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1 mars 2012 4 01 /03 /mars /2012 20:43

sarko3

In Libération

 

Les propositions effectuées par le Président de la République dans le domaine éducatif mettent encore en valeur le nombre inouï de discours contradictoires, continuellement attachés à l'Education nationale en France.

 

Il est tout d'abord amusant d'entendre le Président-candidat se soucier des enseignants et des élèves alors que l'Education nationale apparaissait pour lui comme un domaine très secondaire auparavant. En effet, tout occupé à dégraisser à toute force le «mammouth» à coup de coupes budgétaires et de baisses d'effectifs, le Président faisait passer l'Education nationale pour un puits sans fond gaspillant les deniers publics. Bizarrement, comme à l'approche de toute élection d'importance, les enseignants deviennent des hommes et des femmes dont on se soucie. Le discours qui précédemment tendait à les stigmatiser, en tant que fonctionnaires «protégés» et corporatistes, dépensiers de l'argent de l'Etat, avec les mauvais résultats que l'on sait, ce discours devient plus souple, plus étudié: en somme les enseignants sont des gens bien, mais ils ne savent pas tellement travailler avec efficacité. Admirable tour de passe-passe rhétorique, qui, au mépris près, semble assez consensuel.

«Il a ainsi proposé d'augmenter de 25% - soit environ 500 euros par mois - le salaire des enseignants qui acceptent de rester 26 heures dans l'établissement au lieu des 18 actuellement en vigueur», lis-je dans L'Express. Manière délicate de remettre sur le droit chemin ces fonctionnaires égarés, sans doute, par leur merveilleux statut, et qui ne travaillent pas assez. Manière de dire, surtout (c'est moi qui traduis): «Chers enseignants, vous êtes des fainéants, mais à votre corps défendant ; je suis là pour vous en faire prendre conscience et vous rémunérer en conséquence, naturellement».

 

La seule remarque qui me vient, à la lecture de ces lignes, c'est que ces propositions n'ont rien de neuf et même qu'elles sont déjà mises en œuvre, depuis longtemps ! Dans la plupart des lycées que je connais, dont le mien, les professeurs sont en «sur-service», et sont «récompensés» par des heures supplémentaires distribuées au fil de l'année. Et cela fait longtemps! Cette révolution-là, si c'en est une, a donc déjà eu lieu. Et ces propos ont ceci de pernicieux qu'ils maintiennent vivaces des «discours» infondés, ou qu'ils en génèrent d'autres valides mais encore pires. En voici quelques-uns.

 

Un professeur travaille 18 h...

Est-il besoin de répondre? Tant de gens croient encore que les heures de cours correspondent aux heures de travail! Le vieux mythe qui consiste à croire qu'un enseignant aligne dix-huit fois par semaine un monologue ennuyeux sans s'interrompre, avant de rentrer chez lui, libre de toute contrainte, ce vieux mythe en dit long sur la méconnaissance du monde éducatif. Il ne s'agit pas non plus de dire qu'un enseignant travaille plus que quiconque. Mais préparer des cours, les effectuer, assurer le minimum d'ordre dans sa classe, relever des devoirs, résoudre les problèmes divers des élèves, parfois de leurs parents, assister aux réunions, etc. Cela finit par constituer un horaire assez proche de celui de n'importe quel employé - on dirait presque du travail...

 

Quant au quota horaire des enseignants, vieux serpent de mer depuis des années, il constitue la rengaine obligée... Personnellement, je connais très peu de professeurs qui assurent 18 h de cours... La plupart en ont autour de 21. Dans les lycées que je connais, il n'est pas rare de voir des équipes (de mathématiques, d'anglais, que sais-je) se «partager» vingt heures supplémentaires à 4 ou 5. Ceci, naturellement, après négociations, refus éventuels, pressions diverses. Trois heures supplémentaires représentent en gros une classe. C'est-à-dire 35 élèves de plus. C'est-à-dire à nouveau du temps de correction, de réunions, de préparation... Ce n'est certes pas mortel, ni infaisable, mais c'est difficile - peu le disent toutefois, de peur d'être taxés de fainéantise et d'incompétence.

 

Un professeur qui «fait son temps» est un fainéant...

C'est un peu le corollaire de ce qui précède. Bien avant que le Président ne s'avise qu'il fallait assurer une plus grande présence des enseignants dans les établissements, ces derniers se sont globalement bien faits au monde entrepreneurial et compétitif. Dans une Ecole où les élèves sont hystérisés par la Réussite, où cette dernière est entièrement de la responsabilité du professeur, où l'enseignant est devenu un « fournisseur d'accès » aux examens avec obligation de réussite - eh bien oui, le professeur qui fait « son temps » est considéré comme un fainéant et un tire-au-flanc. Les autres, eux, acquièrent le statut plus enviable et glorieux de meilleurs vendeurs ou de tiroirs caisses. Belle victoire !

 

Un professeur doit être joignable à tout moment...

C'est la norme désormais. Et les propos du président sont bien tièdes là encore. Il veut que les professeurs soient présents dans les établissements toute la journée (ce qui est déjà le cas, en général). Mais quid du suivi pourtant journalier que tout professeur se doit désormais de proposer? On l'ignore peut-être mais la plupart des établissements sont à présent dotés de sites internet et de serveurs évolués permettant à tout moment de contacter les enseignants. Nous sommes entrés dans l'ère du Prof 2.0 qui donne son mail aux élèves, voire son numéro de téléphone, voire l'accès à son Facebook... Et l'enseignant qui se respecte doit à tout moment assurer un SAV, répondre aux questions de dernière minute, donner des exercices, etc. Ce service, car c'en est un, bien que non écrit, non défini, non rémunéré, et non obligatoire, est assuré. La vraie question est de savoir jusqu'où doit aller le métier d'enseignant. Dire que les professeurs doivent travailler davantage est une marque de méconnaissance de ces simples faits ainsi que de profond mépris.

 

L'individualisation des pratiques est la solution...

 

La suite...

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