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4 juin 2018 1 04 /06 /juin /2018 19:08

In Sauvons l'Université

Près de quinze jours après la délivrance des premiers résultats, un tiers des candidats n’ont toujours pas d’affectation pour la rentrée prochaine. Dans les classes de terminale, à deux semaines du baccalauréat, les professeurs principaux deviennent les réceptacles de la colère et de l’inquiétude.

Tout a commencé par une incompréhension. Lors de la découverte des premiers résultats sur la plateforme Parcoursup, le soir du 22 mai, une bonne moitié des 810 000 candidats ont eu la mauvaise surprise de constater qu’ils étaient sur liste d’attente. Certains cultivent toutefois l’espoir d’un retournement de situation rapide et s’imaginent acceptés dans la filière convoitée. D’autres, placés à des rangs plus ou moins éloignés, commencent à échafauder des plans de secours et se demandent ce qui a pu pécher. Plus de 200 000 élèves, soit environ 30 % des candidats, ont confirmé un vœu définitif deux semaines après. 600 000 ont reçu au moins une réponse depuis l’ouverture de la plateforme.

À leur décharge, les élèves n’étaient pas préparés à cela. Depuis des mois, les voix officielles du gouvernement, les députés et ministres répétaient à l’envi que Parcoursup, le successeur d’APB, serait plus efficace et surtout plus « humain ». En théorie. La ministre Frédérique Vidal a beau avoir justifié d’avoir mené cette réforme tambour battant pour « sécuriser » la rentrée, difficile de voir un succès absolu dans la procédure. Plusieurs candidats ont eu de belles frayeurs lorsqu’ils ont vu leur vœu définitif s’évaporer après l’avoir bien confirmé. Ceux-ci avaient réalisé la manipulation sur l’application mobile, vantée par le ministère – mais à éviter à tout prix, conseille le rectorat de Versailles.

Sans compter que la révélation de cette attente, prévisible pour qui maîtrise la science des algorithmes, ne s’est faite que tardivement. Le matin même de la révélation des premiers résultats, la ministre a concédé que 400 000 futurs étudiants n’auraient pas de réponses à l’issue de la première phase. En effet, cette attente découle de la nouvelle architecture du système. Désormais, les vœux ne sont plus hiérarchisés. Au temps d’APB, les élèves classaient leurs demandes par ordre de préférence. L’algorithme se chargeait d’attribuer les affectations en fonction du classement établi par le candidat et les places disponibles. Bien entendu, tout le monde n’était pas satisfait, notamment à cause du manque de places endémique dont souffre l’université. Mais aujourd’hui, avec Parcoursup, le classement s’opère en amont, par les universités qui se chargent de sélectionner leurs futurs étudiants selon des critères opaques et locaux.

Politiquement, le risque est élevé. La transformation impulsée doit réussir. Depuis des mois, Frédérique Vidal fait œuvre de « pédagogie » sur sa réforme, sillonnant les médias pour expliquer que cette loi relevait d’une nécessité impérieuse pour mettre fin au décrié tirage au sort. Lequel n’a jamais concerné guère plus qu’1 % des candidats mais a été un prétexte rêvé pour bouleverser de manière profonde l’accès à l’université. Une partie des enseignants et des étudiants ne s’en sont pas laissé conter. Ils ont protesté et la ministre ne les a jamais écoutés ni entendus, quitte à se les aliéner de manière durable. Mais au ministère, plusieurs explications sont avancées pour expliquer ce stress. D’abord, la nouveauté du système. Puis les opposants politiques que la ministre blâme.

Frédérique Vidal les accuse de multiplier les fausses informations pour nuire à la réforme et de fait instiller de l’angoisse chez les jeunes et leurs parents. Pour le ministère de l’enseignement supérieur, le précédent système en concentrant les échéances autour de trois dates était encore plus anxiogène que Parcoursup. On met en avant l’accompagnement mis en place, avec un numéro vert, pour éteindre inquiétudes et interrogations.

Mais dans le monde réel, les éléments de langage les mieux aiguisés ne parviennent pas à apaiser l’angoisse des jeunes qui rafraîchissent frénétiquement le site d’affectation pour mesurer leur avancée dans les files d’attente.

Aujourd’hui, des enseignants ont un goût amer. Ils ont dû, contre leurs principes souvent, devenir les adjuvants d’une réforme qu’ils rejettent. Ils ont aussi eu à guider les élèves dans le labyrinthe de l’orientation, souvent à l’aveugle car les informations dont ils disposaient n’arrivaient qu’au compte-gouttes et de manière parcellaires. Il a fallu endosser les doutes des jeunes. Les enseignants racontent s’être sentis encore plus concernés par ce processus mais aussi plus angoissés pour le devenir de leurs élèves.

Dans les classes, les situations sont disparates. Les têtes de classes ont souvent vu leurs souhaits exaucés. C’est le cas dans la terminale littéraire de Thibaut Poirot, professeur d’histoire-géographie et professeur principal dans un lycée de Champagne-Ardenne. Une semaine après le début de la procédure, trois de ses 36 élèves n’avaient aucune proposition. La proportion était plus élevée au départ. Avant le dévoilement des résultats, explique l’enseignant, ses élèves n’étaient pas particulièrement sujets au stress. « Ils ne l’ont pas extériorisé mais 24 heures avant ils se sont demandé s’ils n’avaient pas raté leur vie. Mais dans une certaine mesure, ils savent qu’ils se dirigent vers une société encore plus stressante que Parcoursup  », raconte-t-il.

À Montgeron, dans l’Essonne, pour une partie des élèves de Sophie Vénétitay, enseignante en sciences économiques et sociales et elle aussi professeure principale, le bilan intermédiaire de Parcousup est « globalement négatif  » jusqu’à maintenant. Le soir du 22 mai, sur 35 élèves, 21 étaient « en attente » partout ou avaient reçu des « non ».

Le lendemain, en cours, raconte-t-elle, il est difficile pour eux de faire bonne figure. Leur professeure a essayé de les rassurer tant bien que mal. «  Mais il y avait une incompréhension forte. Certains ne comprenaient pas pourquoi ils étaient si loin sur liste d’attente. Je les ai écoutés et j’ai essayé de les réconforter mais ça n’a pas empêché un élève de me dire : “On nous a menti, ça ne fonctionne pas mieux qu’APB. Je suis en attente partout.”  »

Maud Ehrhard, enseignante de sciences et techniques de la santé et du social en lycée technologique à Saint-Denis et professeur principale d’une classe de terminale ST2S, dresse peu ou prou le même constat que sa collègue de l’Essonne. Sur 28 élèves, huit ont reçu des oui fermes et les 20 autres étaient sur liste d’attente. Avant la communication des résultats, sa classe « ne savait pas trop à quoi s’attendre  » mais ils pensaient qu’ils « auraient toujours quelque chose  ». Notamment car leur professeur leur a enjoint de postuler dans des filières non sélectives en plus de leur IUT et BTS.

Dans ces moments-là, rapporte Maud Ehrhard, la professeure se mue en conseillère d’orientation et en stratégies scolaires. Et pour cause, ces élèves n’ont pour la plupart pas de support familial. Ils viennent de familles défavorisées et sont presque tous boursiers. À elle de pallier ce manque. Thibaut Poirot a lui aussi essayé de limiter les dégâts en incitant « avec fermeté  » ses élèves à ne pas se contenter de solliciter des filières sélectives, comme les classes préparatoires, très demandées, où mathématiquement les élèves ont moins de chances de décrocher des places.

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