Sa France miniature, son école du futur, son palais des sports... Elancourt ne manque évidemment pas d'atouts, mais pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il choisi cette petite ville de 27 000 habitants plutôt qu'une autre commune des Yvelines pour son meeting ce mercredi 27 mars ?
A cette question pourtant simple, l'équipe de « La France forte » n'a pu nous fournir d'autre réponse que la platitude suivante : « C'est à l'invitation de la fédération des Yvelines. »
« Ça lui porte chance »
Le député-maire d'Elancourt, Jean-Michel Fourgous, qui aime sa ville, explique ainsi le choix du candidat :
« C'est une commune marquée par l'innovation. Prenez l'Ecole du Futur, où toutes les classes sont équipées de tablettes numériques et où l'on apprend l'anglais par visioconférence. Nous avons également EADS et Thalès, des entreprises élitistes sur la sécurité du futur. »
Bien. Mais encore ? Flatté par cette venue, Jean-Michel Fourgous s'emballe :
« Je crois que ça lui porte chance. Il était venu en 2006. Cette année encore, nous sommes tous mobilisés parce que Sarkozy est quelqu'un qui fait bouger les lignes.
Il est très rôdé, ne prépare pas ses discours – je ne sais pas de quoi il va parler – parce qu'il est un génial laboratoire d'idées à lui tout seul. “
Si on résume, Elancourt a donc été privilégiée par le staff de Nicolas Sarkozy pour deux raisons :
- l'innovation ;
- le candidat est en terrain conquis, difficile d'imaginer maire plus enthousiaste que M.Fourgous.
Fillon annulé
Une autre raison explique son déplacement : une grande partie des réunions publiques de Nicolas Sarkozy sont prévues à la dernière minute. Or, la ville était fin prête à accueillir un rassemblement d'ampleur – certes modeste sur le plan national mais important à l'échelle de la ville.
La salle avait été initialement réservée pour un meeting électoral de François Fillon. Il y a seulement quelques jours, la mairie d'Elancourt a été avertie de l'annulation de la venue du Premier ministre et de la venue du Président. Résultat : les inscriptions au meeting se sont multipliées.
Myriam Lévy, chargée de la communication de François Fillon, explique ce changement de dernière minute :
‘C'est une campagne, autrement dit c'est réactif : on cale, on annule, on s'adapte. Il n'est pas utile d'être tous au même endroit donc François Fillon n'y sera pas. On est en campagne, on se déploie.’
Mais symboliquement, pourquoi cette ville plutôt qu'une autre ? Paula Cossart, maîtresse de conférences en sociologie historique et spécialiste des meetings politiques, rappelle qu'il existe une sorte de tradition du retour sur les lieux d'un meeting qui a bien fonctionné - c'est le cas de Nicolas Sarkozy à Elancourt.
Montrer qui est le plus fort
Elle suggère également une éventuelle volonté de se décaler légèrement, de se démarquer de la tendance du moment :
‘Alors qu'en 2007, on valorisait davantage les réunions de proximité (Ségolène Royal notamment), cette campagne est celle des meetings monstres, des démonstrations de force’.
On a l'impression, accentuée par les médias, qu'un meeting n'est réussi que lorsque le candidat parvient à montrer qu'il a rassemblé un maximum de personne : Villepinte, le Bourget, Marseille, la Bastille... Chacun essaye de montrer qu'il est ‘le plus fort’.
Là, Nicolas Sarkozy cherche peut-être à donner une image plus modeste, plus proche.”
Sarkozy, chez lui dans les Yvelines
Autre symbole qui compte : la banlieue. Alors qu'il lui serait compliqué d'organiser une grande réunion publique à La Courneuve ou ailleurs en Seine-Saint-Denis, Nicolas Sarkozy est chez lui dans les Yvelines.
Ce département, contrasté sociologiquement, vote à droite – Nicolas Sarkozy été élu avec 58% des voix dans les Yvelines en 2007 – et compte douze députés UMP (sur treize).
Le candidat va donc à la rencontre de son électorat et de la porte-parole du gouvernement : Valérie Pécresse est présidente de la fédération des Yvelines.
Comment choisir ?
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