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12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 20:15

Depuis mercredi 5 mai au matin, l’école primaire occupe une part de l’actualité : articles dans la presse (Le Monde, Le Parisien, Le Télégramme...), reportages radiophoniques.

 

De nouveau l’école primaire est critiquée. Cette fois-ci, c’est par un rapport de l’Institut Montaigne, un think tank soutenu par des entreprises dont le président du comité directeur n’est autre que le président d’honneur d’un groupe d’assurances. [1] Selon cet Institut, l’école serait responsable de la dégradation du niveau moyen des écoliers et aggraverait les inégalités sociales. Des positions de principes, qu’aucune réflexion sérieuse, qu’aucune preuve ne vient véritablement étayer.

 

Le nouveau rapport « Vaincre l’échec à l’école primaire » [2] s’inscrit dans la logique de réforme libérale de l’Education par le gouvernement. L’institut en question propose d’agir sur la réorganisation des cycles, la réduction du doublement et le soutien aux élèves en difficulté, le temps et le rythme scolaires (semaine de 5 jours, vacances d’été raccourcies…), le métier d’enseignant (notamment : une formation en alternance dès la licence). Ces questions méritent d’être débattues — ce que l’Institut n’envisage évidemment pas. Le plus important étant de faire évoluer l’école vers le modèle de l’entreprise, à grand renfort de constats « volontairement » alarmistes qui laissent croire que l’école s’en va à vau-l’eau.

 

En effet, la formation des enseignants, déjà grandement dégradée par la réforme actuelle, est dans leur collimateur : l’Institut préconise une formation continue hors temps de travail, une revalorisation pour rendre le métier plus attrayant, des postes spécifiques de direction pour du management d’équipes… Deux titres de chapitres y sont particulièrement éloquents : « Comment fabriquer un maître efficace » et « Quels modes de gouvernance et de pilotage ». Selon les auteurs du rapport, l’école deviendra plus efficace grâce à un bon management, grâce à la diffusion de la culture du résultat ; ils plaident pour une transformation de l’école qui se calquerait sur le fonctionnement du collège : il conviendrait de créer un corps hiérarchique intermédiaire (les directeurs d’école seraient dotés d’un statut) et transformer les écoles en EPEP. [3]

 

L’enjeu n’est pas de « vaincre l’échec à l’école primaire ». Si tel était le cas, parole serait donnée aux acteurs de terrain qui savent l’importance d’une scolarisation précoce dans de bonnes conditions, la nécessité d’une formation initiale et continue des enseignants de qualité, et qui demandent, à l’opposé des stratégies managériales, des temps de concertation et de travail en équipe, des moyens enfin à la hauteur des besoins de leurs élèves… Autant d’exigences que le rapport n’évoque même pas.  

A SUD Education, nous nous opposons aux contre-réformes libérales que vient nourrir ce genre de rapport. Ne nous laissons pas imposer le modèle d’école qu’ils projettent !

 

[1] voir le site de l’Institut Montaigne à http://www.institutmontaigne.org/co...

[2] http://www.institutmontaigne.org/me...

[3] Dans une précédente publication intitulée « Vers des établissements scolaires autonomes » (novembre 2001), il préconisait déjà la mise en place de ce qu’on appelle maintenant les EPEP. Dans le rapport d’avril 2010, on trouve les propositions suivantes : « Proposition n° 10 : Prendre le décret d’application pour la création d’établissements publics d’enseignement primaire (EPEP) expérimentaux tel que prévu par la loi relative aux libertés et responsabilités locales du 13 août 2004. Proposition n° 11 : Sélectionner et former des directeurs d’écoles de qualité exerçant un réel pouvoir de pilotage de leur établissement ».

12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 20:06

In Le Monde

 

entretien avec René Clarisse, chronopsychologue, professeur à l’université de Tours, spécialiste des rythmes scolaires


C03-27.jpgToine :  Les enfants passent-ils trop de temps à l'école ?

René Clarisse : Ce qui doit être pris en compte, c'est l'âge de l'enfant. Car effectivement, ce que l'on peut relever, c'est que la durée de la journée est la même pour un enfant de maternelle que pour un enfant de 10-11 ans. Il faudrait ajuster le nombre d'heures en fonction de l'âge de l'enfant.

Ce qu'il faut savoir, c'est que l'apprentissage de la lecture se fait sur trois ans. En d'autres termes, il y a des enfants qui peuvent être prêts à 5 ans, alors que d'autres devront attendre l'âge de 6 ou 7 ans.

Cela explique que l'apprentissage de la lecture se fait de manière progressive. Pour répondre à votre question, je dirai que ce qui importe pour les plus jeunes, les petits, c'est la diversité des activités. Il faut que les activités soient aussi très courtes.

Pourquoi des séquences courtes ? Tout simplement parce que le jeune enfant est plus fatigable. L'enfant jeune, pour autant, est tout à fait capable de recevoir des apprentissages. Enfin, la construction de l'enfant se fait aussi par des temps libres. Ne rien faire est aussi source de développement.


yannick :  On parle souvent de la durée des vacances d'été, mais on oublie que les vacances d'hiver sont étalées afin de permettre aux gens de remplir correctement les stations de ski. Que vaut le rythme de l'enfant par rapport aux interêts économiques?

Le point essentiel, c'est le respect d'une alternance de sept semaines travaillées et deux semaines "vaquées". Pourquoi deux semaines ? Parce que c'est le minimum de congé pour qu'un enfant soit bien reposé. Plus précisément, il faut, pour l'enfant comme pour l'adulte, quatre à cinq jours pour se désynchroniser du temps de travail.

Ce qui fait que c'est bien la deuxième semaine qui portera tous ses fruits, puisque dans ce cas, l'enfant sera synchronisé sur le temps vacant. De la même manière, il faudra quatre à cinq jours pour se resynchroniser sur le rythme travail. Il faudrait donc grignoter sur le temps des congés d'été.


dothy : Préconisez vous des vacances plus longues ou des temps scolaires plus courts ?

Ce qui est important, c'est moins d'heures dans la semaine et un étalement plus important sur toute l'année. Cela justifie le fait qu'on réduirait du coup les congés d'été.

pitouf :  Pourquoi la France maltraite-t-elle autant ses enfants ?

La prise en compte de l'élève dans l'aménagement du temps scolaire est une perspective assez récente. Si les politiques d'aménagement du temps scolaire existent depuis fort longtemps, elles ont en revanche ignoré jusqu'à une période très récente que c'est l'enfant qui est au centre de l'acte d'éducation.

Les politiques d'aménagement du temps scolaire remontent à l'école de Jules Ferry. En fait,  l'école de Jules Ferry va constituer un moyen et un enjeu fort pour légitimer les valeurs de la nouvelle IIIe République.

Plus précisément, il faut capter toutes les classes sociales et contrer la prédominance de l'Eglise. C'est cela qui va entraîner les premiers aménagements du temps scolaire. L'obligation scolaire et la permanence scolaire, accompagnées de la gratuité, vont être les éléments décisifs de cette nouvelle organisation.

En résumé, dès cette période, pour les écoles primaires, les grandes vacances sont limitées à six semaines, les petites vacances sont quasiment inexistantes. Enfin, la durée hebdomadaire est de 30 heures. Donc on peut dire que c'est bien le premier aménagement qui a été mis en place.

 

Guest :  Que pensez-vous d'une semaine de quatre jours et demi de classe, le mercredi matin étant travaillé ? Personnellement, j'ai deux enfants aux collège qui suivent ce rythme et je trouve très fatigant pour eux de se lever tôt tous les matins.

La France a connu trois dispositifs : 4,5 jours avec samedi matin travaillé ; 4,5 jours avec mercredi matin travaillé ; et enfin 4 jours. Pour ma part, je pense que le 4,5 jours avec samedi matin travaillé reste la meilleure solution. Le 4,5 jours avec mercredi matin travaillé est un compromis. Et le 4 jours serait à éviter.

Ce qui rapproche le 4 jours et le 4,5 jours avec le mercredi matin travaillé, c'est la désynchronisation d'un week-end trop long.


claude :  Quels sont les moments de la journée pendant lesquels l'enfant est le plus disponible pour l'apprentissage ? Diffèrent-ils en fonction de l'âge ?

Première chose : les travaux qui ont été menés tant en chronobiologie qu'en chronopsychologie indiquent que l'attention, qui est prédictive d'un bon apprentissage, progresse du début de matinée jusqu'en fin de matinée, puis diminue pour à nouveau reprogresser l'après-midi.

Donc il faut privilégier les nouveaux apprentissages en fin de matinée et en fin d'après-midi. En revanche, le début de matinée et le début d'après-midi doivent être consacrés à des activités moins soutenues. Les moments reconnus comme les moins favorables, tôt le matin ou en début d'après-midi, doivent être réservés à des activités familières et maîtrisées.

 

La suite...



12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 14:08

In Le Monde

 

C'est le constat dramatique d'un dysfonctionnement généralisé, de la maternelle à la fin du lycée, que tire la Cour des comptes de son analyse du système scolaire français. Présenté mercredi 12 mai lors d'une conférence de presse, le rapport de la Cour (200 pages), intitulé "L'éducation nationale face à l'objectif de la réussite de tous les élèves", repose sur deux ans d'auditions des meilleurs spécialistes de notre système éducatif et une enquête de terrain dans 60 établissements de six académies (Aix-Marseille, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Orléans-Tours, Montpellier, Paris et Versailles), ainsi qu'en Ecosse, Espagne et Suisse.

 

Contrairement à ce que pensent nombre de Français de leur école – et malgré un budget qui est le premier de l'Etat –, la politique de l'éducation nationale aggrave les inégalités et produit trop souvent de l'échec. Un constat dû en grande partie au fait que le système impose et empile d'en haut ses directives et ses réformes sans tenir compte des besoins de l'élève ni vérifier leur efficacité sur le terrain.

 

Un échec aussi à aller chercher dans le fait que "l'école secondaire est encore gérée sur la base de décrets datant de 1950, quand on avait 5 % de bacheliers !" Pour inverser la tendance et renouer avec la "réussite de tous les élèves", le rapport préconise de placer enfin réellement l'élève "au cœur du système", notamment en tenant compte de ses manques et de ses besoins.

 

D'autre part, en changeant radicalement d'approche dans la gestion du système : "Il est désormais impératif de remplacer la logique de l'offre scolaire – qui repose sur des moyens alloués en fonction des programmes : tant d'heures de cours, qui signifient tant d'enseignants, qui signifient tel budget –, par une logique fondée sur la demande, c'est-à-dire sur une connaissance nettement plus précise des besoins des élèves", insiste le rapport.

Au cours de leur enquête, menée de fin 2007 à septembre 2009, les conseillers de la troisième chambre ont ressenti "un grand intérêt du terrain, qui supplie que ça bouge, mais aussi un fort découragement et épuisement devant les effets d'annonce".

 

En conclusion, le rapport de la Cour énumère 13 propositions réparties en quatre grands chapitres. Elles vont de la reforme de la gestion du système éducatif à la révision de l'organisation des emplois du temps et des rythmes scolaires, en passant par la réorganisation des classes (quels élèves dans quelles classes ?), l'affectation des enseignants (quels enseignants devant quels élèves ?) et une refonte de l'aide apportée aux élèves en difficulté.

10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 07:51

In Le Mammouth Déchaîné

 

Fermetures annoncées d'établissements scolaires


X. Darcos, Paris Match.com du 27.08.08 : « Les établissements qui perdent des élèves conservent leurs moyens : ils ont ainsi des classes moins chargées. Si un collège perd tous ses effectifs, il fermera. Mais c’est très loin d’être le cas. [...] ». (on en parlait déjà sur le Mammouth, souvenez-vous)

C03-27.jpgQuand la preuve, en images, dépasse même les prévisions les plus optimistes...


Mammouth déchaîné — La Nouvelle république du Centre ouest nous apprenait au milieu de la semaine dernière (exactement ou encore et ) que le Conseil Général de l’Indre-et-Loire allait fermer 5 à 6 établissements scolaires du second degré dans le département. Opération à hauts risques effet. La présidente du CG, la socialiste Claude Roiron, parle de mesures « d’économies d’échelle », qui semblent faire, d’après ses déclarations, consensus au sein du CG.

Il en allait donc ainsi face au désengagement de l’Etat ? Le bon prétexte...


Depuis, les choses se précisent. Sur l’agglomération de Tours, des collèges sont particulièrement visés :
deux collèges de ZEP (on dit désormais Ambition réussite). Deux petits établissements qui accueillent une population particulièrement fragilisée il est vrai, et qui connaissent une absence de mixité sociale.
Absence organisée par une politique sociale particulièrement mal gérée par la droite comme par la gauche. A Tours, le premier collège est au coeur du quartier du Sanitas, composé à 100 % de logements sociaux (9000 habitants aujourd’hui), inauguré l’année ou Jean Royer accède à la mairie (1959). Le second à Saint-Pierre-des-Corps, ville communiste depuis 1920, au coeur de la Rabaterie, quartier qui lui aussi résulte de l’urbanisme si en vogue dans les années 60 et 70
, où vit là encore une population particulièrement défavorisée.

La suppression de la carte scolaire, comme effet d’aubaine ?


Libération reprend aujourd’hui l’argumentaire de la présidente du Conseil régional pour justifier ces fermetures : les nécessaires économies et surtout la réduction des effectifs, inexorable. Enfin, inexorable surtout depuis l’assouplissement de la carte scolaire (mesure Darcos) qui fait que les classes moyennes - d’ou sortaient les élèves les meilleurs - fuient, malgré des taux de réussite au Brevet qui (au Sanitas au moins) restent honorables. Voilà ce qui offre une opportunité inattendue pour justifier des » réductions d’échelle ».
Tant pis si les populations concernées devront désormais se déplacer pour être scolarisées : le Conseil général paiera bien une obole pour financer ces déplacements. Prendra-t-il en charge toute la carte de bus ?

Transformer le mal en bien

Mieux encore pour le Conseil Général, voici
l’occasion rêvée pour mener une campagne contre la ghettoisation de ces quartiers. La fermeture est un outil pour casser le ghetto. Mais pourra-t-elle faire autre chose que cacher le bouton purulent où s’exprime la fièvre de ghetto ? En tout cas la campagne est lancée, sur le dos de ceux qui y vivent. Encore en faudra-t-il pour les socialistes en capitaliser le profit.
Voici donc comment faire de mauvaise fortune bon coeur
(comprendre : de la bonne propagande) : transformer une réduction organisée des moyens en une politique active en faveur d’une (certaine) idée de la mixité sociale.

L’Indre-et-Loire constitue-t-il un laboratoire d’essai ?

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 21:48

In Faire entendre les exigences citoyennes sur les retraites

 

 

Le gouvernement français s’apprête à engager une nouvelle réforme qui risque de porter un coup fatal au système de retraite par répartition en jurant une fois de plus que c’est pour le sauver. Le bilan des réformes menées depuis 1993 est déjà catastrophique car toutes les dispositions prises (calcul sur les 25 meilleures années, indexation sur les prix et non plus sur les salaires des actifs, allongement de la durée de cotisation sous peine de décote…) ont déjà fait baisser le niveau des pensions d’environ 20 %.  Elles ont aggravé les inégalités déjà fortes entre les pensions des hommes et des femmes. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) prévoit que le taux de remplacement moyen – niveau de la retraite par rapport au salaire, passerait de 72 % en 2007 à 59 % en 2050. Cette dégradation continuera donc de frapper les actuels retraités et touchera également les générations suivantes.

 

Malgré ce bilan désastreux, le gouvernement veut aller encore plus loin en supprimant l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans en le portant à 62, voire 65 ou 67 ans, comme le demande le Medef, et en remettant en cause le calcul sur les six derniers mois d’activité des retraites du secteur public. Jumelées avec un nouvel allongement de la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein, ces mesures condamneraient à la pauvreté la plupart des futurs retraités, surtout les femmes et tous ceux et celles qui ont connu et connaîtront des périodes de chômage et de précarité importantes. Ce sont les salarié-es les plus jeunes qui subiraient les effets cumulés de ces orientations au moment de partir à la retraite.

 

Le gouvernement et le patronat persistent à vouloir durcir les conditions de départ en retraite alors même que les entreprises continuent de se débarrasser des salariés âgés avant qu’ils aient acquis la totalité de leurs droits. Exiger que les salariés travaillent et cotisent plus longtemps, alors que l’âge moyen de cessation d’activité est de 59 ans, ne vise qu’à baisser le niveau des pensions. De plus, cette logique remet en cause la solidarité intergénérationnelle. Il n’y a aucun sens à augmenter l’âge de la retraite alors que le chômage de masse sévit pour les jeunes. Au lieu de voir dans la retraite par répartition une transmission perpétuelle et solidaire de la prise en charge d’une génération par la suivante, le gouvernement et le patronat, afin d’attiser la division, la stigmatisent comme un fardeau pour la seule génération à venir.

 

Le danger ne s’arrête pas là. Le COR dessine les contours d’une réforme pour remplacer notre système par un autre « par points » ou « par comptes notionnels ». Dans les deux cas, il s’agirait de ne plus avoir à assurer un taux de remplacement du salaire défini à l’avance et de faire de la variation du niveau des pensions le moyen d’équilibre financier des régimes. Cela aggraverait encore la baisse du niveau des pensions et contraindrait les salariés, particulièrement les salarié-es pauvres et effectuant les travaux pénibles, à travailler toujours plus longtemps.

 

La vraie raison des mesures qui s’annoncent n’est pas liée à la démographie. La crise financière a provoqué une récession et donc une flambée des déficits publics. Les États continuent benoîtement à financer leurs déficits en empruntant sur ces mêmes marchés financiers qui ont provoqué la crise. Réduire ces déficits pourrait se faire par une taxation du capital. Mais les spéculateurs refusent évidemment cette solution, demandent que les États donnent des gages et exigent une réduction des dépenses publiques.

 

Une alternative à cette régression sociale existe pourtant. A moins de décréter la paupérisation des retraité-es, il est normal de couvrir les besoins sociaux liés à l’augmentation de leur part dans la population par un accroissement des prélèvements sur la richesse produite. Les déficits des caisses de retraite sont essentiellement dus au refus obstiné de le faire. Pourtant, le besoin supplémentaire de financement nécessaire aux retraites est réalisable puisqu’il a été chiffré en 2007 par le COR entre 1 et 2 points de PIB jusqu’en 2050, à comparer avec la chute de la part de la masse salariale de 8 points au cours des dernières décennies et avec l’explosion correspondante des dividendes, qui sont passés de 3,2 % du PIB en 1982 à 8,5 % en 2007. Il est donc juste d’augmenter la part des salaires et des pensions dans la richesse produite en s’attaquant aux profits. Le financement des retraites est possible à condition d’en finir avec l’actuel partage éhonté de la richesse au bénéfice des revenus financiers. C’est ce partage qui constitue le tabou à faire sauter, et non l’âge de départ. Il s’agit là d’un choix politique de justice et de solidarité.

 

La question des retraites pose celle de la société dans laquelle nous voulons vivre. Nous ne pouvons accepter la paupérisation programmée des futurs retraité-es, l’idéologie absurde du « travailler toujours plus » et la destruction des solidarités sociales. Nous souhaitons contribuer à une vaste mobilisation citoyenne (réunions publiques, appels locaux…) pour stopper cet engrenage.

 

 

6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 20:12

In Libération

Trois ans après l'assouplissement de la carte scolaire, quelles conséquences? Les bons élèves ont-ils fui les lycées se coltinant une mauvaise réputation? Y a-t-il une compétition entre les établissements? Regrettant «l'absence de transparence» du gouvernement sur le sujet, le syndicat des personnels de direction de l'Education nationale (SNPDEN) a mené l'enquête auprès de 2758 collèges et lycées (lire en pdf). Entretien avec Philippe Tournier, secrétaire général du syndicat.

 

En novembre dernier, un rapport de la Cour des comptes accusait déjà cette nouvelle carte scolaire de créer des ghettos. Vous confirmez ?

C'est évidemment les établissements les plus fragiles qui sont les plus touchés. 30% des collèges et lycées classés ZEP-RAR (zone d'éducation prioritaire-réseau ambition réussite) jugent que la libéralisation de la carte scolaire a eu un impact négatif. C'est une difficulté supplémentaire pour ces collèges et lycées. Beaucoup de chefs d'établissement constatent une baisse des effectifs, avec le départ bien souvent des élèves les plus favorisés. Cela amplifie le mouvement de ghettoïsation.

 

Plus étonnant, vous relevez des conséquences dans les petites villes sur les établissements de niveau moyen.

Oui, et c'est peut-être cela le plus alarmant. L'assouplissement de la carte scolaire suscite des départs qui n'auraient pas eu lieu autrement, et déstabilise complètement l'équilibre qu'il pouvait y avoir dans certaines villes.

Prenons le cas d'une agglomération de 30.000 habitants, avec deux ou trois collèges de taille moyenne et d'un niveau à peu près semblable. Jusqu'ici, les élèves allaient sans trop se poser de question au collège le plus proche avec la garantie d'une qualité moyenne. Mais, avec l'assouplissement de la carte, les parents ont désormais le choix. A partir de là, leur raisonnement change: «Puisque j'ai le choix, c'est qu'il y a des différences». C'est un peu comme pour le numéro des renseignements. Avant on faisait le 12 sans se poser de questions. Aujourd'hui, il y a plein de 118. Sur quels critères choisit-on l'un plutôt que l'autre ?

Certains collèges se forgent une meilleure réputation que d'autres tout simplement parce qu'ils sont en centre-ville dans un immeuble ancien... Il suffit que quelque parents demandent une dérogation dans le but que leur enfant aille dans cet établissement «présumé meilleur» pour que les autres suivent. Une fois le mouvement enclenché, ce qui n'était qu'une image devient une réalité. On créé des établissements à risques qui ne l'étaient pas auparavant.

 

L'un des arguments des partisans de la suppression de la carte scolaire était de dire: «il faut laisser le choix aux familles, elles se tourneront moins vers le privé». Est-ce que ça marche?

C'est faux.

 

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 17:26

 

 

Le CSE du 6 mai doit étudier le projet d’arrêté « portant définition des compétences à acquérir par les professeurs, documentalistes et conseillers principaux d’éducation pour l’exercice de leur métier » signé par les 2 ministres de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Ce référentiel était annexé au cahier des charges de la formation de 2006 que les ministres ont décidé d’abroger. Ils ont fait le choix de ne plus publier de cahier des charges et proposent seulement une circulaire d’application, qui ne donne aucun cadrage national de la formation disciplinaire et professionnelle des futurs enseignants. Par ailleurs ce projet de circulaire pose de multiples problèmes sur la définition du métier qu’elle induit, sur les stages, non obligatoires en MASTER et sur l’encadrement de ceux-ci. La définition et l’organisation de l’année de stage post concours maintiennent toutes les insuffisances et dangers dénoncés et les formes de mise en œuvre contestées par la FSU. La suppression du cahier des charges confirme l’éclatement du cadre national de la formation et le renvoi aux académies et départements d’une part importante de la formation après le concours.

 

La FSU dénonce une fois de plus le manque d’ambition pour la formation des enseignants, le désengagement du Ministère de l’Éducation Nationale qui renvoie toute responsabilité de la formation aux universités et aux rectorats, en fonction des possibilités locales. Elle rappelle sa volonté que soit mis en place un véritable cadrage national de la formation des enseignants.

 

C’est pourquoi, la FSU boycotte le CSE du 6 Mai.

 

A ce jour, tout reste à faire pour améliorer la formation des professeurs, documentalistes et CPE partout sur le territoire, l’objectif étant l’amélioration et la démocratisation de l’accès aux savoirs et la réussite des élèves et des étudiants de la maternelle à l’université. Maintenant et plus que jamais s’impose l’abandon et la remise à plat de cette réforme qui constitue, en l’état, une importante régression du système éducatif. La FSU rappelle son exigence du maintient des Iufm.

 

Devant une opposition de la communauté éducative à un niveau rarement atteint, il est temps de sortir du labyrinthe qu’est devenue la formation des enseignants pour les étudiants, les nouveaux recrutés et pour leurs formateurs.

 

A quatre mois de la rentrée scolaire, il est temps de mettre un terme à deux années d’improvisation et de mépris. L’avenir de la jeunesse est en cause.

 

La FSU appelle tous les personnels à participer à une journée nationale décentralisée le jeudi 20 Mai sur la formation des enseignants.

 

Noter que, à l’appel de la FCPE, l’UNSA et le SGEN ont annoncé le 5 mai une décision identique.

6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 17:16

SUD Éducation et l’Union syndicale Solifaires ont décidé, comme la FCPE, de ne pas siéger au Conseil supérieur de l’éducation du 6 mai 2010.

 

En effet, le ministère, contre l’avis d’une large majorité de syndicats et d’associations du monde de l’Éducation, s’entête dans la voie d’une réforme désastreuse de la formation des maîtres, dès la rentrée prochaine. Les textes présentés pour avis à ce CSE confortent notre opposition de la première heure.

 

  • Les stages facultatifs pour les étudiants préparant les concours d’enseignement sont maintenus malgré toutes les critiques portant sur la prise en charge de classes par des étudiants et dans ce contexte.
  • Les conditions d’exercice des professeurs stagiaires (en première année) sont encore aggravées. Une partie de leur formation est prévue en dehors du temps de service, tout en renvoyant sa définition à l’échelon local des rectorats. Le compagnonnage (« tutorat ou autre ») est entériné, alors que sont annoncées des actions d’approfondissement, portant sur l’acquisition des compétences exigées des nouveaux enseignants et CPE.
  • Le contenu de ces 10 compétences laisse la porte ouverte à de multiples dérives. Au-delà de quelques principes très généraux, c’est aussi la conformité et l’adhésion à la politique actuelle qui sont exigées de la part des candidats. Ainsi, ils sont sommés de participer à la conception des aides individualisées dans le 1erer degré ou de refus de la réforme du lycée se sont clairement exprimés ces derniers mois.
  • Rappelons que nous contestons l’existence même de cette épreuve. Les futurs candidats seront supposés faire la preuve de leur « bonne moralité », au cours d’un entretien d’une vingtaine de minutes avec le jury (« exposé du candidat dix minutes à partir d’un document fourni par le jury et entretien avec le jury de dix minutes »).
    Cette épreuve qui occupe en apparence une place mineure (par exemple 6 points sur 20 dans l’épreuve d’oral du Capes/JO du 6 janvier 2010) est en fait éliminatoire en cas de zéro. Cette disposition nous paraît donc des plus dangereuses car elle suggère une volonté de contrôle des consciences, étrangère à la tradition de l’École républicaine depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle laisse la porte ouverte à un tri idéologique des enseignants. Les concours de recrutement ne devraient évaluer que les compétences disciplinaires et les aptitudes pédagogiques des candidats.

 

C’est pourquoi :

 

  • nous demandons solennellement à Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale que l’évaluation de la compétence « Agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable » soit retirée au plus vite de l’ensemble des concours de recrutement de l’Éducation Nationale, pour lesquels elle est aujourd’hui programmée ;
  • nous demandons de nouveau l’abandon de la réforme actuelle de la formation des maîtres.
5 mai 2010 3 05 /05 /mai /2010 15:20

 "Nous produisons 20 % d'élèves en échec scolaire : à l'échelle d'une génération (20 ans), cela fait 3 millions de jeunes qui quittent l'école à 16 ans sans aucun diplôme. Nous avons environ 20 % d'une classe d'âge qui sort sans diplôme et autant qui sort à bac +3. C'est très loin des objectifs de 80 % d'une classe d'âge au niveau du bac et de 50 % avec un diplôme du supérieur", déplore Laurent Bigorgne, directeur des études de l'institut Montaigne (club d'inspiration libérale - on s'en serait douté !). Ce "bilan" serait la faute à l'école primaire et maternelle.

 

Parmi les propositions livrées dans le rapport de l'Institut Montaigne, on trouve :

- L'apprentissage de la lecture dès la Grande Section de maternelle;

- La semaine à 4 jours 1/2 voire 5 jours, allongement de l'année scolaire de 36 à 38 semaines - avec diminution des vacances d'été;

- La transformation  rapide des écoles en EPEP.

 

Comme le note Le Monde : "Si les constats faits par l'Institut Montaigne n'ont rien de nouveau, les solutions, elles, risquent de faire couler beaucoup d'encre."

 

 

1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 11:53

 

Le stress est un sujet d’actualité dans les entreprises publiques et privées, bien au-delà du cas de France-Télécom qui continue d’être très préoccupant malgré les alertes et les dispositions annoncées pour améliorer la situation. On découvre que le problème se pose également dans les collectivités territoriales où l’on pourrait penser que les responsables, élus du peuple, sont naturellement attentifs à la qualité de la vie professionnelle de leurs employés. Dans les services publics, l’exigence exacerbée de performance – au moins apparente - et le souci de la compétitivité dans un contexte de réduction des moyens et de mise en cause de leur avenir, plombent sérieusement la qualité de vie des personnels. La culture de la pyramide hiérarchique forte, des tuyaux d’orgue, des parapluies, de l’absence de concertation se renforce.

 

Dans l’enseignement, les études effectuées par la MGEN, notamment celles dirigées par l’inspecteur général honoraire G. Fotinos qui ont été publiées, montrent que la situation était complexe, que le métier d’enseignant est particulièrement éprouvant. Les rapports avec les enfants et les jeunes, même dans des établissements huppés de centre ville, deviennent de plus en plus difficiles. Les tensions, les incivilités, les chahuts, la contestation, le désintérêt pour la chose scolaire, l’incompréhension du sens des savoirs scolaires s’aggravent. La solitude, l’individualisme des collègues, la réduction des moyens, la distance de la hiérarchie elle-même soumise à des pressions considérables ne permettent pas de trouver les réponses aux problèmes rencontrés. Le stress des enseignants est devenu un très grave problème qui sera inévitablement amplifié par l’arrivée dans les établissements des nouveaux qui n’auront reçu aucune formation, qui ne sont pas préparés à gérer les conflits et à combattre l’ennui des élèves, qui seront perdus dans un système qui se technicise et e déshumanise, alors que la logique voudrait que l’humain soit au centre de cette institution particulière.

 

Le climat a commencé à se dégrader fortement en 2005 avec l’erreur fondamentale d’un G. de Robien mal conseillé. Le ministre a voulu imposer une méthode d’apprentissage de la lecture, le b-a ba, à toutes les écoles de France, sans concertation, sans prendre en compte les recherches reconnues, s’appuyant simplement sur de rares chercheurs complaisants dont il a pu annoncer les conclusions avant que leurs travaux ne soient engagés, en exploitant l’attachement massif de l’opinion publique à la nostalgie d’un âge d’or qui n’a jamais existé. On allait donc imposer le retour des diligences sur les rails du TGV éducatif en cours de construction et de mise au point. Cet autoritarisme, négation de la liberté pédagogique, a été aggravé par le soutien ostensible de l’association glauque SOS Education qui appelait les parents à dénoncer les enseignants qui n’appliquaient pas les consignes ministérielles. Cela a eu des conséquences dramatiques dans les écoles : écœurement des enseignants progressistes chercheurs, conflits avec les parents, conflits entre enseignants, difficultés pour les directeurs, retour en force de la mise en cause de la responsabilité de l’amont (la classe précédente n’a jamais fait son travail : la maternelle pour le CP, le CP pour le CE1, l’école pour le collège).

 

Les facteurs de stress

 

En 2007, la dégradation du climat des écoles et de la mobilisation des enseignants a pris un tour nouveau qui a brutalement accentué la courbe de la montée du stress dans les salles des maîtres et dans les cours d’école :

 

-       Les nouveaux vieux programmes de 2008, imposés, à la surprise générale (ceux de 2002 avaient été signés, cosignés, approuvés par … Luc Ferry et Xavier Darcos, et naturellement portés par les inspecteurs) se substituent du jour au lendemain à ceux de 2002, soudain devenus trop compliqués, mauvais, cause de tous les échecs dans la continuité de 30 ans d’échec général proclamé de l’école. Pour les réformer, rien de mieux qu’une formidable marche arrière. Les inspecteurs ont appliqué les consignes, loyauté oblige, reconnaissant tacitement que tout ce qu’ils avaient fait au cours des 30 ans écoulés était un échec et changeant radicalement de discours sans état d’âme visible. Mais les enseignants eux ont mal vécu cette claque magistrale. 30 ans d’efforts méprisés et balayés d’un revers de main. Sans même connaître les auteurs des nouveaux textes sauf à lire les déclarations des milieux ultra conservateurs, dont un célèbre destructeur de l’école considérée comme une fabrique de crétins, qui revendiquaient une grande part de responsabilité dans la conception de ces textes. Cette responsabilité n’a d’ailleurs jamais été démentie, elle a même été récompensée.

 

-       La semaine des quatre jours imposée sans concertation, sans réflexion sur le rapport avec les programmes. La suppression du samedi matin a été bien accueillie par les enseignants comme par les familles. Aujourd’hui, avec un certain recul, ils considèrent  à la quasi unanimité qu’ils sont plus fatigués, qu’ils ne restent plus à l’école pour parler et rentrent vite, que les enfants sont fatigués, que le travail est trop pesant avec le temps de l’aide individualisée en plus… et avec les tonnes de paperasse à remplir. Ils découvrent que le ministre, enfin lucide, envisage d’assouplir la mesure, de revenir à 5 jours, voire d’envisager 6 jours, avec des journées évidemment plus courtes pour les enseignants. Ils sentent leurs pilotes prêts à retourner une nouvelle fois leur veste pour prouver que 5 jours, c’est mieux, après avoir démontré que 4 jours étaient une excellente solution.

 

-       L’aide individualisée imposée sans concertation, sans réflexion pédagogique, devenue le fer de lance des nouvelles politiques. Les faits commencent déjà à prouver qu’il s’agit d’une supercherie, d’une manœuvre pour donner bonne conscience au pouvoir, d’autant plus facilement qu’elle ne coûtait rien et qu’elle pouvait séduire l’opinion. Les enseignants ont reçu cette mesure comme une claque. Comme si avant cette mesure, ils n’avaient jamais pris en compte les difficultés des enfants. La mesure a considérablement aggravé leur stress pour diverses raisons supplémentaires : les contrôles méthodiques renforcés (enquêtes, bilans, tableaux) et l’accroissement exponentiel de l’administration (par exemple : PPRE de 8 ou 12 pages pour chaque enfant signalé), la priorité donnée ici ou là à l’inspection zélée de l’aide individualisée au détriment de l’inspection du temps scolaire normal, et surtout, les menaces et les lourdes sanctions sans précédent, subies par les désobéisseurs.

 

-       Le pilotage par les résultats imposé. Une mode. Un concept complètement transposé du monde économique au monde éducatif. Les pilotes n’ont pourtant ni carburant (moyens pour soutenir, accompagner, former…) ni cap (finalités claires à  long terme, projet de société explicite). Ils ne peuvent utiliser que leur influence et leur autorité en faisant l’impasse sur toute une série de facteurs d’échec scolaire qu’ils ne maîtrisent en rien et surtout en étant incapables de mettre sérieusement en rapport les résultats avec les choix et les pratiques pédagogiques des enseignants. Le stress s’accroît face aux pilotes avec leurs courbes, leurs diagrammes, leurs feuilles de route, leurs usines à gaz d’où la pédagogie a été exclue. Un pilote, dans un département visité récemment, particulièrement bien formaté, dit carrément aux enseignants : « La pédagogie ne m’intéresse que pour 5% de mon travail. Ce qui m’intéresse, ce sont les résultats. Montrez-moi vos évaluations ! ». Qu’il y ait eu 3 remplaçants différents lors de l’absence du maître, pas de remplaçant du tout pendant plusieurs jours, que les remplaçants n’avaient aucune formation pédagogique, que 3 familles de plus ont été touchées par le chômage, etc… peu importe ! Les résultats, vous-dis-je : grammaire, conjugaison, opérations…

      

Préparer un autre avenir

 

Toutes ces mesures successives ont profondément dégradé le climat dans les équipes pédagogiques. Elles ont démobilisé tous ceux qui s’étaient engagés précédemment dans la recherche, dans l’innovation, dans la mise en œuvre des propositions des mouvements pédagogiques (ICEM Freinet, GFEN, AFL …). Elles ont cassé les perspectives d’éducation globale concertée en lien avec les collectivités locales et les mouvements d’éducation populaire (Ligue de l’enseignement, Francas, CEMEA, JPA…). Ajoutées aux suppressions massives de postes, à la réduction des budgets pédagogiques, au désenchantement ambiant face aux mauvaises solutions pour l’insécurité (comme la suppression des allocations qui ne pourra qu’aggraver les tensions avec les familles), à cette impression de mise en cause permanente des services publics, de compétition avec le privé, à l’évaluationnite aigue à court terme qui pèse autant sur les enseignants que sur les élèves et leurs familles (angoisse des jours d’évaluation), le cœur n’y est plus dans les écoles. Elles font de l’école un grand bateau à la dérive où seuls les chefs de coursives ont l’illusion de la réussite, tout étant apparemment calme dans le secteur qu’ils dirigent.

 

Demain, l’école ne fera pas encore la une des journaux comme France-Télécom. Les conséquences les plus visibles seront l’absentéisme des enseignants, la démobilisation dans le domaine des projets d’établissement ou de secteur, la résistance passive, force d’inertie, les tensions avec les familles, le désenchantement et la lassitude, la recherche du contournement des pratiques autoritaristes. L’histoire et l’organisation administrative font que les pilotes locaux ont toujours de la difficulté à mesurer l’effet négatif des mesures qu’ils portent avec plus ou moins de zèle. On ne dit jamais à l’inspecteur, même poliment, que l’on n’est pas d’accord, il a toujours raison, on le dit ailleurs très crûment. Le respect, la tradition d’une certaine infantilisation, la faiblesse du syndicalisme sauvent les apparences. La ouate institutionnelle, pour reprendre l’expression de Philippe Meirieu atténue et absorbe tous les chocs. Pas de révolution, pas d’explosion de colère, pas de séquestration des petits chefs. Un malaise latent depuis longtemps qui s’étend lentement et qui fait tâche. Les dégâts seront énormes pour les enseignants qui perdent le bonheur d’enseigner et pour la société qui n’aura plus une école engagée à la fois pour l’épanouissement des individus et pour le progrès de la connaissance, des idées, du vivre ensemble.

 

La conscience professionnelle des enseignants est toujours réelle, incontestable. Mais « ils n’y croient plus ». Ils ne voient pas l’avenir. Ils doutent. Ils se découragent. Ils sont désabusés.

 

Il faudra bien des efforts, des moyens, de l’intelligence pour réussir à inverser les courbes de la mobilisation et redonner de l’enthousiasme. Les assouplissements récemment suggérés par le ministre, qui sont pourtant bienvenus, sur l’obéissance, sur les 4 jours sur les RASED, les promesses de concertation après les destructions, ne suffiront pas. Il faudra surtout un nouveau projet éducatif global cohérent, moderne, une véritable réflexion sur les finalités et les programmes, sur les structures, sur le management et sur l’évaluation, la mise au point d’une pédagogie de la réforme. Il faudra redonner toute sa place à la pédagogie, totalement sacrifiée. Il faudra  de réelles preuves de confiance de la Nation pour les enseignants. La tâche sera d’autant plus difficile que les dégâts faits en quelques 3 ou 5 années sont énormes et que l’image des responsables à tous les niveaux est terriblement dégradée à force de servilité, de frilosités, de complaisances ou de zèles déplacés. Il faudra du temps et du courage pour reconstruire et remobiliser. Le stress est une maladie difficile à soigner.

 

Pierre Frackowiak

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