Certes, tout n'est pas joué à la maternelle, mais les premières années d’école sont déterminantes pour le devenir de l’enfant. En 2009, la ville de Grenoble (Isère) a décidé d'expérimenter une pédagogie visant à l'adaptation et à l'intégration progressive des tout-petits à l'école maternelle. Alors que ce dispositif, baptisé Structure passerelle, mené avec l'Education nationale et la Caisse d'allocations familiales, semblait montrer son efficacité, il est condamné. L'inspection académique de l'Isère a décidé, en effet, de ne plus assurer sa part du financement.
Les dispositifs passerelles ne sont pas une nouveauté. Ils ont été impulsés par la loi d'orientation sur l'éducation du 10 juillet 1989 et la note de service n° 91-015 du 23 Janvier 1991.
Considérant que « La " petite enfance ", de 0 à 6 ans, est une période déterminante pour le développement de l'enfant et souvent délicate pour les familles, notamment dans les milieux les moins favorisés », ce texte préconisait que l'entrée à l'école maternelle soit « préparée » dans des « structures périscolaires ».
En 2009, la municipalité grenobloise saute le pas. Et créé une structure passerelle. Animée par une éducatrice de jeunes enfants, un agent territorial spécialisé des écoles maternelles (Atsem) et un professeur des écoles, elle « rayonne sur les trois écoles maternelles du secteur 5 situées en Réseau d'Education Prioritaire. Le secteur 5 compte un grand nombre de familles en grande précarité socio-économique et peu d'enfants de ce secteur bénéficient des structures d'accueil petite enfance », précise la municipalité.
« Les études montrent que les enfants de trois ans issus des classes populaires ont jusqu'à neuf mois de retard par rapport aux autres enfants », explique Paul Bron, adjoint à l'éducation du maire de Grenoble.
"La loi prévoit une possibilité de scolarisation des enfants de moins de trois ans dans les quartiers en ZEP (zone d'éducation prioritaire, ndlr) mais vu les restrictions budgétaires, ils sont de moins en moins fréquents. 35% des moins de trois ans étaient scolarisés il y a quelques années, 13% aujourd'hui », poursuit l'élu.
« Notre objectif était de voir comment on peut accompagner la scolarisation précoce des enfants de 2 à 3 ans repérés par les services sociaux, dans un cadre confortable ».
Depuis son démarrage en novembre 2009, la structure passerelle a accueilli 61 enfants. Un cabinet extérieur, le cabinet CITI'S, a été chargé de l'évaluation du projet.
Les premiers résultats montrent que l'objectif est atteint pour une majorité des enfants. Selon l'observation faite par les enseignants, les deux tiers des enfants sont en situation plus favorable que la moyenne ou ont rattrapé le niveau moyen de la classe.
Alors que la ville de Grenoble et l'Education nationale avait signé, en 2009, une convention d'objectifs pour 5 ans, l'inspection académique a donc décidé de mettre prématurément un terme à cette expérience en supprimant le poste de professeur des écoles.
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