Le ministre de l’éducation nationale, Xavier Darcos, explique que 116 établissements vont expérimenter dès septembre des pans de sa réforme du lycée, aujourd’hui remise à plat


La Croix. Après la « remise à plat » de votre réforme du lycée, en décembre, une mission de consultation a été confiée à Richard Descoings, le directeur de Sciences-Po Paris, qui sillonne actuellement la France à la rencontre des élèves et des enseignants et qui doit rédiger une synthèse pour la fin mai. Ce chantier débouchera-t-il vraiment sur un nouveau lycée ?
Xavier Darcos : Bien sûr. Au vu des discussions menées par Richard Descoings, mais aussi des rencontres organisées par les recteurs dans chaque établissement, tout le monde s’accorde à dire que le lycée doit être réformé. De cette collecte extrêmement riche et foisonnante, il ressort que les grandes lignes initialement retenues restent les bonnes : un bloc de savoirs communs, une personnalisation de l’accompagnement des élèves, une organisation d’options un peu souple pour éviter que l’élève ne s’enferme trop tôt dans ses choix. D’autres aspects sont davantage discutés, tel le découpage de l’année en semestres. Dans le projet de départ, celui-ci permettait à l’élève de changer d’options, si besoin, en cours d’année, et d’éviter peut-être un redoublement. Mais si elle génère déstabilisation et inquiétude, nous pouvons tout à fait revenir sur cette évolution. Notre démarche est de bonne foi.
Certains aspects de votre réforme donneront lieu, malgré tout, à des expérimentations à partir de septembre…
Lorsque nous avons décidé de remettre à plat la réforme, certains chefs d’établissement nous ont fait part de leur déception. Certains approuvaient la semestrialisation, d’autres avaient envie de mettre en place des groupes de travail autour de l’échec scolaire en seconde ou de lancer une initiation à la philosophie dès la classe de première… Je leur ai répondu : « Expérimentez, vous en avez le droit ! » De fait, la loi Fillon de 2005 permet aux établissements d’expérimenter des dispositifs pédagogiques ou organisationnels. La réforme n’a fait qu’encourager les expérimentations.
N’est-ce pas, comme le déplorent les syndicats, une façon détournée d’imposer votre réforme ?
Voir ici un complot du ministre relève du fantasme. Deux cent cinquante établissements nous ont adressé leur candidature. À l’arrivée, 115 lycées ont été retenus, 115 sur les quelque 2 500 que compte la France… Par ailleurs, même si elles feront l’objet d’une évaluation, ces expérimentations ne commanderont pas la réécriture de notre projet. De fait, elles démarreront à la rentrée prochaine, à un moment où il nous faudra déjà arrêter les grandes lignes de la réforme, pour une application dès l’année scolaire 2010-2011.
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