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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 11:31

In Le Monde

 

(Troisième partie de notre reportage à l'école primaire Paul Langevin)

 

Classe de CP

 

Comme nous le racontions dans le reportage précédent, l'école Paul Langevin doit faire face à des difficultés sociales de plus en plus importantes des familles du quartier, qui ne sont pas sans conséquences sur l'apprentissage des enfants.

 

Les zones d'éducation prioritaire ont justement été créées en 1981 selon le principe simple de donner plus à ceux qui ont moins. Permettre de meilleures conditions d'enseignement en diminuant par exemple le nombre d'élèves par classe et en augmentant le nombre d'enseignants pour un meilleur encadrement ; mettre en place des réseaux d'aides aux élèves en difficultés ; construire des projets sportifs, culturels, de voyages, comme autant de façons de donner l'envie d'apprendre et pout ouvrir de nouveaux horizons aux enfants du quartier. "Beaucoup ont découvert Paris avec l'école ! Ce n'est pourtant qu'à quelques kilomètres..." Mais ces dernières années, l'équipe éducative a vu tous les budgets fondre à vue d'œil, les projets se réduire, les postes disparaître ou se précariser, les réseaux se déliter.

 

Jusqu'aux enseignants malades qu'on ne peut plus remplacer. "L'an passé, une professeur a eu une hernie discale en septembre. Nous n'avons eu personne jusqu'à la Toussaint ! Donc on a dû dispatcher les enfants dans les autres classes. Résultat : eux n'avancent pas et les autres classes ne sont plus dans de bonnes conditions de travail" peste Françoise Tirante. En ce début d'année, elle a une nouvelle professeur absente : "Surprise, j'ai eu quelqu'un le premier jour. Mais maintenant on n'arrête pas de m'appeler pour que je la rende ! Qu'est-ce-que vous voulez, on a supprimé 60 000 postes d'enseignants. Maintenant, tout le monde gère la pénurie !" La fédération de parents d'élèves FCPE compte 4140 demi-journées non remplacées depuis le début de l'année en France.

 

On toque à la porte de la salle des professeurs. C'est Sophie Juste, maître E au sein du RASED, le "Réseau d'aide spécialisé aux élèves en difficulté". Elle échange quelques mots avec Françoise Tirante puis soupire : "la journée va être bien agitée aujourd'hui !" Ces professeurs sont là en plus des enseignants habituels pour travailler avec des élèves, en petits groupes, sur des difficultés d'apprentissage spécifiques identifiées en classe : retranscrire ce qu'on entend, écrire tout seul, lire... Un travail individualisé pour permettre aux élèves de rattraper leur retard.

 

"Il faudrait mettre le maximum, mais on n'est plus en condition de le faire"

L'an passé Sophie Juste exerçait avec sa collègue sur le seul groupe scolaire Langevin-Wallon : les deux écoles primaires mitoyennes, et l'école maternelle. Mais cette année, en raison de suppressions de postes d'une part, et d'ouverture de nouvelles écoles sans création de poste d'autres part, elles doivent également intervenir sur l'école du centre-ville. Une surcharge de travail qui va les obliger à arrêter l'aide dans les grandes classes de CM1 et CM2, malgré les nombreuses demandes, pour se concentrer sur les petites.  

"Aujourd'hui nous ne travaillons plus que dans l'urgence. Dans la nouvelle école sur laquelle nous intervenons, il y a 19 élèves à prendre en charge en CE1 dont beaucoup ne savent pas lire! Nous faisons les pompiers, mais ce n'est pas comme ça qu'on aide les enfants ! Et cela ne va pas aller en s'améliorant" déplore-t-elle. "Ici, nous sommes dans un endroit particulier, il faudrait mettre le maximum, mais on n'est plus en condition de le faire".

Elle se rappelle de la grande mobilisation du printemps 1998 dans le département : plusieurs semaines de grèves et de manifestations qui avaient abouti à un plan d'urgence, dit de "rattrapage" pour la Seine-Saint-Denis, avec notamment la création de 3000 postes d'enseignants. "Mais depuis, alors que la situation des familles s'est aggravée, nous avons vu tout ces moyens disparaître" explique-t-elle désemparée. "Aujourd'hui, être en ZEP a perdu tout son sens : cela veut seulement dire des effectifs moins lourds et une prime mensuelle pour les enseignants. Mais il n'y a plus aucune réflexion pédagogique, aucun projet n'est financé. Nous on continue, mais avec des bouts de ficelle..."

 

La prime mensuelle est de 80 euros. Pour un salaire de professeur des écoles en début de carrière autour de 1 600 euros brut. "Moi j'étais contre la prime" confie Françoise Tirante. "J'aurais préféré qu'on nous finance des projets". Son salaire n'est pourtant pas mirobolant : après 36 ans de carrière – 28 ans en tant qu'institutrice, 8 en tant que directrice d'école – elle gagne 2 700 euros net par mois.

Au sein de l'école, les contrats précaires sont de plus en plus nombreux. Pour l'épauler au quotidien, Françoise Tirante peut par exemple compter sur deux assistants d'éducation. Mais aucun n'est là à plein temps : ils font chacun 18 heures par semaines, payés au SMIC horaire, sur la base de contrats aidés renouvelables chaque année. "Je préférerais être là à plein temps plutôt que de devoir compléter mon salaire en travaillant dans un magasin de sport" confie l'un d'eux. En poste depuis deux ans, le contrat de Leïla Pinson se termine en mars. Mais elle ne saura que quelques jours avant s'il est reconduit pour un an. "C'est problématique de construire un travail cohérent si les personnes peuvent s'en aller en milieu d'année" déplore Françoise Tirante.

 

"Comme nous, les services sociaux ont moins de moyens et sont débordés"

 

La suite...

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