Il y a une vingtaine d’années dans le lycée où je travaillais à l’époque, un élève a poignardé un autre élève à la sortie du lycée devant la grille. Celui-ci en est mort. Le meurtrier (mineur) a passé de nombreuses années en prison. La dispute avait pour point de départ un motif futile : un vol de Tatoo (un modèle de lecteur de SMS de l’époque).
J’étais membre du conseil d’administration du lycée et je me souviens que le Proviseur nous avait réuni en urgence pour prendre un certain nombre de décisions. Tout d’abord que faire pour éviter que cela ne dégénère à l’intérieur de l’établissement ? J’avais proposé d’organiser une série de moments symboliques pour marquer le deuil et canaliser l’émotion. Je me souviens encore, des années après, de l’émotion forte lorsque nous avions réuni dans une des cours de ce gros lycée, l’ensemble des élèves et des personnels pour une minute de silence précédée d’un appel au calme du père de la victime. 2500 personnes qui se taisent ensemble, ça fait du bruit et ça remue jusqu’au tréfonds de soi-même. J’en ai le frisson encore aujourd’hui en évoquant ce moment. Nous avions aussi ouvert des registres où beaucoup d’élèves se sont exprimés de différentes manières pour témoigner de leur chagrin et de leur soutien.
Une autre décision unanime du conseil d’administration du lycée avait été de tenir éloignés de l’établissement les médias et de n’accorder aucune interview. De même, nous étions très méfiants vis-à-vis de la récupération politique et des demandes de visites de personnalités politiques.
A l’époque, il n’y a donc pas eu dans la presse de longs articles sur la « sanctuarisation des établissements scolaires » ou la recrudescence de la violence. Aucun ministre ou recteur n’est venu présenter un nouveau plan pour détecter les armes ou installer des caméras. Cet événement tragique n’a été présenté que comme ce qu’il était avant tout, c’est-à-dire un drame personnel qui a mis dans la peine deux familles.
La suite...
9 janvier 2010
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