe au maire de Bordeaux, représentera dans la structure les maires de France.

 

Du côté du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, on n’est pas en reste puisque sont aussi récompensées les personnalités les plus engagées dans la mise en œuvre de l’autonomie des universités. Ainsi de Bruno Sire, décoré par Valérie Pécresse, comme « pionnier de l’autonomie des universités », ou Olivier Dugrip, recteur de l’académie de Toulouse.

 

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