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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 19:24

In Sauvons l'Université

 

C03-24Voici le document qui vient d’être adressé par l’Espé Lille Nord de France aux étudiants de Master 1 enseignement de notre académie :

« Vous avez candidaté en Master 2.

En cas de non admissibilité, vous avez la possibilité de demander une inscription en Master 1 MEEF, ce nouveau diplôme vous permettra de préparer au mieux le nouveau concours de professeur.
... Si vous faites le choix de poursuivre votre projet en Master 2, sachez que le rectorat et les services académiques nous ont informé très récemment qu’aucun stage au sein de l’éducation nationale ne sera proposé. Ainsi vous devrez effectuer un stage filé et/ou massé (un jour par semaine et/ou pendant les vacances scolaires) selon le calendrier défini pour le Master dans lequel vous candidatez dans une structure hors éducation nationale. Vous devrez fournir à la commission une lettre de motivation faisant apparaître clairement votre projet professionnel et les pistes dans la recherche de stage.
Dans l’immédiat et avant le 30 juin, merci de nous faire connaître votre décision en cliquant l’un des deux liens ci dessous.
En cas de non admissibilité je désire m’inscrire en Master 1 MEEF
En cas de non admissibilité je maintiens mon inscription en M2.

»

En clair, dans notre Académie, ne pourront accèder au MEF 2 que les étudiants titulaires du MEF 1 admissibles au concours 2013-2 (écrits de ce mois-ci), le MEF 2 n’offrant l’an prochain qu’une préparation aux oraux du concours 2013-2.

Pour tous les autres, non admissibles à ce concours, et qui voudraient se présenter au capes de 2014, une seule voie possible : l’inscription dans le nouveau MEEF 1, les instances académiques interdisant aux universités de mettre en place des compléments de formation hors diplôme préparant à la totalité des épreuves (écrites et orales) du concours 2014, à l’instar de ceux offerts aux actuels étudiants de MEF 2 collés au concours.

En MEEF 1 seront donc parqués indifféremment, et sans tenir aucun compte de leur niveau d’études :

- des étudiants néotitulaires de la Licence 3 n’ayant jamais préparé le Capes
- des étudiants néotitulaires du Master 1 enseignement (MEF 1) non admissibles aux écrits de juin ;
- des étudiants néotitulaires du Master 2 enseignement non admis aux oraux de juin du 2013-1 et non admissibles aux écrits de juin du 2013-2.

 

Ce ne sera pas une classe, mais un jardin zoologique !

La rétrogradation universitaire qui va contraindre un étudiant titulaire du M1 ou du M2 à voisiner avec ses camarades issus de la L3 produit, on l’imagine, un vif émoi chez nos étudiants avancés qui se destinent à l’enseignement. Un vif émoi aussi chez les collègues qui participeront au MEEF 1 et qui devront tenter de gérer pédagogiquement un public aussi hétérogène.

Les étudiants commencent à prendre conscience du caractère absurde, délirant et totalitaire, de l’ensemble du dispositif de formation.

Et quant à ceux qui ne voudraient pas se fondre dans cette masse informe d’étudiants de tout poil, eh bien le statut marginal auquel seront condamnés les M1 non admissibles décidant malgré tout de s’inscrire en M2 (cf le document supra) est là pour les dissuader de toute attitude rebelle : ils seront punis par privation de stage dans l’éducation nationale, et entre les lignes, on leur suggère vivement d’élaborer un projet de réorientation solidement argumenté ! De quoi dissuader les plus courageux.

Oui, il s’agit là d’un système de transition totalitaire, destiné à afficher un nombre maximum d’inscrits en MEEF 1 pour la propagande ministérielle, mais qui sera pédagogiquement ingérable, et qui risque détourner définitivement une grande masse d’étudiants de ces infâmes préparations concoctées par l’Espé : il se pourrait bien qu’elles s’effondrent d’elles-mêmes.

Voilà à quoi conduit l’aveuglement idéologique et la soumission à des mots d’ordre technocratiques ineptes qui sont une insulte à l’intelligence des universitaires et de leurs étudiants.

 

Yves Macchi
(Responsable démissionnaire du Master enseignement espagnol Université de Lille 3)

24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 19:13

In Le Monde

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Elle a quitté le jury soulagée, presque confiante. Fin mai, Laura (le prénom a été modifié) a passé les épreuves orales d'admission du concours de professeurs des écoles (CRPE). Trois heures de préparation d'une séquence de cours, vingt minutes d'exposé, vingt minutes d'entretien. "Ma prestation m'a semblé correcte", raconte la jeune femme de 34 ans, diplômée de master. "J'ai répondu aux questions. Le jury était souriant, il a acquiescé à plusieurs reprises."

Mais le 6 juin, jour des résultats, c'est la douche froide. La candidate découvre qu'elle n'est pas sur la liste des admis. Dans l'académie de Créteil, où elle a passé le concours, il fallait 82 points pour réussir. Elle en a obtenu 98. "Sauf que dans mes résultats, j'avais un zéro en mathématiques..." Une note éliminatoire. Laura a du mal à s'en remettre. A comprendre aussi. "Avec un 0,1, j'aurais été admise. Zéro, ça équivaut à une absence ; ça veut dire qu'on ne veut pas de vous !"

 Dans l'académie de Paris, Elisabeth, candidate de 42 ans, elle aussi éliminée, a alerté le défenseur des droits. Elle a aussi demandé à consulter le dossier du jury. "Il s'est passé quelque chose de pas très normal, raconte-t-elle. J'ai préparé l'épreuve pendant trois heures en me basant sur les programmes officiels ; j'ai exposé mon cours, décrit mes activités, expliqué comment j'organiserais la classe, quels matériels j'utiliserais... Je ne dis pas que ma prestation a été extraordinaire, mais pourquoi zéro ?" Elle aussi avait largement dépassé le "seuil" d'admission (125 points, pour un seuil de 75 à Paris). "Même s'ils m'ont trouvée lamentable, je méritais au moins quelques points !

 

LE COLLECTIF DES "ZÉROS ÉLIMINATOIRES" 


 Que s'est-il passé au concours de professeurs des écoles ? Y a-t-il une recrudescence des zéros éliminatoires cette année, alors même que le ministère de l'éducation nationale entend recruter massivement des professeurs ? Selon le Snudi, le syndicat des enseignants du 1er degré de FO, des "centaines" de candidats auraient été évincés par un zéro. "Une soixantaine dans l'académie de Versailles, une centaine à Créteil, 30 à Paris", soutient Marie Horville, du Snudi-Paris. Des candidats seraient aussi concernés dans les académies de Lille et Marseille. "D'habitude, c'est très à la marge. Mais cette année, on a été submergé d'appels de candidats qui ne s'attendaient pas à de tels résultats ", renchérit Marie-France Chiche, du Snudi national.

 

La suite...

 




Communiqué Snudi FO

 

Résultats au concours du CRPE dans l'Académie de Versailles
1179 lauréats du concours externe 2013 pour... 1210 places

et... des étudiants recalés avec une note éliminatoire !!!

 

    Les résultats du concours externe du CRPE de l'Académie de Versailles ont été publiés le Mardi 11 Juin 2013. 1179 candidats sont admis au concours externe pour 1210 postes offerts au concours. Il n'y pas de liste complémentaire pour le concours externe. 26 étudiants sont inscrits sur la liste complémentaire au concours interne (11) et 3ème voie (15). Une soixantaine d'étudiants ont été victimes d'une note éliminatoire à l'oral du concours.

Dans l'Académie de Versailles


Une soixantaine d'étudiants admissibles au 1er concours PE 2013 non admis


La cause : une note éliminatoire à l'oral du concours

    Les sections départementales du SNUDI FO de l'Académie de Versailles sont contactées depuis le Mercredi 12 Juin 2013 par des étudiants admissibles au concours. Ils nous apprennent que près de 60 d'entre eux viennent de se voir signifier qu’ils ne sont pas admis au concours alors que leur moyenne est largement au-dessus de la moyenne requise ! (Plus du double pour certains !). Alors que la plupart d'entre eux ont obtenu leur master 2, parfois avec mention et qu’ils ont donné toute satisfaction dans les écoles où ils ont été en stage ou recrutés comme contractuels ou vacataires durant cette année scolaire ; alors que beaucoup d'entre eux ont eu des remarques positives, voire des encouragements, de la part des examinateurs lors de l'oral du concours, ceux-ci ont eu la mauvaise surprise d’apprendre, alors que rien ne le présageait qu’ils ont été victimes d’une note éliminatoire à l’oral du concours ! Il faut savoir que si le jury leur avait mis 0,10 sur la matière incriminée et non 0 ils seraient (largement) reçus au concours !

Des conséquences dramatiques pour les étudiants

Ces étudiants sont anéantis par une telle annonce. Des années et des années de travail et de révision remis en cause.

Le SNUDI- FO est scandalisé par ces résultats catastrophiques

    Cette situation n'est pas circonscrite à l'Académie de Versailles. Dans l'Académie de Créteil 900 lauréats du concours externe 2013...pour 1055 places au concours. Plus de 180 collègues ont obtenu une note éliminatoire. Faut-il comprendre que l’administration préfère recruter pour les écoles de la République des contractuels sans droit, sans statut, sans garantie d’emploi, plutôt que des professeurs des écoles sous statut ? Faut-il comprendre que, sous couvert d’un « haut niveau de recrutement », la masterisation sert à utiliser le vivier des reçus (au Master)-collés (au concours) comme main-d’œuvre précaire et sans avenir ?

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epidemie.jpg

 

 

 

 

24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 18:54

Réunissant plus de 200 chercheurs et formateurs, le Groupe Reconstruire la formation des enseignants (GRFDE) propose depuis des mois une autre formation pour les enseignants. Dans cette "lettre ouverte au président de la République, le GRFDE demande au président la suspension du projet actuel. Pour le GRFDE, la réforme actuelle entrainerait " un affaissement du niveau de connaissances des futurs enseignants". En même temps la formation professionnelle des enseignants serait "inconsistante". " cette réforme ne nous permettra pas de sortir de la crise inédite du recrutement des enseignants laissée par la droite. Son échec est inévitable", prédit le GRFDE.

 

 

C03-01.jpgMonsieur le Président de la République, 

 

Toutes et tous, nous avons combattu la désastreuse réforme Darcos-Pécresse de 2009, dite de la « mastérisation », annoncée il y a tout juste 5 ans, par Nicolas Sarkozy. Contre l’idéologie ultralibérale qui inspirait cette réforme, nous avons défendu avec opiniâtreté cette idée : « Enseigner est un métier qui s’apprend ! » Durant la campagne électorale de 2012, vous avez annoncé que votre gouvernement reconstruirait la formation des enseignants et qu’il ferait de ce chantier une priorité. Nous nous sommes réjouis de vos déclarations.

 

 Aujourd’hui, à moins de trois mois de la création des Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE), vous devez nous entendre à votre tour : la réforme préparée par le gouvernement n’est nullement celle qui était attendue. À certains égards, elle aggravera la situation actuelle. Nous avons tenté de faire entendre nos analyses et propositions en participant activement à la concertation Refondons l’école de la République, en rencontrant les conseillers chargés de la formation des enseignants des deux ministres en charge de cette question et en rencontrant plusieurs députés et sénateurs de votre majorité parlementaire. Nos efforts ayant été vains, nous avons décidé de nous tourner vers vous aujourd’hui en vous rapportant d'abord nos analyses, puis nos propositions. Vous avez le pouvoir d’arrêter cette réforme et de rouvrir ce chantier si important pour l’avenir de notre école et de notre société. C’est ce que nous vous appelons à faire en urgence. Voici pourquoi. 

 

Ce qui est prévu par les deux ministres en charge de cette réforme tente un compromis intenable sur deux ans entre les systèmes d'avant et d'après 2009. Ce projet, s'il est maintenu, cumulera les contraintes et les dégradations de la formation, déjà observées sous chacun de ces deux systèmes. Durant les deux seules années de formation, les étudiants devront tout à la fois préparer et réussir le concours (celui de professeur des écoles, le CAPES, etc), apprendre leur futur métier comme avant 2009, et obtenir un master, préparer et soutenir un mémoire de recherche comme après 2009. Tout ceci avec une forte augmentation, par rapport à l’avant 2009, de la durée du stage en seconde année, qui représente la moitié du temps de travail hebdomadaire devant élèves d'un enseignant titulaire (au lieu de 33 à 40 % avant 2009). Ce faisant, — n’est-ce pas un comble pour une réforme portée par un gouvernement de gauche ? — on s’apprête à réduire d’une année le cadre légal de la formation initiale des enseignants. Depuis 2009, en effet, ce cadre légal était de trois années : deux années de master et une année de stage sous statut de fonctionnaire stagiaire. Dorénavant, les deux dernières années seront fusionnées en une seule. De plus, les horaires moyens de formation prévus par les nouveaux masters « Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation » (MEEF) passeront de 900 heures actuellement à 750 heures environ.

 

Sans bouleverser le cadre actuel, il aurait suffi de décharger les stagiaires de la moitié de leur temps de service (en troisième année, après le master) pour améliorer considérablement leur formation. En revanche, de quelque manière que l’on s’y prenne, dans un cadre étriqué de deux années, la première étant occupée par la préparation du concours et la seconde par le stage, et avec une durée de formation diminuée, on ne pourra rien faire de façon satisfaisante, ni la formation académique des enseignants, ni leur formation pédagogique et pratique, ni leur formation à et par la recherche, qui est pourtant le propre d’un master.

 

S’agissant de la formation académique et disciplinaire, la réforme entraînera un affaissement du niveau de connaissances des futurs professeurs des écoles, des collèges et des lycées. Ce sera la conséquence inéluctable de concours centrés sur la didactique des disciplines pour 75 % à 80 % de la note finale. Cette modalité de recrutement paraîtrait normale si les candidats avaient déjà acquis en licence les connaissances principales pour maîtriser les savoirs qu’ils devront transmettre. Mais c’est loin d’être le cas après la réduction importante des heures de formation — et l’évolution concomitante des exigences — que la plupart des licences ont subies dans les vingt dernières années. Et ce n’est pas la seconde année des masters MEEF, centrée sur le stage pratique, ni la formation continue, quasiment anéantie, qui permettront de combler d’aussi importantes lacunes dans la formation académique.

 

En outre, pour la première fois depuis les années 1970, le nouveau concours de recrutement des enseignants du primaire, défini par un récent arrêté, n’évaluera plus leur capacité à enseigner l’ensemble des disciplines inscrites aux programmes des écoles maternelles et élémentaires. Les épreuves porteront uniquement sur trois d’entre elles (Français, Mathématiques et EPS) et sur un sujet que le candidat devra choisir dans une seule parmi toutes les autres disciplines (Sciences de la Vie et de la Terre, Physique, Technologie, Histoire, Géographie, Musique, Arts visuels, Histoire des Arts, Enseignement civique et moral), ravalées dès lors au rang de « petites disciplines ». De surcroît, rien n’est prévu pour l’évaluation de la capacité des futurs professeurs des écoles à enseigner les langues vivantes. On ne mesure sûrement pas à ce jour les mutations que ce nouveau concours imposera à l’identité professionnelle des professeurs des écoles, qui était étroitement associée, depuis les lois Ferry, à la polyvalence disciplinaire. On pourrait certes compter sur les formations des masters MEEF en première année pour garantir a minima cette polyvalence. Mais comme la formation dispensée en première année de ces masters sera essentiellement orientée vers la préparation du concours, les étudiants auront tendance à négliger les disciplines qu’ils ne rencontreront pas au concours. La formation à la polyvalence disciplinaire sera encore plus aléatoire chez les candidats issus d’autres masters qui seront néanmoins, comme aujourd’hui, la majorité.

 

Il faut aussi regretter que, dans le cadre de cette réforme, les ministères n'aient pas pris à bras-le-corps la question des licences conduisant au master « professorat des écoles ». Des licences pluridisciplinaires intégrant une réflexion épistémologique et didactique sur la polyvalence seraient un bon moyen de donner un niveau décent aux futurs professeurs des écoles dans les différentes matières qu'ils auront à enseigner et à articuler. Monsieur le Président, vous devez être conscients que, dans le meilleur des cas, les futurs professeurs d'école maternelle et élémentaire n'auront eu ainsi qu'une quarantaine d'heures durant le master pour se former, par exemple, à l'enseignement des mathématiques, de la maternelle au CM2 : enseignement du nombre (entiers, fractions, décimaux), du calcul, de la résolution de problèmes, de l'espace, des mesures, etc. Le contingent sera tout aussi réduit pour réfléchir aux problématiques liées à l'enseignement du français (apprentissage de l’oral, développement du vocabulaire, enseignement de la lecture, de l'écriture, de la production des textes, de l’orthographe, de la grammaire, etc.), sans parler des autres disciplines (sciences, histoire, géographie, langue vivante, musique, EPS, arts visuels, etc.) qui se verront réduites à une portion encore plus congrue. La « gestion de la classe » sera abordée de façon magistrale et inefficace, car les horaires du master et l’absence de stage en première année ne rendront pas possibles les analyses de pratiques. Finalement, nous réussirons à être le seul pays d'Europe où les futurs professeurs des écoles passeront 5 ans à l'Université tout en étant aussi peu formés à leur futur métier.

 

On ne peut assurer une meilleure formation pédagogique des futurs enseignants en sacrifiant peu ou prou la maîtrise des contenus enseignés. Mais, alors que la réforme est surtout censée améliorer la formation didactique et pédagogique des enseignants, celle-ci s’annonce inconsistante. En première année, les étudiants devront se préparer de façon très théorique à des épreuves de didactique alors qu’ils n’auront eu aucune expérience sérieuse de l’enseignement. C’est comme si, au permis de conduire, pour passer le code et avant d’avoir eu leur premier cours de conduite, les candidats devaient par exemple expliquer à l’examinateur les gestes qu’il faut enchaîner pour réaliser un créneau. Qui peut croire que les plus performants dans ce type d’exercice seraient aussi, par la suite, les meilleurs conducteurs 

 

En seconde année, avec un stage à mi-temps en complète responsabilité, les lauréats ne pourront que préparer leurs cours du lendemain, ils n’auront pas le temps de prendre du recul sur leur pratique, d’analyser les erreurs de leurs élèves, de se documenter sur d’autres approches de la même notion ou de la même œuvre, de reconsidérer leurs choix didactiques ou pédagogiques… Ils ne pourront donc pas bénéficier d’une authentique formation en alternance. 

 

Alors que le cadre des masters devrait valoriser la formation des enseignants par et à la recherche, celle-ci sera réduite à peu de choses par un emploi du temps très contraint. De fait, on ne pourra offrir aux étudiants que des ersatz de masters.

 

« Il est indispensable de restaurer, après le désastre de la mastérisation, une formation initiale et continue digne de ce nom », disiez-vous en 2012 (lettre du 12 mars à la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques). Rognée d’année en année depuis 2002 par la réduction systématique des moyens de remplacement, la formation continue des enseignants est maintenant en charpie. Mais elle est aussi la grande oubliée de la réforme en cours. Pourtant, sans une politique volontariste et planifiée de formation continue, on voit mal comment les enseignants pourront s’approprier les recherches sur les apprentissages scolaires, développer le travail en équipe et perfectionner leurs pratiques pédagogiques au bénéfice des élèves les plus en difficulté. Rien dans les mesures annoncées par les ministres et dans les moyens alloués ne permet d’espérer que la réforme en cours ouvrira une nouvelle ère pour la formation continue.

 

Soyons lucides : avec ce projet de réforme de la formation des enseignants, la refondation de l’école de la République est compromise. On peut même craindre une dégradation de l’efficacité de l’école.

 

Ce dispositif engendrera une masse considérable de « reçus-collés », reçus à la première année de master mais « collés » aux concours, ce qui, dans les conditions actuelles, serait le cas de 3 candidats sur 4 en moyenne. Pour la plupart, ces jeunes auront à cœur de persévérer dans leur orientation vers le métier d’enseignant et tenteront le concours une seconde fois, à la fin de la seconde année de master. Comme les universités sont invitées à leur garantir cette poursuite d’étude et comme ils seront ainsi mieux préparés que leurs camarades de première année, on les verra bientôt les surpasser au concours. Ironie de l’Histoire, on dérivera ainsi vers un retour de fait au système actuel Darcos-Pécresse, dans lequel le concours est passé en seconde année de master, après deux années de bachotage.

 

De plus, les jeunes détenteurs d’un master enseignement mais n’ayant pas obtenu le concours formeront d’année en année une masse de dizaines de milliers de précaires, réputés capables de «faire le job». De là, une majorité de droite pourrait aisément supprimer les concours et l’appartenance des enseignants à la fonction publique d’État en les faisant recruter par des chefs d’établissement dotés du pouvoir d’embaucher, comme les programmes de l’UMP et du FN le prévoient déjà.

 

Monsieur le Président, vous êtes le garant de l’égalité des citoyens devant les services publics et de l’unité de l’école républicaine sur tout le territoire. Or, quand on observe les projets d’ESPE des diverses académies, on est frappé par l’extraordinaire disparité qui s’installera d’une région à l’autre dès le 1er septembre. Tout se passe comme si vous aviez décidé, sans même consulter la représentation nationale, la régionalisation de la formation des enseignants.

 

Au total, cette réforme illisible et infaisable ne nous permettra pas de sortir de la crise inédite du recrutement des enseignants dans laquelle la politique de la droite l’a enfoncée. Son échec est inévitable. On en voit les prémices dans les résistances que de nombreuses instances universitaires opposent à l’habilitation des nouveaux masters MEEF et à l’accréditation des ESPE. 

 

Monsieur le Président, vous êtes le gardien de notre État de droit. Permettez-nous de vous dire aussi que la méthode suivie pour mener cette réforme n’est pas acceptable. Les universités et leurs personnels ont été contraints d’élaborer dans la plus grande hâte, sans cadrage suffisant et, trop souvent dans la plus grande opacité, les projets d’ESPE et de masters MEEF demandés par les ministères. Et ainsi ont-ils dû se mettre dans l’incertitude et hors-la-loi, car la loi qui les établit n’est pas encore promulguée.

 

 Mais nous ne nous contentons pas de pointer les dramatiques insuffisances et les contradictions inextricables de la réforme en préparation. Depuis septembre dernier, nous n’avons eu de cesse de promouvoir et de préciser un dispositif de formation-recrutement qui rend possible une formation en alternance de trois années rémunérées dans un cadre universitaire après un concours en fin de licence (L3), avec une voie spécifique pour les étudiants déjà pourvus d’un master. Ce dispositif prolonge une politique volontariste en licence pour aider les jeunes des milieux populaires à accéder au métier d’enseignant par des bourses conséquentes attribuées sans contrepartie d’une mission effectuée dans un établissement scolaire. Il s’inspire des formations professionnelles supérieures dans lesquelles la formation est affranchie du concours car celui-ci précède celle-là. Et, justement, il s’agit là de formations de haut niveau sur les plans scientifique, technique et professionnel (médecins, sages-femmes, ingénieurs, pilotes de ligne, contrôleurs aériens, etc.), comme devrait l’être la formation des enseignants.

 

Ce dispositif permettrait de travailler dans la durée les articulations nécessaires entre apprentissages académiques, disciplinaires, didactiques et pédagogiques et formation à et par la recherche, dans le cadre d'une alternance progressive, comportant des stages dès la première année, d'abord en observation naturellement. Ces axes pourraient former la base d'un consensus entre tous les acteurs de la formation des enseignants, tant ceux qui sont légitimement attachés à la qualité de la formation académique et disciplinaire, que ceux qui veulent aider les enseignants à se donner la formation didactique et pédagogique qu'exige l'objectif central d'une école de l'égalité 

 

Monsieur le Président, vous soutenez une politique de réduction des déficits budgétaires qui passe par une gestion rigoureuse des finances publiques. Or, en nous appuyant sur les études réalisées au début de l’an dernier par la Cour des Comptes, nous avons apporté la preuve que notre projet serait moins coûteux que celui du gouvernement. Il serait moins coûteux parce que nous nous refusons tout simplement à former des milliers de jeunes à un métier qu’il ne leur serait pas permis d’exercer. Par là même, il est également plus respectueux des intérêts de la jeunesse, car il refuse d’entraîner des dizaines de milliers d’étudiants vers deux ou trois années d’études sans lendemain.

 

Monsieur le Président, il est encore possible de saisir la main que l’Histoire nous tend. La priorité que vous avez voulu accorder à la jeunesse et à l’éducation donne à votre gouvernement tous les moyens politiques et budgétaires de réaliser une vaste réforme de la formation des enseignants, une réforme durable qui ferait honneur à la tradition universitaire de la France et à sa tradition pédagogique. Dynamisant notre école, cette réforme concourrait au redressement économique et social de notre pays.

 

C’est pourquoi nous vous demandons solennellement d’intervenir pour suspendre la réforme en cours, pour annuler les arrêtés définissant les concours et pour ouvrir le chantier d’une autre réforme, avec tous les acteurs concernés. Nous sommes prêts à nous engager de toutes nos forces dans cette entreprise si nécessaire.

Soyez assurés, Monsieur le Président, de notre indéfectible attachement à l’école de la République et à la qualité de l’enseignement dispensé aux enfants dans notre pays.

 

Groupe Reconstruire la formation des enseignants (GRFDE)

14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 07:38

In Crap

 

  

La loi pour la refondation de l’école est sur le point d’être définitivement votée. Un des points forts, répété par le ministre, devrait être la renaissance d’une véritable formation initiale et continue, à travers la création des ESPE. Qu’en est-il pour le moment ?

 

La loi fait référence à une « formation professionnalisante », qui doit former à des compétences en rapport avec les besoins des élèves d’aujourd’hui, tout en s’appuyant sur la recherche, dans une interaction avec des pratiques que l’on veut plus innovantes et moins cloisonnées.
Dans le rapport annexé, il est dit également que les ESPE doivent largement s’ouvrir à l’ensemble des praticiens, qu’il s’agit de développer une culture commune entre tous les étudiants de ces ESPE et de promouvoir des projets transversaux.
On insiste aussi sur l’importance de la formation continue.

Nous ne pouvons qu’approuver de telles intentions qui rejoignent nos convictions ! Mais, mais… il y a loin de la coupe aux lèvres. Et la parole ministérielle si elle se doit de montrer le chemin ne doit pas être une “méthode Coué” niant les difficultés de la réalité.

 

Les échos qui nous viennent de plusieurs académies sont en général plutôt désabusés.
La construction des ESPÉ reposant sur des structures complexes n’est pas complètement terminée. Cela a demandé beaucoup d’énergie alors que la rentrée 2013 est à venir et demande un effort de préparation important. Pour les ESPÉ, on a attendu vainement le “choc de simplification“…
Les “usines à gaz” que seront les ESPÉ risquent d’être aussi des coquilles vides dans la mesure où l’essentiel de la formation reposera sur les universités et qu’il n’y aura pas forcément de “lieu” de rencontre et de formation commune des futurs enseignants. Les arbitrages rendus en faveur de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et la place du concours en fin de M1 aboutissent à des tentatives de mainmise de l’Université dans ce qu’elle a de moins bon (le savoir disciplinaire asséné d’en haut). On risque alors de ne faire que reproduire l’existant !
Dans de nombreux lieux, les mouvements pédagogiques et d’éducation populaire (dont nous sommes) qui sollicitent leur implication dans la formation sont au mieux écoutés poliment, mais sans qu’on sente la volonté de les intégrer.
Les maquettes de concours de recrutement sont surtout marqués par le disciplinaire, dans un sens étroit. Bien enseigner, aux yeux de ceux qui les conçoivent, semble consister d’abord et avant tout à bien connaitre non pas tant sa discipline scolaire que le savoir universitaire sur lequel elle est censée s’appuyer. Il y a loin du disciplinaire au didactique et encore plus du didactique au pédagogique.
La polyvalence de la formation du premier degré n’est pas toujours présente. Et peu de choses semblent prévues pour organiser les formations communes.
L’idée d’intégrer des formateurs présents pour une partie de leur service sur le terrain devant leurs élèves ne rencontre guère d’enthousiasme, malgré le discours officiel. Certains d’entre eux voient même leur temps partagé actuel au service de la formation remis en cause. Finalement, les cours magistraux en amphi et les PowerPoint descendants ont encore de beaux jours devant eux. Où se trouve l’appui aux pratiques innovantes dans tout cela ?

Des heures sont données aux stagiaires débutants (recrutés selon les modalités de l’ancien concours) pour se former. Or, ce sera un gâchis de moyens si certaines conditions ne sont pas réunies : encadrement par une équipe de professionnels, accompagnement qui repose sur les échanges, sur l’analyse de pratiques et sur la réflexion à partir de ce qui se vit en classe. Il ne doit pas s’agir de fournir seulement des « vadémécums de survie » mais de se former sur le long terme.
D’où d’ailleurs l’indispensable formation continue, qui semble à l’heure actuelle, l’oubliée de la refondation. Le président de la République avait pourtant évoqué une sorte d’obligation à continuer à se former. La loi ne parle que d’incitation, ce qui nous semble bien insuffisant, à nous qui avons dans notre note envoyée lors de la Concertation nationale évoqué la formation comme d’une « obligation », faisant partie des missions de tout enseignant (voir page 52 des notes envoyées lors de la concertation). Et qu’en est-il de l’indispensable formation de formateurs, qui prenait jadis la forme très riche des universités d’été notamment ? Mettre des moyens dans la formation continue nous semble plus que jamais essentiel, car c’est aussi le signal fort que le métier n’est pas figé, évolue, pour mieux tenir compte des nouveaux publics, des besoins particuliers, de meilleures relations avec les partenaires, de l’utilisation pertinente des nouveaux outils numérique, pour s’exercer collectivement à de nouvelles pratiques, pour enfin mettre en œuvre vraiment le socle commun de connaissances, compétences et culture.

 

Nous lançons ce signal d’alarme.

La suite...
14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 07:29

In Médiapart

 

 

C03-18Alors que s'élaborent les futurs masters des métiers de l’enseignement (MEEF), en vue de la rentrée de septembre 2013, José Garcia-Romeu, maître de conférences à l'Université du Sud (Toulon-Var), pointe les écueils prévisibles d'une réforme précipitée – « nous montons des projets que nous savons mauvais » – qui maintient « deux injonctions contradictoires » pour les étudiants: obtenir un diplôme et réussir un concours. 

 


 


Alors que de nombreux personnels de l’éducation nationale sont engagés dans l’élaboration des futurs masters des métiers de l’enseignement (MEEF), il est temps de se poser certaines questions élémentaires, ignorées semble-t-il des principaux architectes de la nouvelle formation.

En 2010, le gouvernement précédent avait déjà refondu la formation des enseignants du secondaire en exigeant des étudiants l’obtention, à la fois, d’un master enseignement et du concours du Capes. Aujourd’hui, on prétend corriger certaines dérives de la réforme Darcos-Pécresse (comme la déficience des stages) tout en maintenant le double cursus master-concours. L’idée est d’offrir aux futurs professeurs – sous l’égide de nouvelles Écoles supérieures du professorat et de l’éducation – une formation disciplinaire, un savoir-faire didactique, une maîtrise des nouveaux outils technologiques et une bonne connaissance du système scolaire (pour enseigner en France, il faut non seulement être un bon pédagogue mais connaître aussi le monde réglementé de l’éducation nationale). Cela est fort bien.

Il n’en reste pas moins que le projet présente des défauts de structure rédhibitoires. Il associe en effet, dès la première année de master, deux injonctions contradictoires : celle du concours et celle du diplôme. À la difficulté d’atteindre des objectifs si lourds et si dissemblables dans un laps de temps si court, s’ajoutent les problèmes induits par la situation administrative de ceux qui obtiendraient l’un des titres et pas l’autre. Cette situation a sans doute été planifiée par le gouvernement précédent qui escomptait créer un vivier de « mastérisés » sans concours, susceptibles d’offrir au ministère une main d’œuvre flexible, empêchée d’accéder à la fonction publique. C’était néfaste, pour la qualité de l’enseignement et les conditions de travail des personnels, mais logique. Si nous exonérons – peut-être ingénument – le gouvernement actuel de telles arrière-pensées, alors l’association concours-master devient difficile à justifier. Cette architecture incohérente laisse donc entendre, deux de choses l’une :

  1. que le concours – pilier de la fonction publique garantissant la qualité disciplinaire des enseignants – n’est conservé encore un temps, que pour satisfaire les caprices de formateurs « crispés » sur une vision passéiste de leur métier, avant une nouvelle étape de la réforme qui conduira à la suppression pure et simple de ce vestige républicain.
  2. que l’on affiche (hypocritement ?) une ambition démesurée, espérant former des superhéros, sachant répondre à toutes les sollicitations d’un métier difficile, capables tout à la fois de préparer un concours ardu et d’acquérir de vastes savoirs en pédagogie et dans les nouvelles technologies.

La première option suppose un changement profond dans la conception de la fonction publique. Cette évolution est en effet confirmée par la diffusion d’un nouveau lexique du « management » que l’on entend ici et là, lexique selon lequel le ministère en charge d’un service public aussi important que celui de l’éducation devient « l’employeur ». Une telle dénomination, issue du secteur privé (lequel ignore l’idée de concours), est à ajouter à de nombreuses allusions sur les bouleversements que subira le métier d’enseignant. Tout cela fait ressembler de plus en plus la réforme à un changement de paradigme, semblable à celui souffert naguère par les employés de La Poste ou de France Télécom.

Quant à la seconde option, rappelons que le niveau d’exigence élevé qui préside à la philosophie de la réforme n’est en réalité exigeant qu’envers les candidats car le manque de moyens et de temps (les deux courtes années du master) ainsi que les contradictions du projet n’autorisent pas la mise en place d’un système de formation aussi ambitieux. Là encore, le changement de paradigme managérial est frappant : tout l’effort d’adaptation pèsera sur les formateurs et sur leurs étudiants, tandis que les cadres dirigeants planifieront la dégradation des conditions de travail et d’étude.

Le Capes distinguait auparavant, surtout, des candidats inscrits dans un cursus linéaire. Aujourd’hui, il n’est plus permis d’envisager un parcours régulier, ouvert à des étudiants motivés ayant choisi dès le lycée une voie toute tracée. En effet, avec la réduction progressive de certains enseignements (langues et histoire au lycée ; baisse régulière des horaires en licence), le chemin qui conduit de la seconde au master ne garantit plus une acquisition solide des savoirs disciplinaires. Alors qu’ils doivent s’engager dans un master MEEF faussement monumental, de nombreux étudiants ne disposeront plus du temps nécessaire pour rattraper leurs carences. Par ailleurs, le beau métier d’enseignant a perdu bien des attraits (rémunérations relativement faibles, violences scolaires glosées à l’envie par les médias…). Plus grave encore : les moyens matériels des étudiants n’ont cessé de baisser, les précipitant dans l’emploi précaire et empêchant un déroulement serein de leurs études. Dans ces conditions, pourvoir les postes vacants en attirant les candidats dans une usine à gaz pour les jeter ensuite dans l’exercice d’un vrai métier-sacerdoce risque de devenir une gageure.

 

La suite..

 

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 17:42

In Snuipp

 

 

Comme l’an passé, le SNUipp-FSU a donné la parole aux Professeurs des écoles stagiaires pour recueillir leur appréciation concernant leur entrée dans le métier.

 

Avec 23,8 % de participants, cette enquête à grande échelle permet de mesurer les évolutions du côté du vécu des stagiaires alors même que le ministère avait défini des nouvelles modalités d’accompagnement : accueil de 5 jours maximum avant la rentrée, disparition de la formation accompagnée de septembre aux vacances d’automne.

 

A l’évidence, les aménagements proposés ne convainquent pas les intéressés. Plus de 7 PES sur 10 continuent de juger que leur formation n’est pas suffisante. Ils sont même 41,3 %, contre 35,5 % l’an dernier, à la considérer comme vraiment « insuffisante ». Certaines critiques sont renforcées : manque de préparation aux différents niveaux de classe ( de 57,7 % en 2011 à 62,2 % ) , charge de travail (de 58,4 % en 2011 à 59,7 %) . Une autre critique fait une percée : la confusion entre temps de formation et temps d’évaluation ( de 24,4 % en 2011 à 34%) au sujet des visites de formateurs. Plus nombreuses cette année, elles visaient à compenser le non respect du tiers-temps réglementaire de formation. Une récente enquête du SNUipp-FSU montrait que cette insatisfaction était également vécue par les formateurs eux-mêmes. Enfin, avides de réelles améliorations, à 98 %, les PES plébiscitent de nouvelles modalités pour l’année de stagiaire, privilégiant une prise de fonction progressive alternant stages en classes et retours en formation.

 

Ce bilan constitue une pièce supplémentaire à verser au réquisitoire déjà conséquent de l’échec de la réforme de la formation des enseignants. Il est temps de tourner la page et de rouvrir sérieusement le chantier.

A la prochaine rentrée, le SNUipp-FSU demande des mesures d’urgence :

Pour les stagiaires de la rentrée 2012 :

- A la rentrée, aucun PES ne doit débuter seul en classe. La mise en responsabilité face aux élèves doit s’opérer de manière progressive
- Offrir à minima le tiers-temps de formation de 12 semaines
- Proposer des temps de regroupement à l’IUFM pour l’analyse des situations professionnelles vécues (gestion de classe, travail en groupe, classe multi-niveaux, progressions, différenciation pédagogique, autorité, évaluation, relation aux familles …), l’approfondissement disciplinaire et didactique, la formation aux différentes facettes du métier comme l’apprentissage de la lecture, du langage, la psychologie de l’enfant, la spécificité à l’école maternelle, la scolarisation des enfants en situation de handicap…).
- Proposer des parcours de formation adaptés au cursus des stagiaires ( en fonction du type de master, des stages effectués, précédemment... ) qui leur permettent de s’exercer dans tous les cycles et de rencontrer une diversité de terrains (ruralité, environnement social…)

Pour les stagiaires des rentrées 2011 et 2010 :

- Mettre en place des compléments de formation

D’une manière générale, des discussions doivent s’ouvrir pour reconstruire une véritable formation professionnelle des enseignants : elle devra être conçue selon un continuum intégrant des modules de préprofessionnalisation dès la licence, un concours avec des épreuves disciplinaires et professionnelles, l’organisation d’une véritable alternance progressive en M1 et M2, la reconnaissance de la formation par un master.

Paris, le 12 avril 2012

Lire aussi :
- le dossier de presse

19 mars 2012 1 19 /03 /mars /2012 18:51
C03-01.jpg
COMMUNIQUE COMMUN FSU – SNES – SNESUP – SNEP – SNUIPP - SNUEP
 

Après le refus par le Sénat d’inscrire à son ordre du jour la proposition de loi du député Grosperrin, le gouvernement revient à la charge.

 

Il propose lundi 19 mars au CNESER un arrêté fixant le cahier de charges de la formation des professeurs, documentalistes et conseillers principaux d’éducation, destiné à remplacer le précédent cahier des charges dont l’abrogation n’a pas été validée par le Conseil d’État (décision du 27 novembre 2011).

 

A l’approche des échéances électorales, le gouvernement agit dans la précipitation, toujours sans consultation. Il ne tient compte ni du rejet unanime de la réforme de la formation, ni du diagnostic de la Cour des Comptes, et enterre un peu plus la formation des enseignants. Le projet de cahier des charges rétablit certes la référence aux IUFM mais sans obligation et « en fonction du potentiel scientifique » des établissements d’enseignement supérieur (y compris privés). De même, loin de restaurer une formation digne de ce nom, il entérine les dispositions contestées en 2010 et 2011 : l’affectation sur des services complets pendant l’année de stage, la fiction d’une formation professionnelle s’ajoutant au temps devant élève, l’utilisation des étudiants comme moyens d’enseignement, l’accompagnement en établissement par des tuteurs non formés.... Contrairement à ce qui est affirmé dans ce cahier des charges « les principes de continuité et de cohérence de la formation professionnelle des enseignants sur l’ensemble du territoire » ne peuvent être garantis par le renvoi à des partenariats locaux « au gré » de différents paramètres.

 

En réalité, à travers ce texte, les Ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur se désengagent encore davantage de la formation des enseignants et conseillers principaux d’éducation, dans le cadre de masters, sans lien réel avec la recherche et sans alternance satisfaisant aux impératifs de la formation. Le projet de cahier des charges est par ailleurs étrangement silencieux sur les concours de recrutement et le rôle de leur préparation dans l’acquisition d’une formation professionnelle.

 

Est-ce-à-dire que ces concours n’ont plus guère d’avenir ? Pour les syndicats enseignants de la FSU, le gouvernement doit retirer son projet et accepter de remettre à plat l’ensemble de la réforme de la formation des enseignants.

 

Dans le cadre de la campagne présidentielle, ils interpellent les candidats pour qu’ils s’engagent en ce sens.

15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 17:48

C03-18

In IUFM en lutte

 

Social. Le climat ne risque pas de s’améliorer dans les bureaux du ministère de l’Éducation nationale. Alors que les enseignants se mobilisent contre les suppressions de postes et les heures supplémentaires prévues pour la rentrée prochaine, les étudiants en Master 2 d’enseignement ont, eux aussi, des raisons d’être en colère.

 

A Etiolles (91), Cergy-Pontoise (95) ou Gennevilliers (92), des étudiants s’élèvent contre deux certifications imposées par le ministère dans le cadre de la réforme de la formation des enseignants. Ainsi, tous les étudiants doivent valider une certification de langue vivante, le CLES2, et une certification informatique, le C2i2e, en plus de leur Master. Un passage obligatoire et une charge supplémentaire pour tous les étudiants aspirant à devenir enseignant, que ce soit en maths, en histoire ou en sport, dans le premier ou le second degré. Pour Jean-Baptiste Reynes, étudiant en Master 2 enseignement histoire-géographie à l’université de Cergy-Pontoise (UCP), « on peut légitimement douter de la pertinence d’une évaluation demandant à un futur professeur de maths ou d’EPS d’organiser une situation pédagogique liant les Tice à l’art », comme le demande une des consignes du C2i2e qui nous a été transmise.

 

En plus de son contenu pour le moins douteux, cette certification souffrirait d’un manque cruel d’organisation. Des groupes d’une dizaine d’étudiants issus de différents sites universitaires sont supervisés par des tuteurs via un chat. Tuteurs qui se sont révélés à plusieurs reprises moins compétents que leurs étudiants. Mais ce qui a poussé à bout ces futurs enseignants, c’est avant tout un problème flagrant de calendrier. La validation de cette certification informatique a débuté le 20 février dernier, à la veille des partiels, des rendus de mémoire, des stages ou encore des oraux des différents concours. « L’ampleur du travail attendu, couplée à une totale absence d’organisation, a suscité chez bon nombre d’étudiants un sentiment de révolte et de frustration », explique Jean-Baptiste Reynes qui est également représentant des étudiants du M2 de l’UCP. Cerise sur le gâteau, l’Éducation nationale fait payer cette certification qui est obligatoire. Si l’université de Cergy-Pontoise propose une première tentative gratuite, l’étudiant devra débourser plus de deux cents euros en cas d’échec pour pouvoir repasser cette certification. Un candidat libre (hors cadre universitaire) devra, lui, verser quatre cents euros.

 

La suite...

8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 17:25

In L'Humanité

 

Le 15 février, l'Assemblée Nationale a adopté le projet de loi dite «Grosperrin». Le gouvernement a choisi la voie législative «accélérée».

 

Un simple «référentiel» remplace le «cahier des charges» sur la formation des enseignant-e-s. Alors que ce dernier imposait des contraintes fortes sur la formation, le référentiel permet à chaque université, ou chaque officine privée, de proposer sa propre formation, en dehors d’un vrai cadre national équitable. L’État renonce encore à tout engagement précis de formation. En restreignant largement la formation théorique pour les futur-e-s enseignant-e-s, il s’agit d’une auto-formation «sur le tas» à peine guidée par un-e tuteur-trice.

 

Dans la continuité de la LRU, la loi permet à un président d'université et son CA de dissoudre l’IUFM de l’université, accentuant ainsi la concurrence entre les facs, et pire, la formation ne sera plus uniquement de la responsabilité des universités, donc des IUFM, et permet à une institution privée de l’assurer.

 


Le mouvement de grève lié à la masterisation dénonçait déjà une casse de la formation des enseignant-e-s. Les IUFM sont réduits à l’état de coquilles vides et la formation des enseignants est livrée à la concurrence entre établissements et secteur privé. Tout ceci ouvrant fatalement la porte au recours à des officines privées très onéreuses, les étudiant-e-s issu-e-s des couches sociales les moins favorisées seraient particulièrement pénalisé-e-s. Enfin, on remarque là une occasion de plus d’opérer une drastique réduction des coûts sous couvert d'austérité.

 

La fédération SUD étudiant y voit la poursuite du processus de privatisation et de démolition du service public d’enseignement supérieur et de recherche contre lequel les étudiant-e-s luttent depuis plus de dix ans et exige l’abrogation de cette loi.

 

La fédération SUD étudiant tient à rappeler ses exigences quant aux conditions de concours et de formation :

- allègement de l'emploi du temps et interdiction du contrôle de l'assiduité.

- suppression de l'épreuve "Agir en fonctionnaire de l'Etat" et des cours associés.

- les stages pratiques ne doivent pas être obligatoires pour la validation du master et pendant la préparation aux concours.

- un véritable service public d’éducation passe par un meilleur taux d’encadrement des élèves, donc création massive de postes d’enseignants supplémentaires, ouverts aux concours.

- après le concours, nous exigeons une ou deux année(s) de formation rémunérée pour les admis, ainsi qu'une réelle formation continue tout au long de la carrière d'enseignant.

-l'accès au concours doit être ouvert aux étudiant-e-s de L3.

-les stages entreraient dans le cadre de la formation de 2 ans après l'admission (rémunéré puisque fonctionnaire stagiaire), permettant aux nouveaux enseignant-e-s d'entrer progressivement dans le métier.

- les étudiants doivent obtenir une réelle autonomie financière, prise en charge collectivement par la société, sous la forme d’un salaire étudiant socialisé (dès l'entrée en licence).

 

Fédération SUD Étudiant

16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 19:27

 

Alors que la session parlementaire est sur le point de se clore, l'Assemblée nationale a donc adopté mercredi 15 février, en urgence, la proposition de loi Grosperrin sur la formation des enseignants. Présentée comme une simple «réponse technique» à l'annulation fin novembre par le Conseil d'Etat de l'arrêté relatif à la masterisation, la proposition de loi vient en réalité sauver in extremis une réforme aujourd'hui unanimement décriée pour avoir réduit à néant la formation des profs.

Le Conseil d'Etat, qui avait en novembre dernier motivé sa décision par le fait que le ministère était passé en force sur ce dossier, commettant rien de moins qu'un «abus de pouvoir», avait également suspendu l'exécution de sa décision à la tenue de réelles concertations.

« Depuis, aucune discussion n'a été entamée entre le ministère et nous sur ce sujet», affirme aujourd'hui Daniel Robin, secrétaire général du Snes. Ouvrir des discussions avec les organisations syndicales et les différentes instances représentatives quand la réforme est condamnée de toutes parts, et ce à quelques mois de l'élection présidentielle ? Le gouvernement n'y était évidemment pas prêt. Graver la masterisation dans le marbre de la loi, deux ans après son entrée en vigueur, permet de couper l'herbe sous le pied du Conseil d'Etat. Et si cela ne règle rien sur le fond – de l'avis des députés UMP eux-mêmes, cette réforme est entièrement à revoir –, il y avait manifestement urgence à sortir de cet imbroglio juridique.  

Pour le rapporteur Jacques Grosperrin mais aussi le ministre Laurent Wauquiez, interpellé lors de l'audition du 8 février, le texte présenté à l'Assemblée avait simplement pour but d'«apporter un minimum de sécurité juridique» aux enseignants-stagiaires, placés de fait dans une situation ubuesque. Mais l'argument invoqué de la sécurisation juridique pourrait tout aussi bien concerner, en priorité, le gouvernement lui-même et à travers lui l'Etat. Depuis l'arrêté du Conseil d'Etat, les procédures devant le tribunal administratif se sont en effet multipliées à l'initiative du Snes pour réclamer une indemnisation des stagiaires qui ont subi «le double préjudice d'être privés de formation mais aussi d'avoir travaillé dix heures hebdomadaire en plus sans rémunération» (l'année de stage étant supprimée), affirme Daniel Robin. Selon le Snes, ce sont plusieurs centaines de dossiers qui seront prochainement portés devant le tribunal.

Une procédure qui ne laisse aucune place à la concertation

Il y avait donc, sur ce front là aussi, urgence. Déposé le 10 janvier dernier, le texte, pour lequel le gouvernement a décidé de recourir à la procédure accélérée, a été inscrit à l'ordre du jour d'une semaine réservée à l'initiative gouvernementale. Par ce choix, le débat que le gouvernement voulait à tout prix éviter avec les syndicats sur ce dossier miné n'aura pas non plus eu lieu sur les bancs de l'Assemblée. En commission, l'examen du projet de loi n'aura pas pris plus d'une heure, au grand dam des députés de l'opposition. «Pourquoi recourir à la procédure accélérée, qui ne laisse pas la moindre place à la plus élémentaire concertation ?», s'est ainsi interrogée Martine Faure, députée PS de Gironde, membre de la commission des affaires culturelles. 

«Parce que ce texte, a-t-elle poursuivi, a été dicté par le ministère de l’éducation nationale et parce que sans la procédure accélérée, une proposition de loi déposée le 10 janvier n’aurait pas pu être examinée avant le 21 février, ce qui, faute de temps pour la navette, aurait empêché son adoption. Je regrette vraiment que notre collègue Jacques Grosperrin se prête à cette tartufferie.» Pour la députée communiste Marie-Hélène Amiable, qui siège également dans la commission, il s'agissait aussi d'éviter «la délibération en conseil des ministres, l’avis du Conseil d’État, la réalisation d’une étude d’impact». Autant de risques de «mauvaise publicité» pour la réforme.

Devant le tollé provoqué par la première mouture du projet de loi Grosperrin qui laissait penser que la formation des enseignants pouvait être en partie confiée à des prestataires privés (lire notre article), un amendement est venu rectifier le tir – sans lever toutes les ambiguïtés. La référence aux IUFM pour la formation des maîtres, dans l'article L. 625-1 du code de l'éducation, est bel et bien supprimée au profit des «établissements d’enseignement supérieur, notamment les universités». Autre concession par rapport au texte initial, le rapporteur Jacques Grosperrin a accepté de remplacer le «référentiel» sur la formation des enseignants, jugé bien trop flou, par le «cahier des charges» qui offre un cadre bien plus strict.

 

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