Luc Chatel, Ministre de l’Education, a engagé son administrattion dans une recherche tous azimuts des “gisements d’efficience“
Il a en effet montré qu’il n’en avait absolument pas besoin, puisque la fiche intitulée “ Augmentation de la taille des classes dans le 1 er degré”, des documents de ce que nous avons qualifié de “Concours Lépine de la réduction d’effectifs“ (voir Moins d’élèves par classe à la rentrée dans le primaire) mentionne dans sa version du 5 Mai , la phrase suivante “les études et expériences les plus récentes indiquent que la diminution des effectifs dans les classes n’a pas d’effet avéré sur les résultats des élèves”
L’affirmation est forte, le ton montre une certitude absolue quant aux résultats et la référence aux études et expériences les plus récentes montre que ce point est, très certainement, très fortement étayé. Pour une fois, il n’est pas question de s’embarasser de ces réserves méthodologiques, de ces remarques préalables sur les conditions de l’expérimentation qui souvent, trop souvent, enlèvent de leur impact aux résultats des etudes les plus étayées (et donc les plus coûteuses).
Quand on cherche, par curiosité, probablement malsaine, pour savoir quelles études, quelles analyses ont pu permettre de forger un avis aussi tranché sur un sujet longtemps controversé, on se tourne, tout naturellement, vers les publications du service ad hoc de ce grand ministère de l’Education.
Les rapports des Inspections Générales de l’Education sont nombreux, très nomnbreux, et couvrent des champs divers, très divers (du développement durable aux livrets de compétences en passant par la philosophie au baccalauréat professionnel et le module de découverte professionnelle et bien d’autres), mais aucun ne semble porter^particulièrement sur l’impact des effectifs scolaires : la recherche par mots clés ne donne d’ailleurs aucun document consacré spécifiquement à ce thème, même si beaucoup concernent les effectifs.
Le très imposant document ”Repères et références statistiques sur l’éducation, la formation et la recherche 2009 “, une véritable Bible, pour peu que cette expression ait une dimension laïque, nous livre des chiffres sur beaucoup d’aspects de l’Education. Page 39, il nous donne ceux qui concernent ” l’évolution des effectifs du nombre moyen d’élèves par classe selon le type de classes, pour l’ensemble Métropole + DOM“, ce qui nous permet de savoir que l’effectif moyen par classe est très sensiblement le même que celui constaté il y a une vingtaine d’années. Pour le primaire, il était pour l’année scolaire 1990-1991 de 22,5, il est pour l’année scolaire 2008 2009, dernières statistiques parues, de 22,6. Mais au delà de ces données brutes, et significatives, ce riche document ne comporte aucune indication sur le lien entre effectifs et résultats.
La seule étude que nous allons trouver sur le site du Ministère de l’Education est celle réalisée par Thomas Piketty et Mathieu Vladenaire, de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, intitulée “L’impact de la taille des classes sur la réussite scolaire dans les écoles, collèges et lycées français”, publiée en Mars 2006, dans la collection “Evaluations et Statistiques“, sous le numéro 173. Nous sommes là au coeur du sujet.
Sa présentation, pour son volet concernant l’enseignement primaire, est la suivante “Cette étude … utilise les données du panel primaire 1997 … et exploite les discontinuités liées au franchissement des seuils d’ouverture et de fermeture de classes pour estimer l’impact des tailles de classes réduites sur la réussite scolaire. Au niveau des écoles primaires,l’étude met en évidence grâce à cette méthode des impacts positifs nettement plus élevés que ceux supposés habituellement. Une réduction d’un élève par classe de la taille de CE1 conduit à une augmentation de 0,7 point du score obtenu par les élèves défavorisés aux évaluations de mathématiques de début de CE2 ... une forte politique de ciblage (réduction supplémentaire de cinq élèves des tailles de classe en ZEP, à moyens constants) conduirait à une réduction supplémentaire de 46 % de l’inégalité de réussite scolaire.”