Elle tique quand elle apprend que le poste qu’elle occupe est confié à un assistant d’éducation contractuel. «Ce qui veut dire moins formé et sans expérience, alors que j’ai un rôle majeur dans l’accompagnement des élèves dans l’orientation, surtout en cette période de réforme ! C’est d’autant plus surprenant que l’on m’envoie dans un lycée pour un remplacement très court de dix jours. Pourquoi faire ça ? Rien ne colle.» Depuis, elle ne dort plus, se refait le film dans un sens puis dans l’autre. Son médecin l’arrête, elle transmet immédiatement l’arrêt de travail à sa hiérarchie… Mais reçoit deux jours après une mise en demeure, premier acte de la procédure de radiation pour abandon de poste. Les courriers se sont peut-être croisés. Possible, même s’il est très rare que l’administration dégaine aussi vite. Elle s’interroge : «Cherchent-ils à me virer parce que je me mobilise contre la réforme du lycée ? On ne m’a donné aucune explication. Je suis engagée, mais une engagée discrète.» Elle a épluché ses posts sur Facebook, «au cas où. On a tout relu avec un collègue syndicaliste pour vérifier. Je fais partie du mouvement des stylos rouges. Mais je n’ai rien posté d’agressif. Je ne comprends pas.» Contacté, le rectorat de Paris dément «toute volonté de la sanctionner. On l’a déplacée dans un autre établissement parce qu’il y avait un besoin à un moment "T" d’une CPE expérimentée. Le jour où la décision lui a été notifiée, nous n’avions pas reçu de renouvellement du congé maladie de la collègue qu’elle remplaçait. On ne pouvait pas savoir.»
11 avril 2019
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De plus en plus d'enseignants témoignent, à mots couverts, de pressions subies ou ressenties, venant de leur hiérarchie qui voudrait, selon eux, faire taire le mouvement de contestation contre les réformes en cours.
«Plus personne n’ose parler, ni même poser de questions»