Le 03 septembre 2010, à l’Assemblée nationale, le député de Loire-Atlantique François de Rugy a déposé et défendu, au nom des 4 députés verts, lui-même plus Yves Cochet, Noël Mamère et Anny Poursinoff, un amendement à la contre-réforme des retraites que veut nous imposer le gang de Neuilly et Chantilly réunis. Cet amendement 249 rectifié propose « un alignement rapide et effectif » des régimes de retraite des parlementaires et des ministres sur le régime général réformé par ledit gang des serviteurs de la haute-bourgeoisie. Cet amendement est bien sûr rejeté à la quasi unanimité par les « représentants de la Nation », à la seule exception des députés verts. Socialistes, communistes et députés du parti de Gauche confortent ce rejet en s’abstenant. Par la suite, des messages circuleront sur Internet pour faire accroire que les députés du PC et du PG ont voté pour cet amendement, les socialistes ne prenant même pas la peine d’allumer un quelconque contre-feu. Je n’ai trouvé aucun document confirmant un tel vote, et ces messages, jusqu’à preuve du contraire, me semblent mensongers.
Pour enfoncer le clou, à condition d’avoir le coeur bien accroché, on peut lire et voir l’intégralité du nauséeux débat sur cet amendement sur le très original site Agissons ensemble ! (Association pour une démocratie directe).
Le tout s’est passé dans la plus grande discrétion, les courageux (?) députés verts eux-mêmes n’ayant pas vraiment fait étalage de leur « action » avant que ce scandale n’éclate au vrai grand jour. Aucun média, pas même de troisième ordre, n’a relayé cette information. Problème pour ce qu’il faut bien appeler en l’occurrence notre « classe politique », ou « politico-médiatique » : les simples citoyens qui font une bonne partie du Web se sont mis en branle pour faire circuler cette infamie. Presque un mois et demi plus tard, le 16 octobre 2010, un média du Web institutionnel, Rue89, s’est enfin senti obligé de relayer les messages qui couraient en tous sens sur la toile, dans un article intitulé Retraites : la réforme suspendue (pour les parlementaires). Cette incontrôlable « cyberdémocratie », comme lors de la campagne de 2005 sur la constitution européenne, a fini par obliger les loups à sortir de leur confortable tanière. Voir, toujours sur Rue89, l’article du 21 octobre 2010 fort justement intitulé Retraites des parlementaires : Accoyer sous la pression du Web. Bien sûr, le contre-feu allumé par Bernard Accoyer ne convaincra guère que les désolants naïfs qui avaient cru aux promesses de campagne de la petite frappe de Neuilly.
Comme chacun le sait ou devrait le savoir, la réforme actuelle des retraites est une application d’une politique européenne fort consensuelle dans la classe politique européenne : ne jamais oublier, en particulier, que le report de la retraite à 65 ans (nous n’y sommes pas encore !) a été adoptée par l’attendrissant couple cohabitant Jacques Chirac / Lionel Jospin à Lisbonne, en 2000. Ne pas perdre de vue non plus que la pire attaque antisociale contre une population européenne est actuellement menée par le socialiste Geórgios Papandréou, fraîchement élu pour faire le contraire de ce qu’il fait – alors même que le PASOK grec a une réputation quasi gauchiste parmi les résidus actuels de la social-démocratie européenne, bien plus encore que notre PS national ! Certaines déclarations récentes de Martine Aubry, ajoutées à son pedigree familial, me font penser qu’elle risque fort de concurrencer M. Papandréou en 2012. Son « nous reviendrons aux 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler tôt et qui ont eu des travaux pénibles » en dit long sur la minceur de l’écart qui la sépare du président du Fouquet’s. Sans parler d’un autre résidu notoire du mitterrando-jospinisme, DSK, propulsé à la tête du FMI par le fils « spirituel » de Charles Pasqua, qui soutient ouvertement la réforme Sarkowoerth.
Pour encore enfoncer le clou de ce pourrissement généralisé des « élites » politico-étatiques, à propos cette fois des « régimes » de retraite des hauts fonctionnaires européens, lire un article du pourtant très droitier magazine Le Point, daté il est vrai du 19 mai 2009, intitulé Les retraites en or de l’Europe, ou, sur le site militant Sauvegarde Retraites, l’article intitulé Les retraites de nababs des technocrates européens.
Et ne parlons pas des parachutes dorés des dirigeants des grands groupes industriels et financiers qui se chiffrent en millions ou dizaines de millions d’euros, même quand leurs extraordinaires compétences menacent de couler leurs sociétés ! Ni des jetons de présence de Madame Chirac, entrée au conseil d’administration du groupe LVMH pour son « œil féminin », lequel regard à la légendaire vivacité devrait lui rapporter quelques dizaines de milliers d’euros annuels en jetons de présence ! Ni de Florence Woerth (oui, celle-là, la légitime du réalisateur-vendeur de la liquidation du droit à la retraite), qui entre au conseil de surveillance d’Hermès, ce qui devrait lui permettre à elle aussi de gratter quelques dizaines de milliers d’euros par an !
Comme l’écrit joliment un certain affreuxjojo dans les commentaires qui suivent l’article de Rue89 intitulé Retraites des parlementaires : Accoyer sous la pression du Web évoqué plus haut :
« Qui sème des privilèges récolte des révolutions. »