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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 17:17

In Politis

En écho au formidable succès rencontré par le livre de Stéphane Hessel, « Indignez-vous ! », Politis.fr vous propose en accès libre le long entretien que nous avait accordé l’ambassadeur de France et ancien résistant en novembre dernier. À 93 ans, Stéphane Hessel dénonce la politique actuelle envers les immigrés. Il refuse cette société où l’on remet en cause les acquis du Conseil national de la résistance. Et prône la désobéissance et la solidarité, en France comme à Gaza.

 

Politis : Vous avez été l’un des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ces droits vous semblent-ils respectés ?

Stéphane Hessel : C’est l’occasion pour moi de revenir sur deux idées fausses. La première est que j’aurais fait partie du Conseil national de la Résistance. Or, à l’époque, j’étais à Londres, au Bureau central de renseignements et d’action. J’ai donc suivi de près le travail des camarades en France que Jean Moulin avait réussi à réunir sur un programme remarquable et important. Ce programme du CNR a été rédigé de façon intelligente par des gens qui avaient une merveilleuse liberté, puisque résistants et non pas au gouvernement. J’étais au courant de ce programme, je l’ai soutenu, mais je n’ai pas participé à sa rédaction !

L’autre erreur est de m’accorder le rôle de corédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Plus précisément, en 1948, j’étais à New York, principal collaborateur du secrétaire général adjoint chargé des droits de l’homme et des questions sociales, Henri Laugier. À ce titre, j’assistais en permanence aux réunions de la Commission dans laquelle siégeait René Cassin, principal rédacteur de la Déclaration. On peut donc dire que j’ai assisté à sa rédaction de très près et de bout en bout. Mais de là à prétendre que j’en ai été corédacteur ! Bref, le général de Gaulle et René Cassin auraient eu un rôle mineur, et j’aurais tout fait ! Cela commence à me peser ! Cela dit, ce sont deux textes auxquels je me réfère volontiers. Parce que l’un, pour la France, et l’autre, pour le monde, sont des programmes importants.

 

C’est justement l’objet de votre première indignation dans le livre que vous publiez... [1]

Exactement, dans la mesure où l’on s’éloigne de ces programmes. Je reste fidèle à une période où la gauche était au pouvoir en France, celle des premières années de François Mitterrand, qui a eu le courage de conduire la gauche au pouvoir. Certes, après Mendès France, sous la Quatrième République, une Quatrième qui sans doute a fait plus de choses qu’on ne le dit. Au reste, les Trente Glorieuses se situent principalement dans cette période. Mais je considère que depuis Jacques Chirac, et surtout avec Nicolas Sarkozy, nous sommes très loin de ces programmes initiaux. Des gens comme Brice Hortefeux, Éric Besson, Christine Lagarde, Nicolas Sarkozy lui-même sont contraires à cette volonté démocratique qui animait les membres du Conseil national.

 

Diriez-vous que nous sommes dans une période de régression ?

Oui, sur le plan français comme sur le plan mondial. Sur ce dernier, heureusement, nous avons les Nations unies. C’est ainsi grâce à elles que, pendant les années 1990, sitôt après la chute du mur de Berlin, se sont succédé d’importantes conférences. Celle de Rio, importante pour l’écologie, celle de Pékin, pour les femmes, puis Vienne pour les Droits de l’homme et Copenhague pour l’intégration sociale. Une décennie utile couronnée par l’adoption des objectifs du millénaire pour le développement, avant une décennie de recul : l’élection de George W. Bush, tandis qu’en France nous perdons Jospin et gagnons Raffarin puis Sarkozy. De mal en pis. Nous en sommes arrivés à une France qui n’est même plus présentable internationalement. Ne serait-ce que sur les Roms, il y a de quoi se flinguer… ou s’insurger ! Comme sur la façon dont la presse est dominée, ou la façon dont dominent les forces financières, ce qu’on appelait les « féodalités financières » du temps du CNR, avec un Nicolas Sarkozy à leur botte. On ne peut guère être plus attristé.

 

Existe-t-il des articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui vous paraissent cruciaux aujourd’hui ?

Cruciaux, oui. Notamment ceux qui touchent les droits économiques et sociaux, l’emploi, la sécurité, l’enseignement. Pour les libertés publiques, des progrès ont été faits dans le monde, avec quelques reculs cependant. En revanche, on ne peut être heureux ni sur le logement, en France comme ailleurs, ni sur l’école, ni sur la Sécurité sociale, ni sur les retraites, qui sont en danger.

 

Vous écrivez que « le motif de la résistance, c’est l’indignation ? » C’est-à-dire ?

C’est un peu un appel. Le sentiment le plus grave, aujourd’hui, c’est de penser qu’« il n’y a rien à faire » parce que les choses ne changent pas comme l’on voudrait et que les acteurs politiques et financiers ont toutes les cartes en main. Baisser les bras me paraît tout à fait mauvais. Je dirais donc, un peu comme Sartre, qu’« un homme qui se désintéresse n’est pas vraiment un homme ». C’est quand il commence à s’indigner qu’il devient plus beau, c’est-à-dire un militant courageux, un citoyen responsable. Se dire « on n’y peut rien », se retirer, c’est perdre une bonne partie de ce qui fait la joie d’être un homme.

 

Cela a-t-il partie liée avec la désobéissance ?

Je souligne toujours l’écart entre légalité et légitimité. Je considère la légitimité des valeurs plus importante que la légalité d’un État. Nous avons le devoir de mettre en cause, en tant que citoyens, la légalité d’un gouvernement. Nous devons être respectueux de la démocratie, mais quand quelque chose nous apparaît non légitime, même si c’est légal, il nous appartient de protester, de nous indigner et de désobéir. Dans le cas récent des enseignants qui ont désobéi, ce n’était pas pour une question de salaire mais parce qu’on a voulu leur imposer des choses au détriment des enfants dont ils ont la charge. Ils peuvent donc exciper de cela, comme les faucheurs d’OGM peuvent dire qu’il est peut-être devenu légal d’en semer mais qu’en réalité ce n’est pas légitime. La notion de désobéissance est donc intimement liée à la notion de légitimité.

 

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