Il n’est pas acceptable que le gouvernement continue à mentir aux parents d’élèves et aux citoyens de ce pays en affirmant que la formation des futurs enseignants est améliorée alors que c’est bel et bien le contraire que l’on est en train de faire.
La réforme de la formation des enseignants dite « de masterisation » n’est pour nous pas une réforme mais une suppression de la formation des enseignants. Ceux-ci auraient besoin d’une formation accrue sur les aspects professionnels propres au métier d’enseignant. Ce qui est prévu aujourd’hui ne peut correspondre aux défis de l’Ecole pour la réussite de tous. La crise sociale et économique impose d’autres choix pour l’Ecole et pour le métier d’enseignant.
La FCPE est convaincue qu’une formation professionnelle au métier d’enseignant comprenant une période par alternance est un élément déterminant dans la réussite des élèves. Pour nous, il est indispensable que, où qu’elle soit dispensée, la formation préalable des futurs enseignants intègre un nombre significatif d’heures obligatoires et évaluées consacrées à :
la connaissance et le renouvellement des pratiques pédagogiques ;
la psychologie de l’enfant et de l’adolescent ;
la gestion de classe ;
l’enseignement en classes hétérogènes ;
l’évaluation positive des élèves ;
la relation avec les parents ;
l’utilisation de ressources, matériels et contenus numériques ;
le travail en équipe ;
la connaissance du système éducatif…
Cette nécessité d’une meilleure formation professionnelle et pas seulement académique est affirmée également dans de très nombreux rapports et analyses, en particulier émanant de la représentation parlementaire. On peut citer en exemple le rapport de la mission Fourgous sur l’Ecole numérique, celui de la mission d’information sénatoriale en Finlande ou le rapport de la mission Grosperrin sur la mise en œuvre du socle commun.
La FCPE est consternée par la suppression pure et simple du cahier des charges national de formation des enseignants que prévoit le projet d’arrêté soumis aujourd’hui aux membres du CSE. La simple mention des dix compétences requises pour exercer le métier d’enseignant ne peut suffire à garantir une formation et des recrutements de qualité et la réduction à la portion congrue de la formation continue ne laisse présager d’aucun rattrapage possible.
Or, la circulaire de cadrage présentée aujourd’hui au CSE, qui ne fait que reprendre celle publiée par la ministre de l’Enseignement supérieur fin décembre et qui viendra après l’abrogation du cahier des charges, n’impose plus rien aux universités en matière de formation professionnelle dans la construction des masters conduisant aux concours de recrutement des enseignants. Il n’est pas possible que la formation des enseignants dont notre pays a besoin soit à la merci de la bonne volonté d’un président d’université.
Enfin, l’arrivée devant les élèves dès la rentrée prochaine d’enseignants non formés et non accompagnés laisse présager bien des déconvenues, voire des drames humains.
La FCPE demande le retrait de tous les textes publiés jusqu’ici et une remise à plat complète de la formation des enseignants. Elle juge indispensable que le débat soit ouvert à l’Assemblée nationale et au Sénat, afin que l’opinion publique s’en saisisse.