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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 21:15

 

Mardi 22 janvier, les instituteurs parisiens se sont massivement mis en grève et ont défilé contre le projet de loi pour la « Refondation de l’école », présenté le lendemain au Conseil des ministres. Si le mauvais traitement médiatique que les grévistes ont eu à subir a été d’inégale gravité [1], la tonalité d’ensemble laisse à penser que l’alternance n’a rien enlevé aux grands médias de leur goût pour « La Réforme », de leur dégoût pour ceux qui La refusent, ni surtout de leur capacité à donner des leçons en lieu et place d’informations.

Certes, qui aurait eu le loisir, l’envie et la patience de tout lire, tout écouter et tout voir de ce que journaux, radios et télés ont pu dire de cette grève serait sans doute parvenu à se forger une vision d’ensemble et à recueillir des informations détaillées sur ses tenants et aboutissants… Il n’en demeure pas moins qu’un « citoyen lambda », se contentant d’un ou deux médias pour s’informer sur la réforme proposée, la concertation qui l’a précédée, et la mobilisation des instituteurs qu’elle a entraînée, n’en retirera bien souvent qu’une vision tronquée et incompréhensible, fustigeant les grévistes – et s’exprimant, comme il se doit, dans cette langue automatique du journalisme par temps de grève, que nous connaissons malheureusement si bien.

 

« Incompréhensible » : c’est un des leitmotive éditocratiques devant la mobilisation des instituteurs parisiens, dont le caractère massif pouvait en effet surprendre. D’ailleurs, on interroge parfois les lecteurs pour savoir s’ils partagent cette perplexité [2] :


 

Certes, c’est précisément le rôle des médias de rendre compréhensible ce qui ne l’est pas au premier abord, et il pourrait y avoir là une sorte de défi, stimulant, pour des journalistes tentés de faire leur métier, en présentant le dossier dans toute sa complexité, le détail du projet de loi comme les arguments et les revendications de ceux qui s’y opposent… Mais, sans surprise, dans les principaux médias on a plutôt eu droit à des présentations parcellaires et biaisées. Quelques aperçus sur le meilleur du pire.

 

Sur Europe 1, « on est un peu perdu »

Mardi 22 janvier, dans « Europe 1 midi », le journal de la mi-journée, 4 min 30 (sur 25 min) sont consacrées au mouvement de grève, score honorable, même si le mercaptan échappé de l’usine rouennaise bénéficiera de deux minutes supplémentaires. Le problème, c’est qu’en 4 min 30, on n’apprendra pas grand-chose.

C’est d’abord Marion Calais qui propose un résumé très personnel du mot d’ordre des manifestants : « Ils dénoncent le retour de la semaine de 4 jours et demi en primaire ». Cette « dénonciation » n’existe que dans l’esprit de M. Calais (et nombre de ses confrères), mais qu’importe ! Elle se tourne alors logiquement vers... « Fabien Cazeaux franchement on est un peu perdu, il y a eu une concertation sur cette réforme, tout le monde a discuté, alors qu’est ce qui cloche d’un coup, aujourd’hui ? ». Et Fabien Cazeaux de proposer un « décryptage » (sic), en 45 secondes chrono, dont voici l’essentiel :

« Eh bien c’est le passage à l’acte qui pose problème […] l’objectif c’est d’alléger la journée des écoliers, tout le monde était d’accord là-dessus […] mais du coup qu’est-ce qu’on fait faire aux enfants en dehors des cours, ça c’est au cœur de la grève des enseignants parisiens aujourd’hui, alors que justement Paris est particulièrement bien doté en termes d’équipements de culture, de loisirs. À Paris et ailleurs, il y a aussi la question de la formation des animateurs qui prendront en charge les enfants qui se pose. Enfin des questions de gros sous, à la fois pour les syndicats […] les mairies quant à elles s’alarment d’une flambée de leurs dépenses […] »

Un « décryptage », donc, qui est d’abord une série de questions. Et comme « on est un peu perdu », on invite Pauline Leclerc, secrétaire académique du SE-UNSA Paris… pour les lui poser et tenter d’y voir plus clair ? Pas exactement…

C’est Patrick Roger qui attaque : « Alors franchement pendant la concertation, on a entendu un “oui” certain à la réforme, maintenant c’est “non” comme le disait Fabien Cazeaux à l’instant. Est-ce que vous n’êtes pas en train de vous battre pour obtenir des compensations à ce mercredi supplémentaire – travaillé, hein ! »

En clair : « franchement », vous n’avez pas l’air de savoir ce que vous voulez – à part de l’argent, non ? Et quand Pauline Leclerc répond que la concertation portait sur le fond, « les programmes, la manière dont on enseigne, etc. Là on a une réponse sur la forme, avec “ben ça ira mieux avec 4 jours et demi” », Marion Calais la coupe pour lui asséner une objection de bon sens, qui montre malheureusement qu’elle n’a rien compris – ou rien écouté : « Mais alors est-ce que la concertation c’était pas le moment d’exprimer vos doutes sur la forme, plutôt qu’après, une fois que le décret a été présenté ? »

En clair : même si vous savez ce que vous voulez, de toute façon c’est trop tard. Quant aux deux dernières questions, toutes deux dues à Patrick Roger, elles se passent de commentaires :

« Alors si vous aviez Vincent Peillon, là, en face de vous, que lui diriez-vous en deux mots ? »

« D’un mot encore, Pauline Leclerc, on a entendu des écoliers ce matin sur Europe 1, dans des écoles primaires à Paris, qui rapportaient ce que leur avaient dit des profs en disant “le mercredi c’est nul, on va plus travailler, etc.”, c’est normal de donner son avis comme ça quand on est instit’ ? »

Et quand on est le journaliste titulaire de la tranche 11h30-13h sur une grande radio nationale, c’est « normal » de poser ce genre de questions ?

 

L’Express a tout compris : cette grève est « injustifiée »

La veille de la journée de mobilisation, c’est L’Express qui se distingue par un petit chef-d’œuvre. Sobrement intitulé : « Rythmes scolaires : pourquoi la grève des enseignants parisiens est injustifiée », l’article propose un argumentaire contre « une grève dont les mots d’ordre sont difficilement compréhensibles ». Et s’ils sont difficiles à comprendre, ce n’est pas parce que bien peu de médias se donnent la peine de les expliquer, mais parce qu’elle est injustifiable. C’est du moins ce que prétend démontrer l’article, en trois points, déclinés avec un aplomb ministériel : D’abord « la concertation a eu lieu », ensuite cette « réforme répond aux revendications des syndicats »sic  : on comprend l’incompréhension générale ! – et enfin « l’argument avancé par les grévistes de l’allongement de leur temps de travail, sans contrepartie » n’a pas lieu d’être, puisque « le temps de travail des enseignants de primaire reste fixé à 24 heures par semaine ». Alors, où est le problème ?

Le problème est que la teneur en information de ce genre d’article est à peu près nulle : suite d’assertions péremptoires qui sont autant de points de vue et de prises de positions, cet article est un éditorial, qui gagnerait, au moins, à être signalé comme tel.

 

Le triomphe du Monde

Mais quand on lit l’éditorial du Monde, on se demande si l’on ne préfère pas encore l’éditorial masqué de L’Express. Dans l’éditorial du Monde, on exprime sans fard, sans scrupule et sans retenue son soutien rituel à La Réforme, et sa détestation, non moins automatique, des opposants, corporatistes et privilégiés. Ce jour-là, le titre est tout en nuance : « L’école, ou le triomphe du corporatisme ».

L’argumentaire est simple, bien qu’un peu bancal, sans doute à cause d’un enthousiasme réformiste mal maîtrisé : « tout le monde ou presque » est d’accord pour réformer les rythmes scolaires. La réforme Peillon a « rouvert le dossier », mais la « révolution » annoncée n’aura pas lieu, puisqu’il se contente de raccourcir les journées d’une « demi-heure », sans toucher à la durée de l’année scolaire. On croit comprendre que Le Monde va critiquer cette pseudo-réforme qui accouche d’une souris, mais non : les instituteurs se mettant en grève, craignant « de perdre dans l’affaire un privilège qui remonte à la monarchie de Juillet », et tentant par ailleurs « d’entraîner les parents dans leur combat », la sentence du Monde tombe, implacable : « Ce corporatisme étriqué est lamentable » [3].

Pour appuyer ce verdict, on trouve en page intérieure deux articles : le premier fait le point sur la contestation parisienne, en offrant généreusement un paragraphe (10 % de l’article) aux arguments des grévistes… avant d’y répondre lui-même !

Une « remise à plat » ? Elle a déjà eu lieu, semble-t-il, au moins à deux reprises ces dernières années […] « Pas d’apport démontré pour les élèves ? » Si un sujet fait consensus parmi les spécialistes, c’est bien la nécessité de mettre un terme à la semaine de 4 jours...

Le second, qui se présente comme une « analyse », se penche sur la stratégie de Peillon, qui « fonce tête baissée, outré des égoïsmes adultes » sur le « front du primaire », mais reste prudent sur le reste – non sans raison : « On voit déjà avec les rythmes combien il est compliqué de défendre l’intérêt de l’écolier, c’est-à-dire de celui qui dans le système ne fait pas grève et ne manifeste pas. » Heureusement que les écoliers, méprisés des instituteurs grévistes, peuvent compter sur les journalistes du Monde pour défendre leurs intérêts.

 

La suite...
3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 20:12

 

 

In L'Instit'Humeurs

 

 

On savait depuis quelques temps que Vincent Peillon commençait à réfléchir à un geste en direction des instits. D’après le journal économique les Echos, le ministre de l’Education Nationale s’apprête à accorder aux instits une prime de 400 € annuelle, qu’il annoncerait dans les quinze jours. Une prime justifiée par les bas salaires des instits et qui s’inscrit dans un contexte tendu, alors que se prépare une nouvelle grève…

 

Réduire l’écart avec le secondaire

Vincent Peillon assurait il y a quelques jours encore qu’il n’était pas question d’une compensation offerte aux instits pour la mise en place des nouveaux rythmes scolaires, notamment du mercredi travaillé (qui va coûter des sous aux enseignants). L’idée serait plutôt de réduire l’écart entre le primaire et le secondaire. Il faut dire que ces derniers mois, plusieurs rapports sont parus, mettant en évidence le déclassement des enseignants du premier degré (1).

 

1. En septembre, les « Regards sur l’éducation 2012 » de l’OCDE rappelait que les instits français étaient à la ramasse de leurs homologues étrangers, touchant au bout de quinze ans de carrière 5 000 $ de moins chaque année qu’un instit portugais, 10 000 $ de moins qu’un instit espagnol ou américain, 20 000 $ de moins qu’un instit allemand et… 60 000 $ de moins qu’un instit luxembourgeois ! Le rapport de l’OCDE ajoute qu’un enseignant français touche 73% du salaire d’un actif diplômé de l’enseignement supérieur (82% en moyenne dans l’OCDE). Par ailleurs, les enseignants français ont vu leur salaire, à euros constants, baisser de 8% entre 2000 et 2010, alors que dans le même temps il augmentait en moyenne de 20% dans les pays de l’OCDE. Et depuis 2010, le salaire des enseignants est gelé, contrairement à l’inflation… Le rapport mettait aussi en évidence un écart important, en France, entre le primaire et le secondaire : en France, une heure de cours dans un collège est rémunérée 50% de plus qu’une heure de cours en primaire (pour plus de détails, on se reportera au post publié sur ce sujet lors de la sortie du rapport, ici).

 

2. L’écart avec le secondaire est apparu plus manifeste encore à la sortie, en novembre dernier, du rapport annuel sur l’état de la fonction publique, lequel permet entre autres choses de comparer les salaires des fonctionnaires. Il apparaît, à la lecture de ce rapport de la DGAFP, que les instits sont nettement moins payés que les profs de secondaire (jusqu’à 600 € par mois au bout de 15 ans), mais aussi qu’un agent de police, niveau gardien de la paix ou brigadier, pourtant de catégorie B (niveau Bac ou Bac+2 contre catégorie A et Bac+5 pour instit) ! Alors que la tendance dans la fonction publique, pointait le rapport, est à l’augmentation des primes et indemnités au détriment du traitement indiciaire, les instits, qui ne bénéficient quasiment pas de prime ni d’indemnité, se retrouvent à la traîne. En fait, seuls les ouvriers et employés de catégorie C sont moins bien payés que les instits… (2)

 

D’où l’idée, de plus en plus fréquemment formulée, de revaloriser les enseignants du primaire, a fortiori l’année où deux concours sont ouverts et où le ministre cherche à attirer les jeunes dans la profession.

 

Que vaut cette prime ?

Soyons clairs, par les temps qui courent, la situation du pays et de nombreux français, du marché du travail et du chômage, 400 € une fois l’an, c’est loin d’être négligeable, c’est même très appréciable. Mais pour percevoir la portée de cette prime, il faut la remettre en perspective.

- la prime est censée être une sorte d’équivalent à l’indemnité de suivi et d’orientation des élèves (Isoe), touchée par les enseignants du secondaire ; l’Isoe est de 1 200 € annuels, la prime instit vaudrait donc 1/3 de l’Isoe.

- 400 € annuel, ça équivaut à 33 € par mois, soit une augmentation de 1,54% en moyenne sur le bulletin de salaire ;

- cela équivaut, sur un salaire mensuel, à peine à 1/3 d’échelon supplémentaire, dans une profession ou les échelons sont longs à passer (tous les trois ans environ, on passe un échelon et on gagne 90 € de plus par mois)…

- ces 33 € mensuels, soit environ 8 € par semaine, sont à mettre en balance avec les frais que la venue à l’école le mercredi va engager pour de nombreux enseignants : frais kilométriques, garde d’enfants, etc. A vue de nez, les 8 € seront vite dépassés pour la plupart…

Toutefois cette indemnité, dont on nous dit que « les arbitrages sont très bien engagés », pourrait être progressivement augmentée.

 

Peillon joue gros

Peillon répète à l’envie que cette prime n’est pas à relier avec la réforme des rythmes scolaires. La veille de la grève du 22, il disait encore : « Je ne demande pas plus de travail aux enseignants, il n’y a donc pas de compensation à avoir ». On peut toutefois se demander si la démonstration de force des instits parisiens, ce mardi-là (80% de grévistes), n’a pas quelque peu infléchi les positions au ministère. Est-ce là une manière d’ « acheter » un peu de paix sociale ? Peillon sait qu’il doit impérativement désamorcer la grogne des instits dans les jours à venir, il sait le risque d’embrasement : il a entendu l’appel à la grève, nationale et unitaire cette fois-ci, lancé pour le mardi 12 février, et doit se dire qu'en cas de forte mobilisation, il ne pourra plus plaider « l’exception parisienne », ce coup-ci…

 

Par ailleurs, il doit se douter que sa victoire médiatique écrasante, lors de la grève du 22 janvier, ne se répètera pas. Les médias, particulièrement sévères envers les instits parisiens, ont déjà commencé à mettre de l’eau dans leur vin, soit qu’ils aient découvert nuance et complexité, soit qu’ils aient fini par écouter ce que les instits avaient à dire – et certains échappent à la caricature, incroyable.

Quant à l’opinion publique, on l’annonce massivement derrière Peillon, parce que les français sont pour une réforme des rythmes scolaires. Mais on a aussi constaté que depuis son arrivée, Peillon a perdu près de 10% d’avis favorables sur cette question des rythmes (voir le précédent post sur les sondages).

Dans tous les cas, le ministre entendra dès l’annonce de la prime qu’il a cédé aux profs dès le premier mouvement d’humeur au lieu de se montrer ferme, qu’il leur a tout donné sans contrepartie, et plus encore. C’est un fait qu’après les 60 000 postes annoncés par Hollande et déjà planifiés sur le quinquennat, les 120 millions que coûterait la prime aux instits (soit la moitié de l’enveloppe allouée aux maires pour les rythmes) laisseraient Peillon en caleçon et en lunettes. Tout ça, pour se retrouver au bout de 8 mois sans gain réel, vont sans doute grommeler certains au gouvernement.

 

Les instits entre deux chaises

Quant aux instits qui sont concernés par ce mouvement de contestation (on saura le 12 quelle proportion exactement), ils vont devoir se positionner vis-à-vis de cette prime. On sait que la question des salaires est une des préoccupations les mieux partagées dans le premier degré. La prime sera-t-elle de nature à atténuer la colère, à amender les (op)positions ? Les réactions lues sur les réseaux sociaux laissent penser le contraire. Va-t-elle diviser un peu plus encore ceux qui sont contre cette réforme des rythmes et ceux qui l’approuvent et regrettent le discrédit qu’ils jugent porté sur la profession par les grévistes 

 

La suite...

3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 14:51

 

In Chronique Education

 

 

Alors que les tensions s’accumulent sur l’Éducation Nationale et que la refondation de l’École n’est pas encore arrivée au Parlement, il m’a semblé utile de rassembler mes réflexions sur ce sujet. C’est aussi l’occasion de marquer mon retour dans le commentaire et l’analyse après une période d’absence beaucoup trop longue.

 

Pour comprendre la situation, il faut analyser les erreurs commises par Peillon et son équipe mais il faut aussi se garder, comme on le fait si souvent en France, de juger et condamner une politique avant même qu'elle soit mise en œuvre. De nombreux blocages existent et il faut les mesurer.  
Et pour relativiser la portée de cette analyse, il me semble important de souligner aussi que l'accumulation des préalables, la discussion sur la méthode ("on aurait du faire autrement" , "on aurait du commencer par autre chose" ...) peut aussi servir à justifier l'immobilisme. Après la discussion, l’action ?
 
Des “erreurs” explicables mais qui peuvent compromettre la refondation
Quelles erreurs Vincent Peillon a t-il commises ? Lorsque je l'avais rencontré (au nom du CRAP-Cahiers Pédagogiques),  lors des consultations organisées par l'équipe de campagne de F. Hollande, j'avais été frappé par son obsession sur les rythmes et j'avais dit à l'époque qu'il me semblait curieux de commencer par cela. Tout en admettant que, face à une réforme systémique, si l'on touchait à un aspect, les autres viendraient ensuite inévitablement. Par exemple, la question des rythmes devait forcément poser également la question des contenus enseignés et d'une évolution des programmes (ce que je pensais, et pense toujours, crucial).
 
Pourquoi Peillon était-il obsédé par les rythmes ? J'émets deux hypothèses en apparence contraires mais complémentaires. La première est de se dire qu'en attaquant par cet aspect très complexe et impliquant de nombreux acteurs et cela avant les municipales de 2014, il serait plus facile après de s'attaquer au reste. D'autant plus, et c'est la deuxième hypothèse, que si cela semblait complexe, on pouvait aussi penser que le terrain était bien balisé et qu'il y avait un consensus sur cette question. Rappelons qu'il y a eu avant une commission sur les rythmes (co-présidée par Christian Forestier) où l'on constatait un consensus sur la nécessité de revenir aux quatre jours et demi. Et les syndicats semblaient, en effet, tous d'accord là dessus. On pouvait donc raisonnablement penser que débuter par les rythmes était finalement une bonne idée, même si Chatel s'était bien gardé d'appliquer les recommandations de la commission avant les élections.
 
Il est toujours facile de "refaire le match” et de pointer les erreurs de tel ou tel, après coup. On peut admettre qu'il y a eu une erreur d'appréciation des difficultés concrètes de mise en oeuvre et de prise en compte notamment du malaise enseignant. Mais on peut aussi se dire qu'il y avait des signes qui permettaient de penser qu'on pouvait espérer une issue positive à la question des rythmes avant de passer à autre chose.
Mais nous en sommes là aujourd'hui. Et la question des rythmes semble “polluer” le débat sur la refondation de l'école et même dangereusement faire douter de la capacité à mener la suite du projet.
 
Une autre erreur a été, me semble t-il, dans le rythme de la réforme et là aussi c'est également une erreur d'appréciation. VincentPeillon se prépare depuis deux ans à ce poste. Et le PS (avec Bruno Julliard) a préparé un projet sur l'école durant les dernières années. Avant même les élections et même la campagne présidentielle, il y a eu de très nombreuses consultations des partenaires sociaux (les syndicats) et même les mouvements pédagogiques (c'est vous dire s'il avait consulté large !). L'idée initiale était donc de faire une réforme très rapidement dès les premiers mois de présidence. Ce qui permettait aussi de lutter contre une résistance au changement présente dans toute structure en profitant de “l’état de grâce”. Le premier calendrier qui était évoqué le montre bien : initialement la loi devait être votée en octobre-novembre ! On pensait là aussi que le terrain était suffisamment balisé par les consultations préalables. Et surtout, l'enjeu était d'enclencher des réformes très rapidement car les effets des décisions prises dans le domaine de l'éducation sont très longs à venir. Le temps de l'École n'est pas le temps du politique ! Et les premiers effets auraient été à peine visibles à la fin du mandat de F. Hollande. Mais il en a été autrement. “On” (Ayrault ? Hollande ?) a d'abord imposé à Vincent Peillon une “concertation" durant l'été. Une concertation impliquant les fameux "corps intermédiaires" déjà impliqués dans les consultations d'avant la présidentielle. Celle ci, n'impliquant pas les enseignants "sur le terrain"(même si, je me répète, nous étions un certain nombre à avoir cette caractéristique), aurait pu se justifier si le rythme avait été maintenu. Une loi élaborée rapidement et votée avant la fin de l’année 2012. Mais le calendrier n’a cessé d’être retardé et cela a donné prise à la critique formulée par plusieurs observateurs de ne pas avoir pris la peine de consulter et d’impliquer l’ensemble de la profession.
 
Et ce recul des délais a donné de l’espace aussi au retour des postures syndicales et des négociations avant même la loi. Alors qu’il aurait été plus pertinent de fixer un cadre et de négocier l’application ensuite.
Ce problème de timing est aujourd’hui au cœur de la difficulté dans laquelle se trouve Vincent Peillon. Car, plus on tarde, plus on est dans le “bricolage” et dans le maintien de l’existant. Et plus on tarde, plus on court le risque de ne pas voir les effets de la “refondation” avant longtemps…
 
Refondation”, “réforme”, quel terme employer ? L’usage des mots est de l’ordre du symbole et est un élément important de l’activité politique. L’usage du mot “refondation” est, à mon sens, une habileté deVincent Peillon mais elle peut se transformer en erreur. 

Le mot de “réforme”est en effet un mot piégé. J’ai souvent dit et écrit que ce terme induit que tout ce qui précédait est bon à mettre “à la réforme”. Et dans un métier qui est vécu bien (trop) souvent sur le mode de l’intime, et où il est de fait difficile de dissocier le geste professionnel et la personne, la critique du système éducatif est vécu par certains comme une remise en cause personnelle. Une lettre d’une membre du collectif des dindons qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux et qui commence par une anaphore (“l’illettrisme…j’assume”, “le décrochage scolaire…j’assume”, etc. ) en est une belle illustration. Parler de refondation était donc habile car cela permettait de contourner cette difficulté et même d’offrir par ce vocabulaire lyrique une synthèse susceptible de plaire à la fois aux pédagogues qui veulent faire évoluer l’école et aux“républicains”. Mais l’effet pervers de l’usage d’un tel mot c’est de créer une attente forte (“refonder” ce n’est pas rien…) et de s’exposer à la critique devant la modestie des mesures mises en œuvre. C’est peut-être aussi ce qui est en train de se passer. Notons d’ailleurs que dans le vocabulaire employé parles médias et les acteurs de l’école, le mot “refondation” a de moins en moins la cote et que l’on parle de plus en plus de “réforme”…
 
La dernière “erreur” de Peillon (et du gouvernement) réside dans l’absence de marges de manœuvre. Mais pouvait-il en être autrement ? Dès la campagne présidentielle, François Hollande a fait de l’éducation sa priorité. Et il a “mis sur la table” les 60 000 postes à récréer. Et ce n’est pas rien ! On peut penser, c’est mon cas,  que c’est un élément important de sa victoire et du vote d’une partie de l’électorat de gauche et en particulier des enseignants. Mais une fois cette annonce faite, il n’y avait plus rien à “dealer”, tout avait été mis sur la table… Dans cette perspective, il devient alors très difficile de répondre aux revendications (légitimes mais injouables dans le contexte budgétaire) d’augmentation des salaires des enseignants ou même de rééquilibrage entre les enseignants du primaire et du secondaire. Et cela crée évidemment de la tension pour des enseignants qui voient dans la réforme en cours une nouvelle situation où ils “risquent” de perdre plus qu’ils ne gagnent. Et dans cette double contrainte cela obligeVincent Peillon à être dans le registre des promesses et à courir le risque de se transformer en “Montebourg” de l’éducation…
 
3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 12:01

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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 10:19

Pour ceux qui ne suivent pas quotidiennementLe Mammouth Déchaîné voici un petit résumé des semaines précédentes... Ne vous contentez pas de la lecture de ces quelques brèves : il y a bien plus sur le blog ... c'est juste pour vous mettre l'eau à la bouche !

 

Prime à la classe : 400 € pour les PE (et pour rentrer dans le rang ?)

  

On ne peut s’empêcher de le penser alors que le ministre lui même déclare qu’il en a assez d’être «emmerdé » (voir post précédent).

- des précisions après les informations données par Lesechos.fr, hier dans la soirée :

Une prime sur le modèle de l'ISOE
Si le minis­tère ne sou­haite pas confir­mer cette infor­ma­tion, c'est qu'elle ne serait ren­due offi­cielle que vers la mi-février, après le congrès du syn­di­cat FSU, indique le quo­ti­dien. Mais selon une source citée par les Echos, "les arbi­trages sur cette indem­nité sont très bien enga­gés". Cette prime serait cal­quée sur le modèle de l'ISOE (indem­nité de suivi et d'orientation des élèves) per­çue par les ensei­gnants du second degré, mais ne s'élèverait pour le moment qu'à 400 euros annuels, contre 1 200 pour l'ISOE.
Le ministre se pen­che­rait égale­ment sur l'amélioration de l'accès à la "hors-classe" des pro­fes­seurs des écoles, ouverte à moins de 2 % des ensei­gnants du pri­maire contre 7 % des ensei­gnants du secon­daire. Cependant, pré­cise le quo­ti­dien, "l'alignement du pri­maire sur le secon­daire n'est [...] pas acquis".

- Une prime déjà financée ?

Ces dis­po­si­tions pour­raient être finan­cées grâce à des mesures ins­crites au bud­get et non recon­duites par le gou­ver­ne­ment, comme la prime ver­sée aux ensei­gnants lors du pas­sage des évalua­tions de CE1/CM2, sup­pri­mées cette année, ou des heures sup­plé­men­taires pour les stages de remise à niveau, égale­ment suspendus.

 

 


 

 

  

"Je n'ai quand même pas mis 60 000 postes sur la table pour être emmerdé après" V. Peillon.

 


C’est ce qu’aurait dit en substance et en privé, le ministre, face à la grogne montante des PE, notamment à Paris face à ses (autres) réformes.

 


C’est l’Express qui le dévoilait la semaine dernière (dans cet article) pour dénoncer le « corporatisme » des enseignants (on ne se refait pas) discours repris aussi par une partie de la gauche (enfin celle qui fait semblant de ne pas comprendre) et qui se cache derrière une concertation nationale qui a plutôt été une déconcertation nationale.

Comme quoi l’adage se vérifie encore une fois : réforme vite faite, réforme mal faite.




 


GREVE le 12 février.

 

 

Suite à l'interfédérale de ce lundi, un mouvement se dessine pour le 12 février. Ce sdera sans doute un appel commun CGT-CNT-FO-SUD.

Mots d’ordre :
- Abandon du projet de loi
- Abrogation du décret rythmes
- Refus territorialisation pour les personnels d’orientation notamment.
- Amélioration conditions travail
- Refus école du socle

L'appel contiendra aussi un soutien aux mobilisations en cours et a provoquer des AG.

Depuis la grève du 22 janvier, l’AG parisienne demandait un mouvement national dans la première semaine du mois de février. Il faut croire que ses représentants n’ont pas pu déborder les appareils syndicaux, mais il y aura bien tout de même quelque chose.

La FSU est la grande absente (ce qui ne manquera pas de plaire au SNUIPP de Paris). Au mieux il y aura des appels de la FSU par département (mais à quoi, un rassemblement à 18 h avec des bougies ?).


Le SNUIPP pourra-t-il rejoindre une mobilisation qui appelle à l’abrogation du projet de loi qui, pour lui, apporte des avancées ?

 

 


 

 

Peillon , à la lettre.

Le ministère fait connaître sur son site la lettre du ministre aux maires de France, dans laquelle il confirme :

1/ le relèvement du taux d’encadrement pour les activités périscolaires.
2/ un décalage de calendrier, : les maires auront jusqu’au 31 mars pour se décider.

 

De quoi rassurer les plus réticents des élus (socialistes).
Le site du ministère présente depuis quelque temps déjà plusieurs modalités de mise en application de la réforme (voir le site). Un guide pratique sera diffusé dans les prochaines semaines à l'ensemble des collectivités territoriales.

 


 

Entre maire et DASEN.

 

On nous rapporte certaines réunions entre les DASEN et les élus locaux pour mettre en place la réforme des rythmes.
La présentation des emplois du temps « modèles » suscite des interrogations et réactions houleuses chez les élus, notamment lorsque le DASEN illustre ses propos par la formule d’un mercredi matin avec 2 h de cours et 1 heures d’APC. La raison invoquée pour mettre 1 heures d’APC le mercredi : il serait plus facile ainsi d’organiser le travail des enseignants à temps partiel !

 

Après avoir vu que les transports scolaires allaient régenter l’organisation, voila qu’il s’agit de mettre sur le dos des enseignants les méfaits d’une organisation qu’ils ne demandent pas.

Curieuse façon aussi de tenir compte de l’intérêt des élèves (si jamais on en tient encore compte).

 

 


 

 

 

 Activités périscolaires : payantes

Voici qui charge un peu plus la réforme des rythmes. L’AMF prévient que les activités périscolaires risquent d’être facturées (aux parents).

Source - Le caractère gratuit ou payant des activités périscolaires issues de la réforme des rythmes "dépendra des collectivités locales" et elles ne seront pas obligatoires, a annoncé vendredi à l'AFP André Laignel, premier vice-président délégué de l'Association des Maires de France (AMF).
"Cela existe déjà, beaucoup de collectivités ont des activités périscolaires, certaines étant totalement gratuites, d'autres assorties d'une très faible participation, qui n'est pas du tout à la hauteur des coûts pour les collectivités", a affirmé M. Laignel (PS), se disant "convaincu que pour l'immense majorité des collectivités les activités périscolaires, comme aujourd'hui, seront gratuites", même si "tout dépend du type d'activités".
Le ministère de l'Education nationale a confirmé à l'AFP que "juridiquement le temps périscolaire n'est pas obligatoire. Les communes auront donc le choix de faire payer, même si elles sont encouragées à ne pas le faire, avec l'aide du fonds" de 250 millions d'euros annoncé par le Premier ministre pour aider celles qui mettront en place la réforme des rythmes scolaires dès septembre 2013.


 

 

 

 Le gouvernement réfléchit encore à comment supprimer/recaser les RASED

Il réfléchit en effet pour savoir comment les rendre complémentaires du dispositif « plus de maître que de classes ». Autant dire qu’il ne s’agira plus de RASED.

 

C’est une des réponse du ministère à une des question posée par un sénateur (André Vairetto (Savoie - SOC))

« [le dispositif « plus de maîtres que de classes »] s’articulera avec une réflexion majeure sur l'évolution du rôle et des missions des RASED en explicitant les complémentarités possibles des différents dispositifs. Un groupe de travail avec les organisations représentatives des personnels a été mis en place au sein de la direction générale de l'enseignement scolaire. Il doit proposer les évolutions nécessaires dans le fonctionnement des RASED pour leur redonner toute leur place dans le système éducatif. Cette réflexion essentielle se poursuivra par un dialogue social avec les représentants syndicaux. »

 

 



Multiplication des petites sauteries dans les départements entre IA, DASEN, élus, sous préfets, ... pour régler la question des rythmes. Ca chauffe peut-être parfois pour préparer le temps de travail des enseignants à la rentrée prochaine, sans consulter les enseignants comme de bien entendu. Tout pousse à ce que la rentrée 2013 soit la bonne.

Mais voilà ce qu’apparaît dans certains cas, comme en Deux-Sèvres : ce sont les contraintes des transporteurs scolaires qui vont avoir le dernier mot. Voyez plutôt :

Deux sèvres

2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 16:20

 

dindon-affiche

 

 

Si on ne fait rien nos enfants nous le reprocheront... et ils auront raison!

 

Chers concitoyens, parents, collègues, animateurs, membres d’associations…. cette lettre est un gloussement d’alerte !

 

Nous, enseignants du primaire et membres du Collectif des Dindons prenons la plume pour vous informer des conséquences négatives de la réforme des rythmes scolaires proposée par le ministère de L’Education Nationale.

Nous attendions une profonde et ambitieuse réforme de l’école. Cette refondation, promise par M.Peillon nous laissait espérer un renouveau et des changements positifs pour l’école. Elle devait être fondée sur les intérêts de l’enfant.

 

Dès la parution des premiers textes, le flou, l'ambiguïté de certains points, les dérives possibles nous ont interpellés. Nous nous sommes interrogés sur les contradictions présentes dans cette réforme et avons commencé à alerter nos collègues et l’opinion publique.

 

Depuis plusieurs mois, nous épluchons les interviews et conférences de notre ministre, les textes officiels, les articles de presse. Nous tentons d'analyser les répercussions qu’auront ces nouveaux rythmes sur le terrain.
Nous avons créé un blog, une page facebook pour relayer toutes les informations et pour créer des lieux de débats et d'échanges.

 


Il ya eu une levée de boucliers contre nous, nous reprochant notre pessimisme, notre immobilisme….alors que les textes de la Loi d’Orientation et du Décret sur les rythmes manquent de précision, qui mèneront à des incohérences et des aberrations lorsqu'il s'agira de les mettre en œuvre concrètement.

 

Aujourd’hui, le décret sur les rythmes scolaires est paru et le constat est alarmant :

Le projet proposé par M.Peillon n’est pas à la hauteur des enjeux affichés à savoir

 

Apprendre dans de meilleures conditions
Favoriser la réussite de tous

Au contraire, il alourdit la semaine des enfants sans alléger leur journée,
il n’améliore en rien leurs conditions d’apprentissages,
il ne garantit pas d'activités sportives et culturelles dans toutes les écoles,
et accroît les inégalités sur le territoire !

 

Le Ministre distillant ses projets au compte-goutte, il a été longtemps difficile de se faire une idée concrète et globale de ce que serait l’école née de ce projet. Les médias eux-mêmes en perdent leur latin... Certains préfèrent donc qualifier nos revendications d’opposition de principe et faire passer les enseignants pour des égoïstes, des conservateurs et des corporatistes auprès de l’opinion publique.

Aujourd’hui, nous devons tous nous rassembler autour du seul et unique intérêt à considérer, celui des enfants !

Nous avons décrypté le décret sur les rythmes scolaires afin que vous puissiez juger par vous-même si c’est bien cette école-là que vous voulez pour vos enfants !

Ensemble, demandons au Ministre du temps pour la réflexion ainsi que
les moyens d’investir dans l’éducation, priorité nationale.

Nos enfants sont notre avenir : nous n’avons pas le droit de rater le virage
d’un changement plus que nécessaire.

« Le monde va être jugé par les enfants. »Georges Bernanos

Petit décryptage du décret

 

Ambition 1 du décret : « Alléger la journée de l’enfant »

La journée de classe sera allégée de 45 minutes mais ce temps sera transformé en temps périscolaire.
Les enfants passeront autant de temps à l’école, leur journée ne sera donc en rien allégée.

La semaine sera quant à elle allongée puisque les journées seront aussi longues avec le mercredi matin travaillé en plus.
Plus de coupure, d’activités pour certains, l’obligation de reporter les rendez-vous ou prise en charge spécifiques (orthophonistes, psychomotricien…) pour d’autres.

Le rythme de l’année est mis de côté pour le moment, les lobbys du tourisme s’étant opposés à l’allongement de la durée de l’année de 2 semaines.
Le Ministre a affirmé cependant, ce mardi sa volonté d’aller plus loin. Il est décidé à entamer la réflexion sur le raccourcissement des vacances d’été, raccourcissement qui pourrait intervenir dès 2015.
Il faut donc prévoir un changement de rythme pour certaines communes en 2013, pour les autres en 2014, puis encore un changement pour 2015 !

Le temps hebdomadaire de classe reste de 24h. 24h donc pour faire le même programme basé sur 26h et avec des effectifs toujours aussi chargés (de plus en plus de classes avoisinent les 30 élèves)
Les conditions d’accueil et d’apprentissages ne sont en rien améliorées !

 

Ambition 2 du décret : « Permettre une meilleure articulation des temps scolaire et périscolaire s’accompagnant d’une prise en charge des élèves jusqu’à 16h30 au moins. »


Ambition 3 du décret
 : « Les élèves pourront accéder à des activités sportives, culturelles, artistiques qui contribueront à développer leur curiosité intellectuelle et à renforcer le plaisir d’apprendre et d’être à l’école. »

Les communes auront donc en charge en moyenne 45 minutes de temps périscolaire par jour.

Elles pourront soit le placer après la classe de 15h45 à 16h30 et proposer des activités éducatives, culturelles et sportives avec des taux d’encadrement bien définis.

Mais beaucoup de communes semblent tentées de placer ce temps suite à la pause méridienne, à un moment où les taux d’encadrement des enfants sont inférieurs. Elles n’auraient alors aucune obligation de mettre en place des activités éducatives.
Beaucoup d’enfants auront donc 45minutes de garderie de plus par jour.

Cette pause du midi est rarement un temps permettant aux élèves de se détendre afin de revenir en classe disponibles pour de nouveaux apprentissages. Au contraire elle est un temps pendant lequel les enfants sont dehors ou confinés dans des salles bruyantes: ils s’énervent, s’agitent, se fatiguent, font preuve d’incivilités...
N’avons-nous pas d’autres exigences pour nos enfants ?

La Ministre des Sports Valérie Founeyron prépare un décret abaissant le taux d’encadrement des enfants pour les activités périscolaires dans le cadre des Projets Educatif Territoriaux (PEDT).
On passera de 1 adulte pour 10 à 1 adulte pour 14 pour les moins de 6 ans et de 1 adulte pour 14 à 1 adulte pour 18 pour les plus de 6 ans
Moins d’adultes pour encadrer les enfants, c’est moins d’activités, moins de disponibilités, une surveillance moins pointue et des soucis et incivilités en hausse.

L’AMF (Association des Maires de France) a fait savoir dans un communiqué dernièrement que les activités périscolaires ne seront pas forcément gratuites et qu’elles ne seront pas obligatoires, ni pour les parents, ni pour les élèves, ni pour les communes.
Les communes pourront donc sans scrupules ne proposer que 45 minutes de garderie supplémentaire pour les enfants, garderie pouvant être payante.

Notons aussi que des communes ne comptent mettre en place ni cantine ni centre de loisirs le mercredi midi.
Comment feront les parents qui travaillent pour récupérer leurs enfants ?

Certaines communes proposeront de vraies activités éducatives, culturelles et sportives aux enfants alors que d’autres ne proposeront que de la garderie.

Les activités pourront être payantes. Les enfants dont les parents pourront payer feront des activités, et les autres non.

Quid des élèves fréquentant des écoles rurales avec peu de moyens et difficiles d’accès qui ne trouveront pas de personnel qualifié d’encadrement ?
Ce décret renforce les inégalités sur le territoire ainsi que les inégalités sociales !


Télécharger le communiqué pour le diffuser largement

Si_on_ne_fait_rien_maintenant

2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 16:04

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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 15:56

In Libération

 

 

 

Questions à Sébastien Sihr Secrétaire général du Snuipp

Par VÉRONIQUE SOULÉ
Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp (principal syndicat du primaire), explique pourquoi il demande le report à 2014 du passage aux quatre jours et demi et pourquoi il juge «injustes» les accusations de corporatisme.
Que répondez-vous à ceux qui vous accusent d’égoïsme ?

Je rejette tous les accusations de corporatisme, injustes à l’égard d’enseignants très impliqués dans la réussite de leurs élèves. Lorsqu’à Paris 9 sur 10 sont en grève, cela va au-delà : c’est l’expression d’une profession très malmenée ces dix dernières années, qui a subi un déclassement salarial et une dégradation de ses conditions de travail - plus de formation continue, classes chargées, un travail de plus en plus solitaire… Sans parler des campagnes de dénigrement. Pour le ministre Xavier Darcos, les profs de maternelle «changeaient les couches». Ces déclarations ont laissé des plaies ouvertes.

Il y a de la déception chez les enseignants ?

Vincent Peillon avait été accueilli très favorablement. Le défi était pour lui de refermer les plaies et de rebâtir la confiance. Il ne l’a pas fait. Sans doute a-t-il commis une erreur en mettant d’abord sur la table la réforme des rythmes scolaires. Durant la concertation menée cet été, c’était le sujet le moins consensuel sur le primaire. Plus précisément, il y avait un quasi-consensus sur la nécessité d’abandonner les quatre jours, mais dès que l’on parlait de la mise en place des quatre jours et demi cela devenait compliqué.

Vous êtes toujours d’accord sur le principe ?

Oui, il faut une réforme des rythmes scolaires. Mais je préfère une réforme bien préparée en 2014 qui concerne tous les élèves, à une réforme bricolée en 2013 qui court à l’échec. Le délai est trop court pour que les collectivités locales s’y préparent correctement. On sait déjà que beaucoup de communes n’auront pas d’animateurs formés pour organiser des activités. Quel intérêt si c’est de la garderie à partir de 15 h 30 ?

 

La suite...
2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 15:49

In Les dindons prennent la parole

Prenons en mains notre avenir et celui de l'école.

Le mouvement commence à prendre forme bien que les sections nationales des deux plus gros syndicats SNUIPP et SE UNSA n'appellent pas (encore) à la grève. 

Cependant, plusieurs collègues sur les forums d'enseignants font état d'écoles qui seront  fermées ou majoritairement en grève aux quatre coins de France. 

Une grande majorité d'entre nous attendait un cadre national d'appel à la grève pour pouvoir manifester leur mécontentement. Il est là : ne le laissons pas passer. N'attendons pas un mot d'ordre qui ne viendra peut-être pas. Prenons en mains notre avenir et celui de notre école  : tous en grève le 12 février contre le décret sur les rythmes scolaires.

Seule une très grande mobilisation pourra nous permettre de faire abroger ce décret qui dessert les intérêts de tous les acteurs de l'école : ceux des  enseignants mais aussi ceux des parents, enfants, animateurs, personnel territorial .

Dernières infos en date du 30 janvier : selon des informations encore officieuses plusieurs sections locales du SNUIPP se joindraient à l'appel à la grève du 12 février (a priori mais à confirmer : SNUIPP 75, 38, et 35). Venez noter ici l'appel à la grève de vos sections locales en attendant ...l'appel national qui ne saurait tarder (Espérons-le en tout cas).

31 janvier 21H30   appels à la grève du 12 confirmés : sections SNUIPP 06, SNUIPP 12, SNUIPP 38, SNUIPP 48, SNUIPP 69, SNUIPP 67, SNUIPP 68, SNUIPP 76, SNUIPP 85 , SNUIPP 95.

  Allez !

Dernière minute : appel à la grève du SNUIPP national !

2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 15:34

In Rue89

 

Réforme des rythmes scolaires ? Ou plutôt tempête dans un verre d’eau ? Ce qui devait être une mesure phare de la loi d’orientation a surtout donné lieu à une très médiatique dénonciation du « corporatisme » supposé des enseignants, une campagne dont la virulence contraste curieusement avec la portée réelle de la réforme en question.



Une mention toute spéciale sera attribuée au Monde du 22 janvier dernier pour son fracassant éditorial sur le « lamentable corporatisme étriqué » des profs, ces égoïstes jouant leur petit confort personnel contre « l’intérêt des enfants ». Ou encore à Marcel Rufo, le pédopsychiatre à la mode, défenseur auto-proclamé de l’enfant, qui se dit « surpris, voire sidéré, des réactions du corps enseignant ». Sur le même registre, c’est donc un flot continu de réactions convenues, se recopiant les unes les autres, venues de gens manifestement plus doués pour enfiler les lieux communs comme des perles que pour travailler un peu leur sujet.

Une réforme a minima

Il suffit d’un minimum de recul pour se rendre compte que la question des rythmes scolaires mérite quand même davantage de considération qu’une simple mesure. Pour l’école primaire, elle se ramène tout bonnement à revenir cinq ans en arrière (Darcos, 2008), quand les quatre jours et demi travaillés étaient la règle. Mais aussi – élément totalement occulté dans le débat des derniers jours – elle ne concerne en rien l’enseignement secondaire, pour lequel la succession souvent infernale des heures de cours dans une même journée ne semble poser aucun problème.

Bref, avec cette refonte a minima des rythmes scolaires, la refondation de l’école attendra.

Une réforme qui aurait eu sans doute davantage d’impact si l’on avait bien voulu, plutôt que de se focaliser sur le rythme hebdomadaire, procéder par une approche portant sur l’horaire global annuel, nettement plus élevé en France que chez nos voisins, une bien curieuse spécificité qui ne semble pas émouvoir plus que cela les défenseurs affichés de l’intérêt de l’enfant :

  • 913 heures annuelles pour les 7-8 ans, 890 heures pour les 9-11 ans
  • respectivement 634 et 784 heures en Allemagne ;
  • ou encore 608 et 683 heures en Finlande, un pays régulièrement classé en tête des comparaisons internationales.

Les curieux pourront se reporter aux chiffres disponibles sur Eurydice, l’Agence européenne de l’éducation [PDF].

 

La suite...

 

  

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