Rarement une journée d'actions aura été aussi déterminante que celle du 24 juin.
Les enjeux sociaux sont bien sûr la priorité de la journée. Le gouvernement lui-même, selon Les Echos, a annoncé qu'il tiendrait compte de la mobilisation pour orienter sa politique salariale, par exemple à propos du gel des salaires des fonctionnaires. Il est clair, par exemple, qu'une faible mobilisation transformerait les négociations salariales qui vont s'ouvrir dans les prochains jours en simple enregistrement des décisions gouvernementales.
Mais pour les enseignants, ce qui se joue ce 24 juin va au-delà. C'est aussi la façon dont ça se passe, dont l'Ecole est pilotée. Luc Chatel a beau soutenir qu'il a mis en place un pilotage au plus près du terrain, par suite plus efficace et plus respectueux des valeurs d'équilibre et d'équité. Ce qu'ont retenu les enseignants quand les documents ministériels ont fuité c'est plutot le secret des décisions, l'absence de débat et la transformation profonde de l'Ecole par retouches invisibles. C'est déjà ce sentiment que certains avaient devant la mise en place de comités d'experts chargés de préparer en urgence et dans la discrétion les nouveaux programmes. Parfois on allait jusqu'au recadrage d'une discipline comme en SES. Les choix de gestion effectués ainsi sans transparence affectent les conditions de travail. Mais ils sont en train aussi de changer la professionnalité de l'enseignant et jusqu'à son éthique. Il est urgent de rompre avec ces procédés et d'instituer un véritable débat.
Un dernier enjeu est d'une autre nature, c'est l'efficacité de la politique économique. Ce qui se met en place, compte tenu de l'importance des retraités et du secteur public, c'est une politique de déflation en réponse à la crise. Cette politique continue à sacrifier le travail à la rente. Mais surtout on peut s'interroger sur son efficacité. A-t-on un seul exemple historique d'une sortie de crise par la déflation ? Personnellement je n'en ai pas trouvé.