Textes : Peush
Photos : Pitinome
La voisine
Elle a marié les chaussures du dimanche avec celles de la semaine
Accroché aux nuages les fruits d'une robe à fleurs
Que les oiseaux picorent,
Caressent d'une rengaine
Au souffle de son rire des trois-mâts en bouteille doubleront l'équateur
Disputeront au soleil les faveurs des baleines
Iront sécher leurs ailes aux feux de l'Etoile du Nord.
Elle est belle, elle est gaie
Ses poches ont les mains pleines
De confettis et d'oreillers.
Aux cordes d'une guitare s'agite suspendu,
Le linge pâle de ses peines
C'est jour de sortie pour ses colères rentrées
Ses espoirs chuchotés ses peurs murmurées
Elle courra dans les rues
Marier les pas de danse avec les pas de chance
Chanter les pas d'accords faut pas exagérer
Mêler les pas de cotés aux pas sages secrets
Qui écrits sur les murs savent la faire rêver
Arrive le premier Mai.
Le voisin
La main sur le pied de guerre,
Le sourire aux aguets
Du soleil sur les joues
Il respire debout
Le voisin.
Il ne s'est pas rasé
à son nez à sa barbe, la nuit reste accrochée
Il a dormi par terre,
Dans la classe d'une école,
D'un sommeil coloré.
Ses rèves lovés au fond d'un encrier.
Un jaune safran, un orpiment, un beige vanille se poursuivent, batifolent
Au milieu des rouge sang, des sépias, des oranges pastel, et des bleus verts pétrole
Il s'étire et il baille ses membres sont engourdis
Si le tableau est noir,
Un arc- en- ciel ancré à sa surface plane.
Le silence dort encore, en boule dans un tiroir
Dans la cour des enfants courent des enfants rient
Jouent à colin-maillard, à la marchande, à la marchande de tomates,
A la marchande d'artichaut , de pommes reinettes, de poires passe -crassanes
à l'institutrice qui pleure d'être insultée souvent
à l'ouvrier qui reçoit une lettre de licenciement,
à la marchande de haricots qui ne fait plus crédit,
à la marchande de canons qui soignent ses clients
à la marchande d'oxygène de télé de patates
Aux billes, au ballon prisonnier, aux policiers
Les voilà qui arrivent en casques en bouclier,
Ils arrachent les banderoles, ils demandent des noms comme d'autres leur chemin
Ils bousculent les tables de petits-déjeuners sous un préau dressés
Dans l'école occupée,
Occupée à essayer de n'être pas fermée
La fraîcheur du matin,
Les platanes frissonnent,
Les coups de sifflets résonnent,
Une femme lui prend la main,
Elle a dormi par terre,
Il a dormi par coeur,
Dans la classe d'une école aux murs couverts de fleurs,
Couverts de papillons, de lettres rondes, de nombres pairs.
Dans la presse régionale
Même couché,
Sur le papier,
D'un article de journal,
Le visage tuméfié
Il est resté debout
Le voisin.