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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 12:26

In Mediapart

 

 

Cadre bucolique, potager attenant, l'école primaire de Bois-le-Roi, petit hameau de l'Eure, accueille six classes dans des conditions à première vue idéales. Si contrairement à bon nombre d'écoles du premier degré, rurales en particulier, cette école n'a pas été touchée par les récentes vagues de fermetures de classes, c'est uniquement parce que ses effectifs explosent. Ce village, comme ceux alentour, situé en pleine forêt mais à une heure et demie de Paris, est de plus en plus prisé par des jeunes couples qui ne parviennent plus à se loger en Ile-de-France. Ici, le foncier est plus abordable et ils peuvent s'offrir le rêve de la maison individuelle. Les demandes de scolarisation dans cette école en regroupement de communes avec le village voisin n'ont cessé d'augmenter ces dernières années. Résultat, comme les moyens ne suivent pas, l'école déborde…


 

résume Mélanie Riou, institutrice de 34 ans, originaire de Toulouse. Cela fait trois ans qu'une classe a cours dans un préfabriqué faute de disposer de suffisamment de salles. «C'est du provisoire qui dure», souffle une collègue en salle des profs. Comme le dortoir était devenu trop petit, la salle de motricité a été transformée en dortoir depuis la dernière rentrée. Pour la cantine, idem. La salle des fêtes du village, à quelques rues de l'école, accueille à midi 70 enfants. Un système D qui repose aussi sur l'implication de l'équipe.
«J'ai même eu une classe de 36 élèves !» précise cette institutrice qui sait très bien qu'avec un tel effectif, la qualité de l'enseignement n'est plus garantie. Alors que tous les experts s'accordent à dire que le niveau primaire est fondamental dans la scolarité, la France est l'un des pays qui y investit le moins. A l'arrivée au collège, près de 20 % des élèves ont des difficultés importantes en français et en maths, et pour beaucoup leur destin scolaire est déjà scellé. La situation que décrit aujourd'hui la jeune femme n'a rien d'exceptionnel. D'ailleurs, il y a encore quatre ans, lorsqu'elle travaillait dans une école de deux classes, elle avait déjà écopé d'une classe de 35 élèves de primaire sur trois niveaux. Là encore, difficile de s'occuper convenablement de tous les élèves.

 

Tout ne résulte d'ailleurs pas du coup de froid budgétaire sur l'éducation depuis 2007, précise néanmoins Mélanie Riou, qui enseigne en primaire depuis plus de dix ans : «C'est aussi le choix politique des communes qui accordent des permis de construire sans toujours regarder si et comment l'école peut suivre. Il n'y a pas d'anticipation, elles font dans l'urgence.» Dans cette petite commune rurale, les besoins qui incombent à l'école sont devenus très importants. « Nous avons pas mal de parents qui travaillent dans la banlieue parisienne. Ils déposent leurs enfants à 7 heures et viennent les chercher à 19 heures.» Assurer convenablement l'encadrement des enfants, dans ce contexte de pénurie, n'est pas toujours évident, admet-elle.

« Des choses qui auraient été inimaginables il y a quelques années »

Cette campagne électorale donne lieu néanmoins à une satisfaction : «Pour une fois, l'école est dans le débat. Cela dit, je trouve quand même dommage que cela tourne plus autour de la question du travail des enseignants – on ne travaillerait pas suffisamment – que sur la question des moyens qu'on veut bien mettre pour l'école.» Les Rased, ces enseignants spécialisés en difficulté scolaire, tout comme les psychologues scolaires, ont été laminés depuis cinq ans, considérés comme un poste d'économie d'autant plus appréciable qu'il n'est pas immédiatement visible par les parents…

Mélanie Riou, qui se dit très attachée à son métier, décrit pourtant une école primaire qui jongle pour assurer parfois le strict minimum. «J'ai un élève qui attend depuis un an une place en CLIS (classe d'intégration scolaire pour les élèves handicapés). On s'arrange comme on peut pour le faire progresser.» Derrière le discours de la rue de Grenelle assurant sur tous les tons que la question des moyens était secondaire dans l'éducation, les économies drastiques depuis cinq ans ont pourtant bel et bien grippé la machine : «On nous a par exemple alloué des heures d'AVS (assistant(e) vie scolaire), parce qu'il y avait un besoin, mais après cela il n'y a pas eu de recrutement faute d'argent.»

Comme bon nombre de ces collègues, ce qui la blesse le plus, c'est l'image des enseignants dans la société. «Aujourd'hui on entend des choses pas bien plaisantes», assure-t-elle. «Dans ma profession, j'ai très rarement été confrontée à de la paresse. J'ai toujours vu des gens très impliqués au contraire, qui ne comptent pas leurs heures.» Les instituteurs n'hésitent d'ailleurs pas à prendre sur leur propre budget pour faire fonctionner l'école. «Un tiers des livres qui sont dans la classe viennent de chez moi. Ça, c'est mon ordinateur personnel», pointe-t-elle d'un geste, en expliquant que cet investissement personnel passe aussi par des petits riens : «C'est le 10e tube de colle que j'achète avec mes sous !»


Selon elle, cette défiance envers le monde enseignant est entretenue par un certain discours politique. «L'instit qui fait ses heures et s'en va, je n'ai jamais vu ça. Quand j'entends Sarkozy dire qu'il donnera une prime à ceux qui font plus que leur temps de service, cela me fait sourire. Nous, on est bien au-delà. En plus lorsque j'ai demandé à rester dans ma classe pour pouvoir travailler en dehors des heures de cours, cela m'a été refusé par le maire pour un problème de responsabilité civile», souligne-t-elle.

Loin des discours, le quotidien que raconte Mélanie Riou est celui d'une école qui peine à joindre les deux bouts et demande toujours plus à ses enseignants. «Pour la formation, nous sommes convoqués à Evreux. Les frais de déplacements, c'est pour nous. Comme on a râlé, ils ont répondu que ce serait facultatif ! L'inspection académique a décidé qu'elle ne serait pas obligatoire mais fortement conseillée. C'est quand même bizarre», s'agace-t-elle avant de résumer : « Ces dernières années, on bricole sans arrêt.» A l'entendre, la dégradation s'est vraiment fait ressentir ces trois dernières années. «Comme il n'y a pas de psychologue scolaire, une famille a été contrainte de débourser trois cents euros pour avoir une expertise, un bilan psychologique, pour que leur enfant ait la chance de pouvoir redoubler ! Ce sont des choses qui auraient été inimaginables il y a quelques années.»

 

Dans l'éducation, les choses se dégradent trop rapidement
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