Emmanuel Macron entend, d'ici à la fin du quinquennat, réduire à 24 le nombre d'élèves par classe en grande section de maternelle, CP et CE1, « partout en France ». Selon nos estimations, entre créations et redéploiements, les besoins seraient de l'ordre de 10.000 postes.
« D'ici à la fin du mandat, partout sur le territoire, de la grande section de maternelle au CE1, les classes accueilleront au maximum 24 élèves. Ce mouvement sera engagé dès la rentrée prochaine », promettait la semaine dernière Emmanuel Macron dans son allocution télévisée finalement non diffusée en raison de l'incendie de Notre-Dame. Il devrait confirmer ce jeudi cette mesure très populaire chez les parents d'élèves et les enseignants. C'est notamment une demande du principal syndicat du primaire , le SNUipp-FSU.
Cette annonce tomberait à point nommé alors qu'un front syndical s'est constitué contre le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, sur son projet de loi et la réforme du lycée . La mesure a un autre avantage pour Jean-Michel Blanquer. La démographie scolaire chute dans le primaire : les effectifs vont diminuer d'environ 250.000 élèves entre 2019 et 2023. Et l'Education nationale aurait donc dû « rendre » des postes d'enseignants. Avec l'engagement des 24 élèves, ces postes seraient redéployés dans le primaire, et permettraient de poursuivre la priorité affichée au premier degré.
Le ministre de l'Éducation a confirmé ce samedi 27 avril la promesse d'Emmanuel Macron de ne plus fermer d'écoles primaires contre l'avis des maires. Mais il a expliqué que des classes continueraient à fermer en fonction des besoins.
Plus de fermetures d'écoles, mais toujours des fermetures de classes. Le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer a confirmé ce samedi 27 avril la promesse d'Emmanuel Macron de ne plus fermer d'écoles primaires contre l'avis des maires. Mais il a expliqué que des classes continueraient à fermer en fonction des besoins.
"Il n'y aura plus d'école qui ferme sans l'avis favorable du maire", a martelé Jean-Michel Blanquer sur Franceinfo, en détaillant les annonces faites jeudi 25 avril par le président lors d'une conférence de presse, à l'issue du débat national conçu comme une réponse politique à la contestation sociale des "gilets jaunes". "Nous ne fermerons pas d'école primaire, c'est la première fois qu'un gouvernement s'engage à faire cela, c'est énorme."
"Pour les classes c'est forcément différent. Personne, aucun ministre de l'Éducation ne pourrait vous dire qu'il n'y a jamais de fermetures de classes", et ce pour des raisons "d'équité territoriale", a-t-il précisé.
Le Président Macron vient donc d’annoncer qu'aucune classe de Grande section, de CP et de CE1 ne dépasserait plus 24 élèves dans toute la France, d’ici la fin du quinquennat. La mesure, qui a toutes les apparences d’une bonne mesure pour l’école et qui est censée répondre aux attentes des parents et des enseignants, suscite en réalité beaucoup de questionnements, voire de scepticisme sur le terrain.
Exemples concrets du passage à 24 en GS, CP et CE1
Afin que tout un chacun, et notamment les parents d’élèves comprennent bien les implications d’une telle mesure, prenons deux exemples concrets.
Tout d’abord une école polyvalente, dans une ville de taille moyenne. Il y a là une classe de chaque niveau, de la Petite section de maternelle au CM2. Dans chaque classe, entre 25 et 28 élèves. En Grande section, 28, en CP 26, en CE1 27. Comment plafonner ces classes à 24 élèves ? Faudra-t-il envoyer quelques élèves de chaque niveau concerné dans une autre école, créant une rupture non négligeable dans leur scolarité ? Ou bien ouvrir une classe supplémentaire et revoir la structure de l’école : créer un double niveau Moyenne section / Grande section avec les quelques élèves de Grande section en surplus, et "charger" les autres classes de Moyenne section ; créer trois classes à double niveau CP / CE1, à 18 élèves ? Mais est-on sûr du bénéfice, cela vaut-il mieux qu’un CP à 26 et un CE1 à 27, comme aujourd’hui ?
Prenons maintenant une grosse école élémentaire d'une grande ville. Sur 13 classes, toutes ont entre 28 et 30 élèves, sauf les deux classes à double niveau CE1/CE2 et CM1/CM2, limitées à 24 et 25, et surtout les 3 classes de CP, que le Conseil des maitres a décidé de protéger en les plafonnant à 20 élèves. Les 2 classes de CE1 sont à 29 et 30 élèves. Partant du principe qu’il n’y aura pas d’ouverture de classe (il est possible de s’arranger, dira-t-on), voici deux possibilités :
Le Conseil des maitres décide de conserver les 3 classes de CP à 20, considérant qu’elles n’ont pas à souffrir des changements. Il y a désormais 3 classes de CE1 à 24 élèves. Les autres niveaux se retrouvent alors, du CE2 au CM2, à 32 voire 33 élèves, avec un triple niveau CE2-CM1-CM2 à 19 élèves. Cette configuration préserve les CP et les CE1, mais les autres niveaux prennent cher et on souhaite bon courage aux élèves et à l’instit qui hériteront du triple niveau.
Le Conseil des maitres décide de sacrifier les CP à 20 élèves : 2 classes de CP et 3 classes de CE1 auront 24 élèves. Il reste un douzaine d’élèves de CP à caser dans un double niveau, probablement un CP-CE2 à 24 élèves. Les autres classes restent à environ 30 élèves, avec un double niveau CM1-CM2 à 25 élèves. Dans cette configuration, les « grandes classes » ne sont pas lésées, mais les CP ne sont plus privilégiés comme avant, et il y a un double niveau complexe CP-CE2, avec pour effet collatéral d’affaiblir mécaniquement les 2 CP (privés d’élèves autonomes partis dans le double niveau).
Bien sûr, il y a aura des situations plus simples à gérer. Mais dans ces deux exemples, comme dans des milliers d’autres, les "classes à 24" créent obligatoirement un ou plusieurs déséquilibres dans la structure même de l’école. Ces déséquilibres sont passés sous silence par le ministère.
10 000 postes nécessaires ? "L’exemple" des classes à 12
Les classes à 12 nécessitent au total 12 000 postes. Sachant que seuls quelques milliers seront créés sur l’ensemble du quinquennat, il a bien fallu chercher les autres là où ils étaient. Une partie de ces postes a été créée grâce à la suppression de postes dans le secondaire, au nom de la priorité accordée au primaire et alors même que la démographie dans le secondaire est en hausse. La quasi-disparition du dispositif "Plus de maitres que de classes", décimé, a fourni quelques centaines d’autres postes. Les corps de remplaçants ont également subi une cure d’amaigrissement, avec les conséquences qu'on imagine pour les élèves dont l'enseignant s'est cassé la jambe. Les écoles rurales ont aussi payé leur tribut, assez médiatisé au printemps 2018. Et puis, on a raclé partout où cela était jouable en n’ouvrant pas de classe là où il le fallait, en fermant quand cela ne s’imposait pas (dans l’école maternelle de ma fille, où ils sont déjà entre 26 et 30 selon les classes, on a dû se battre pour qu’il n’y ait pas de fermeture de classe…). Autant dire que cette louable idée des classes dédoublées en éducation prioritaire (même si les résultats ne sont pas à la hauteur de ce qui était attendu, mais c’est une autre histoire) a eu un cout non négligeable un peu partout ailleurs, puisque fondée sur la logique des vases communiquant, qui revient ici à "déshabiller Pierre pour habiller Paul".
Les classes à 24 se feront selon la même méthode, mais dans un contexte déjà tendu par le lifting généré par les classes à 12.
L’inquiétude des élus locaux
On comprend que les élus locaux, ceux qui ont la charge des écoles, soient quelque peu inquiets. La mairie de Toulouse a ainsi calculé qu’il faudrait ouvrir 60 classes dans la ville, l’équivalent de 8 écoles, pour garantir l’efficacité de la mesure ! Sans compter les postes d’Atsem supplémentaires à financer pour chaque ouverture de Grande section.
Les plus inquiets sont sans doute les maires des petites communes rurales, déjà secoués en 2018 et que le projet d’EPSF dans la loi Blanquer a de nouveau échaudés il y a quelques semaines (voir le détail ici). Dans les Echos, un "bon connaisseur du sujet" explique que « le problème est que les classes à fermer sont prioritairement dans les zones rurales ». A titre d’exemple, la Lozère compte 15,1 enfants par classe, contre 25,3 en Essonne, comme le mentionne France Inter.
Les optimistes ont noté que le président Macron a assuré jeudi qu’il n’y aurait plus de fermeture d’école sans l’accord du maire (il y a une semaine il assurait qu’il n’y en aurait plus du tout jusqu’à la fin du quinquennat, désormais il faudra l'accord du maire…). Sauf que, fermeture d’école ne signifie pas fermeture de classe, l’Association des maires de France l’a bien compris : "La vraie question ce ne sont pas les fermetures d'écoles mais les fermetures de classe. C'est comme pour les hôpitaux : très peu ferment mais on assiste à de nombreuses fermetures de services". De fait, E. Macron a ajouté que cela n’excluait pas des "réorganisations", ce qui est déjà une porte ouverte – derrière cette porte, on entrevoit que la création d’EPSF faciliterait les choses… Sur le site du ministère, on peut très clairement lire que « des cas possibles de fermeture pourront être la conséquence "d’un projet de réorganisation locale des classes et écoles recueillant le consensus des élus et de l’Education nationale" ».
De son côté, le Réseau français des villes éducatrices, après avoir rappelé dans un communiqué que "les postes créés pour la rentrée 2019 ne suffiront pas à couvrir les nouveaux dédoublements de CE1 en REP" et que "dans de nombreux départements nous constatons une baisse des moyens de remplacements pour la rentrée prochaine, ce qui pénalisera les enfants les plus en difficulté", réclame l’embauche de nouveaux enseignants et la réouverture des places au concours, avant d’insister sur la construction inévitable "de salles de classes, voire d’école qui impliquent le soutien de l’état aux collectivités en investissement mais aussi en fonctionnement". Et le RFVE de conclure : « Sans ces préalables, ces plafonnements se feront au détriment des autres niveaux de classes et des brigades de remplacements, comme cela a été le cas pour le dédoublement des CP et des CE1. Le président de la République a lancé un grand chantier par son annonce ».
Samedi, le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer a confirmé qu'il ne fermerait plus d'école contre l'avis des maires. En revanche, il a expliqué que des classes pourraient continuer de fermer en fonctions des besoins.
Le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a confirmé samedi la promesse d'Emmanuel Macron de ne plus fermer d'écoles primaires contre l'avis des maires, mais a expliqué que des classes continueraient à fermer en fonction des besoins.
"Nous ne fermerons pas d'école primaire"
"Il n'y aura plus d'école qui ferme sans l'avis favorable du maire", a martelé M. Blanquer sur France Info, en détaillant les annonces faites jeudi par le président à l'issue du débat national conçu comme une réponse politique à la contestation sociale des "gilets jaunes". "Nous ne fermerons pas d'école primaire, c'est la première fois qu'un gouvernement s'engage à faire cela, c'est énorme."
"Pour les classes c'est forcément différent. Personne, aucun ministre de l'Education ne pourrait vous dire qu'il n'y a jamais de fermetures de classes", et ce pour des raisons "d'équité territoriale", a-t-il précisé.
Parmi les maires, certains estiment néanmoins que le vrai enjeu ne concerne pas la fermeture des écoles, assez rare, mais celle des classes. "Si vous ne fermez pas une classe parfois, vous créez des inégalites puisque vous avez des gens qui bougent d'un endroit à l'autre", s'est-il justifié, en pointant de "grandes disparités" existantes, avec "14 élèves par classe en Losère" contre "27 dans certains départements".
Une reprise massive du mouvement des enseignants contre la loi Blanquer est attendue dans les prochains jours. Le comité de grève a voté une journée de grève les jeudis 2 et 9 mai, des opérations écoles mortes les vendredis 3 et 10 mai. Sans compter des manifestations les 1er, 4 et 11 mai. Une reconduction de la grève à partir du lundi 13 mai est envisagée.
Et ce vendredi, un collectif de parents d'élèves a bloqué l'école Voltaire, quartier de Monplaisir
L'Éducation nationale prévoyait initialement de fermer « 186 » écoles, dont « 80 écoles rurales » à l'automne, a détaillé le ministre.
Il n'y aura plus d'école qui ferme sans l'avis favorable du maire. » Samedi 27 avril, sur Franceinfo, le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, a confirmé la promesse d'Emmanuel Macron de ne plus fermer d'écoles primaires contre l'avis des maires. Cependant, il a expliqué que des classes continueraient à fermer en fonction des besoins. Le ministre a détaillé les annonces faites jeudi par le président à l'issue du débat national conçu comme une réponse politique à la contestation sociale des Gilets jaunes. « Nous ne fermerons pas d'école primaire, c'est la première fois qu'un gouvernement s'engage à faire cela, c'est énorme.
« Pour les classes, c'est forcément différent. Personne, aucun ministre de l'Éducation ne pourrait vous dire qu'il n'y a jamais de fermetures de classes », et ce pour des raisons « d'équité territoriale », a-t-il précisé.
Pour appliquer la mesure de 24 élèves dans les classes de grande section de maternelle, la mairie de Toulouse a calculé qu’il lui faudrait ouvrir près de 60 nouvelles classes, soit huit nouvelles écoles
« Sur le fond, c’est une bonne mesure, on trouve qu’il y a trop d’élèves dans les classes », pose dès le début de la conversation Marion Lalane de Laubadère.L’adjointe à l’Education ne veut pas qu’il y ait de méprise, elle adhère à la mesure présentée jeudi soir par Emmanuel Macron, qui souhaite que désormais les classes de grande section de maternelle, de CP et de CE1 ne « dépassent jamais 24 élèves ».
Mais entre l’idée et sa mise en œuvre, au maximum en 2022, il y a une différence et beaucoup de questions qui restent en suspens. Surtout dans une ville comme celle de Toulouse qui accueille chaque année entre 600 à 1.200 nouveaux élèves dans ses écoles maternelles et primaires. Et dont de nombreuses classes ont des effectifs dépassant largement le chiffre de 24 élèves, surtout en grande section où le seuil maximum est de 32 élèves.
Selon une information du journal Le Point dévoilée ce 24 avril, deux écoles ouvriront prochainement leurs portes à Valence et Clichy-sous-Bois, dédiées aux adultes non diplômés. Brigitte Macron leur fera classe «un cours toutes les deux semaines ou un cours mensuel».
Si la nouvelle est passée inaperçue, elle est pourtant de taille : l'épouse du chef de l'État a créé deux écoles - financées par le groupe de luxe LVMH - dont l'une est actuellement en construction, selon une information exclusive du journal Le Point. Le Live - Institut des vocations pour l'emploi - ouvrira bientôt ses portes dans deux communes françaises, l'un à Valence, dans la Drôme, et l'autre à Clichy-sous-Bois, «à la lisière du bois de Bondy», précise le quotidien.