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Grâce à dix jours de lobbying intense, dévoilé par le site Médiapart, le leader hexagonal du soutien scolaire, Acadomia, a sauvé sa peau, obtenant l'abandon d'un amendement déposé par un député UMP qui visait à supprimer la déduction fiscale des dépenses parascolaires. Depuis, le patron d'Acadomia s'est également fait élire à la tête de la Fédération du Service aux Particuliers. Un poste stratégique pour continuer son combat.
L’initiative émanait d’un député UMP : Lionel Tardy. Son objectif : supprimer le crédit d'impôt offert aux familles consommatrices de cours privés à domicile, autorisées jusqu'ici à déduire de leur déclaration d'impôts 50% de leurs dépenses parascolaires. Une niche fiscale évaluée à 300 millions d’euros par le député de Haute-Savoie. Voté à l’Assemblée avec le soutien des socialistes, l’amendement aurait dû passer sans encombres l’étape du Sénat. Première visée, la firme Acadomia pour laquelle l’amendement relevait de l’attaque frontale, tant il est vrai que la viabilité de son modèle économique repose largement sur cette déduction fiscale.
C’était sans compter le lobbying forcené engagé par la firme spécialisée Lysios, mandatée par Acadomia. C’est le site Médiapart qui raconte ce qu’il qualifie de véritable « blitzkrieg » politique menée sur 10 jours.
« Au lendemain de son adoption, Acadomia a sonné le branle-bas de combat et missionné un cabinet de lobbying pour rattraper le coup au Sénat. Son nom : Lysios » écrit Médiapart, « Trois salariés ont été illico mobilisés. Le coût de leurs services ? Secret. Ni Lysios, ni Acadomia, sollicités, ne veulent le dévoiler. Les lobbyistes ne livrent d’ailleurs guère de détails : « Travailler en dix jours, c’est pas notre habitude », se contente-t-on de glisser. Compte tenu des délais, ultra-serrés, Lysios s’est concentré sur un tout petit nombre de sénateurs, pour des frappes chirurgicales ciblées ». Et efficaces apparemment.
Vice-présidente UMP de la commission des affaires sociales, Catherine Procaccia dépose un amendement d’éradication de la réforme Tardy, invoquant son cas personnel et les cours reçus par ses propres enfants. Désarmant, en effet. Dans les couloirs, mais aussi à Bercy, le cabinet Lysios poursuit son travail de sape.
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