Si aucune étude n’a pu montrer l’intérêt pédagogique des grosses structures, toutes les études diligentées par les services de l’Education Nationale ont démontré l’intérêt des petites structures.
Ainsi, le rapport de Mme Françoise Oeuvrard (Direction Evaluation et Prospective du Ministère de l’Education Nationale) cite :
« la configuration de ces établissements, qu’on pourrait supposer défavorable et liée à leur très petit effectif … ne semble toutefois, dans l’ensemble, préjudiciable aux élèves pour les apprentissages de base : le niveau de connaissance des élèves de petits établissements est identique -voire supérieur- à celui de celui de l’ensemble des élèves de CE2 et en 6ème. » ;
« Les élèves des petites écoles rurales sont plutôt moins en retard que ceux des écoles urbaines … » ; « En mathématiques … ce sont les élèves des petites écoles, classes uniques ou écoles rurales, qui ont, en moyenne, le mieux réussi : en math comme en français, les écoles qui ont les moins bons résultats sont les plus grosses écoles … » ;
… et conclue : « la scolarisation dans une petite école rurale, une classe unique même en perte d’effectif, n’est pas défavorable pour les acquisitions fondamentales : le niveau de connaissance des élèves de CE2 des petites écoles rurales … en témoigne ».
Le rapport Ferrier (Inspection Générale de l’Education nationale), corroboré par le rapport Leroy-Audoin (Institut de Recherches sur l’Economie de l’Education), atteste que :
« la classe à cours unique –qu’il ne faut pas confondre avec l’école à classe unique- obtient des résultats un peu moins bons que la classe à deux cours ; et, dans la classe à deux cours, les performances des élèves sont nettement moins bonnes que dans la classe à trois cours. ».
« Les résultats soulignent les aspects particulièrement positifs des classes uniques », dont les écarts positifs par rapport aux cours simples sont de + 3,9 points en fin de CE2 et de + 4,8 points en début de 6ème.
Les résultats obtenus montrent que le temps individuel (ou d’autonomie) est d’autant plus grand que le nombre de cours dans la classe est élevé : moyenne de 103 minutes par jour en cours simple, 128 minutes en cours multiples et 151 minutes en classe unique ; le travail individuel et le tutorat sont très fréquents et généralement intégrés à la pratique pédagogique dans les classes uniques. Les cours simples ont une forte prise en charge des élèves mais une faible optimisation du temps scolaire alors que les classes uniques accordent une grande autonomie aux élèves tout en maximisant le temps effectivement scolaire.
« Les élèves scolarisés en classe unique ont des risques significativement plus faible de redoubler : sur l’ensemble de la scolarité élémentaire », la probabilité de redoublement est de 33,7 % ; elle n’est que de 19 % dans la population des élèves ayant fait leur scolarité essentiellement dans une classe unique. « Si on examine, en premier lieu, de façon transversale, les acquis des élèves en cours de 6ème, on observe que les élèves qui ont les moins bons résultats sont ceux qui ont fréquenté, en primaire, des cours simples ; par rapport à eux, les élèves ayant été scolarisés en cours multiples, et plus encore, en classe unique, ont des résultats en 6ème sensiblement meilleurs. » ;
les écarts sont statistiquement significatifs et quantitativement substantiels ( + 3,89 points pour les cours multiples et + 6,44 points pour les classes uniques).
Les élèves issus de classe unique vont s’intégrer au collège marginalement mieux que les élèves issus de cours simples.
« La prise en considération des résultats scolaires en cours de 6ème renforce la position favorable des « petites structures » du primaire quant à l’intégration des élèves au collège.
L’estimation est, qu’à résultats scolaires comparables, ces élèves ont un risque de redoublement inférieur à ceux des élèves issus de cours simples en primaire ».
De plus, «les enseignants du collège reconnaissent, en moyenne, chez ces enfants, des qualités qui vont au-delà des stricts résultats scolaires ».
Le rapport Mingat (Institut de Recherches sur l’Economie de l’Education ; directeur de recherches au CNRS) démontre que le maintien de ces petites structures ne revenait pas plus cher aux collectivités que les concentrations engagées.
Les mêmes travaux démontrent en outre que les concentrations n’aboutissent pas à une amélioration des résultats, mais que c’est plutôt le contraire. Alain Mingat et Cédric Ogier concluent que, dans les limites de l’enveloppe financière actuelle globale, il subsiste d’importantes marges de manoeuvre pour aménager la carte scolaire (plus d’écoles et moins de transports) et rendre le mode de scolarisation plus efficace.
Extrait de :
Ecoles rurales et montagnardes et formation professionnelle des enseignants en France
Pierre CHAMPOLLION Inspecteur d’académie IUFM de l’académie de Grenoble Consultant Fédération Française d’Economie Montagnarde (FFEM) Expert européen
2.1 Une plus grande réussite à l’école élémentaire
Français Mathématiques
Ensemble des classes urbaines: 63,2 67,3
Ensemble des classes rurales: 63,1 67,4
Classes rurales à 2 niveaux: 63,7 68,3
Classes rurales à 4 niveaux: 64,1 68,9
Classes rurales à 5 niveaux: 65,9 72,8
On peut noter qu’entre les classes urbaines (à 1 niveau) et les classes uniques (à 5 niveaux), il y a une différence de près de 3 points en français et de 5,5 points en mathématique au profit des classes à 5 cours
èEn conclusion : ne vous laissez par faire lorsque l’inspection d’académie vous dit que ces écoles ne sont pas performantes, qu’elles ne favorisent pas l’émulation (comprenez : la concurrence).
En fait, ces petites écoles fonctionnent plus sur l’intéressement et la solidarité. Il se trouve que les résultats pédagogiques et sociaux sont largement supérieurs et c’est tant mieux.
Plus d’info sur le site : http://assoc.orange.fr/ecole.et.territoire/index.html
Extraits de rapports officiels de l’Inspection Générale de l’Education nationale. (Rapport officiel sur les réseaux d’écoles primaires juin 2003)
« …aucune démonstration sérieuse ni étude valide ne permet de démontrer que la réussite scolaire est meilleure dans un cas (réseaux) ou dans un autre ( non mise en réseaux ). Ceci rejoint les constats sur les mérites respectifs des classes uniques et autres classes. » (L’évolution du réseau des écoles primaires. Rapport d’étape de l’IGEN de février 2003)
« Mais nulle part la mission n’a trouvé l’amorce d’évaluations spécifiques permettant de déterminer si l’on a commencé à atteindre ces objectifs après plusieurs années de fonctionnement. De fait jamais les interlocuteurs internes à l’éducation nationale n’ont posé la question de l’évaluation de l’action des réseaux. Cependant quand la question leur a été posée, la plupart ont répondu à la question en expliquant très directement qu’à leur sens, la mise en réseaux des écoles n’a véritablement aucune incidence sur le résultat des élèves.. L’on dispose aujourd’hui d’études sérieuses et argumentées confirmant les bons résultats des classes uniques multi niveaux, dont on a pu démontrer la pertinence et l’intérêt dès lors qu’on y affecte un enseignant qui ne cherche pas à en fuir au plus vite. »
« Les réseaux coûtent en terme de transports scolaires. Ils coûtent en termes d’équipements informatiques, en crédits pédagogiques de soutien divers, en crédits liés à des actions de formation continue spécifique. Ils coûtent aussi en moyens humains…les réseaux n’ont pas contribués à une économie de moyens »
« Les maires ont dit leur inquiétude devant la montée des dépenses obligatoires qui leur incombent et leur appréhension face à de nouvelles charges. La mise en réseaux pousse effectivement à des investissements communaux ou intercommunaux. »
( Rapport officiel sur les réseaux d’écoles primaires juin 2003 )
Et pourtant, il est mentionné dans le document de préparation de la rentrée 2004 ( B.O. n° 6 de février 2004 ) : « …pour le premier degré des schémas territoriaux seront élaborés…en vue de développer les réseaux d’écoles dans la cadre de l’intercommunalité… l’objectif est de parvenir à 600 réseaux à l’horizon 2006/2007
M Projet de texte ministériel :
Extraits :La mise en réseau des écoles
Bien que les compétences acquises dans les savoirs de base soient identiques voire légèrement supérieures à la moyenne nationale dans nos écoles rurales, il faut, cependant tenir compte de l'évolution des publics scolaires et des exigences de la formation…
(Il est à noter que les associations de Maires, Association des Maires de France Et association des Maires ruraux de France sont opposées!) Et la suite… le rapprochement est saisissant !
M Extrait rapport Thélot, à propos des réseaux :
« ...L'organisation de l'école primaire doit impérativement évoluer. Le système éducatif peut-il encore garantir une offre éducative de qualité dans des écoles aussi dispersées, petites (moins de cinq classes en moyenne) et peu organisées (l'école primaire n'a ni statut autonome, ni budget, ni chef d'établissement réellement responsable) ? »
(Dans quelle anarchie a vécu l’école depuis plus d’un siècle !)
M « Pour ce faire, la Commission propose de transformer progressivement les écoles et les réseaux d'écoles en établissements disposant d'un statut propre, administrés sous l'autorité d'un conseil d'administration et dirigés par un chef d'établissement responsable... »
Attention, les références citées datent un peu :
1993 pour le rapport Oeuvrard
(Je ne l’ai pas retrouvé en ligne)
1996 pour le rapport Leroy-Audouin
1998 pour le rapport Ferrier
On retrouve la source du début de ce doc sur le site de l’académie de Montpellier :
Ca ne veut pas dire que les études sont fausses, juste qu’elles demandent à être réactualisées… Ce sera difficile, car depuis, on a massivement fermé les classes rurales multiniveau…
Analyse plus récente sur les classes multiples ici…
Bonne lecture
Moka63
http://4tous.net/ecoledemain/