La petite musique des économies de postes à l'Éducation Nationale peut aussi faire des couacs dans la grande. L'association Classisco qui ouvre chaque année depuis 13 ans 5000 élèves à la musique classique et l'opéra est ainsi en passe de disparaître.
La dentelle des coûts et des rendements scolaires n'était à coup sûr pas son affaire: le préposé aux ciseaux du Rectorat de Toulouse coupe tout ce qui dépasse. Il faut dire qu'il a, comme ça, deux cents postes à passer à la moulinette.
Que Classisco, financée par subventions de la Drac, de la mairie, du Conseil général et de la Région, organise dix concerts annuels dont un Zénith pour la fête de la Musique, promène ces enfants à Bayreuth, les présente à Roberto Alagna ou fasse des ponts pour eux entre Albinoni et Zebda, sans coûter un seul euro à l'Éducation Nationale, ne pouvait pas le satisfaire: c'est un demi-poste de professeur des écoles dissipé dans la musique qui n'est donc pas consacré à l'enseignement. L'administration traitera ainsi ce demi-poste comme elle a traité ceux du Réseau d'aide et de soutien scolaire aux élèves en difficulté (Rased), d'un coup de gomme.
L'inventeur et coordinateur de Classisco, Jean-Christophe Sellin est allé s'étonner du sort fait à son invention auprès du Recteur de l'Académie. Lequel Olivier Dugrip lui aurait promis, mais sans engagement, de demander à son intendant du ciseau de reconsidérer sa coupe.
«Ce serait judicieux, en effet», apprécie le pédagogue mélomane, par ailleurs maire-ajoint Parti de Gauche de de Toulouse. Zebda sera du prochain concert de Classisco, le 4 juin, en pleine campagne des législatives. «Il serait dommage, reprend Sellin, que Magyd Cherfi ait à annoncer que ce concert est le dernier par la faute du rectorat.»