Des centaines de jeunes enseignants, privés de formation depuis la dernière rentrée, se sont rassemblés hier, à l’appel du collectif "Stagiaire impossible", devant le rectoral de Créteil. Témoignages.
« Formé nou plusse ». Ce slogan à l’orthographe approximative, porté haut sur une pancarte, exprimait clairement les attentes des professeurs stagiaires qui ont protesté, hier, devant le rectorat de l’académie de Créteil : un enseignement décent pour les enseignants. «Une fois le Capes obtenu, je n’ai connu mon affectation que le 25 août, raconte Émilia, de Toulouse. Le 30, je débarquais à Clichy-sous-Bois pour la prérentrée. Et le 1er septembre, j’étais face aux élèves, avec, en guise de formation, un DVD et deux journées d’accueil.» Comme elle, des milliers de jeunes profs ont fait les frais d’une réforme de la formation adoptée à la hâte. «Ne sachant pas par où commencer, j’ai fait durer le plus possible les présentations », explique Caroline, qui tente d’enseigner comme elle le peut à Pontault-Combault.
Le pire, pour elle, c’est le manque de temps. Elle assure seize heures de cours hebdomadaires, et non six, contrairement aux années précédentes. «Je mange, je dors, je prépare des cours, sauf le samedi après-midi.» Prof d’histoire, Pascal a dû préparer un cours sur l’islam. «Ce n’était pas au programme du Capes. Même si nous avons de bonnes connaissances théoriques, je ne me voyais pas faire un cours sur ce thème sans préparation…» La veille, il a donc fini la préparation de son cours à 2 heures du matin. «On vient de commencer, on vient d’avoir un concours difficile, on veut bien faire, mais ce n’est pas possible», se désespère Caroline.