In Libération
Récit En réaffirmant, dimanche, son ambition de réduire les congés d’été à six semaines, le ministre de l’Education a, une fois encore, brouillé son message sur les rythmes scolaires.
Il voulait parler de la hausse des candidats au métier enseignant, un tournant après des années de désaffection. Au lieu de ça, la polémique est partie sur le zonage des vacances d’été… Vincent Peillon a bien du mal à se faire entendre. Le ministre de l’Education multiplie les apparitions médiatiques pour vanter sa réforme, et accessoirement se faire mousser, au risque de rendre son message confus.Dimanche soir, invité sur BFMTV, il entendait donner un maximum d’écho à la bonne nouvelle du jour : alors qu’est évoquée une «crise des vocations», on enregistre cette année une hausse de 46% des candidatures aux concours d’enseignants, du primaire et du secondaire. «Même dans les disciplines très déficitaires, comme les mathématiques, les lettres modernes, l’anglais et la musique, nous avons entre 50 et 75% d’inscrits en plus», se félicite-t-il. Pour lui, c’est quasiment une victoire personnelle : ce retournement de tendance a été obtenu grâce à «un discours positif [sur les enseignants, ndlr] et à la remise en place d’une formation [sacrifiée sous Nicolas Sarkozy], avec le retour de l’année de stage».
Horizon. Mais l’annonce tombe à plat. Car, interrogé sur les rythmes scolaires, Vincent Peillon, qui connaît ses dossiers à fond, ne résiste pas à un long développement sur les vacances, sur le ton professoral qu’il affectionne. Au-delà des quatre jours et demi, explique-t-il, c’est toute l’organisation de l’année scolaire qu’il faut revoir, avec une alternance de sept semaines de cours et de deux semaines de vacances, et un allongement «progressif» de 36 semaines de cours actuellement à 37 ou 38 - la moyenne en Europe. «Nous devons être capables d’avoir un zonage l’été, deux zones, et nous devons être capables d’avoir six semaines [contre les deux mois actuels de vacances d’été], c’est suffisant», s’emballe alors le ministre. Invité à préciser, il fixe toutefois un horizon lointain et incertain : «Quand vous voyez la difficulté à passer à quatre jours et demi, on commencera peut-être à discuter en 2015.»L’«information» - Vincent Peillon s’apprête à raccourcir les vacances d’été… - est alors reprise en boucle par la chaîne en continu. Et elle se propage dans les médias, qui font réagir les syndicats, les représentants des parents d’élèves, etc. Pourtant, la position du ministre est déjà connue et, en plus, rien n’est sûr. «C’est très compliqué, il faudra une très longue concertation», a-t-il pris soin de préciser.Mais en plein débat sur le passage aux quatre jours et demi, le fait qu’il revienne sur les vacances d’été, même dans une déclaration aussi floue, vient jeter le trouble, alors que le ministre fait un délicat tour de France pour convaincre les maires d’appliquer sa réforme dès septembre 2013 et qu’il espère amadouer les enseignants. Mais, pressé de convaincre et convaincu du bien-fondé de ses réformes, le ministre parle trop. Contacté par l’AFP, Matignon doit faire une explication de texte : «Cette piste n’est pas à l’ordre du jour et elle sera peut-être évoquée après 2015.»
«Gaffe».