Des SMS circulent entre parents, les incitant, en protestation, à retirer leurs enfants une journée. Dans certaines écoles, le taux d’absentéisme, vendredi, a atteint 60%. Le directeur d’une école strasbourgeoise, située en ZEP, témoigne dans le Huff’ Post de l’affolement des parents, « principalement issus des communautés turque, gitane, maghrébine, qui ont toutes trois la particularité de vivre un peu repliées sur elles-mêmes ».
Farida Belghoul : la même, trente ans après
La panique se hisse jusqu’aux radios du matin. Elle fait l’objet de la chronique de Thomas Legrand sur Inter. Elle ouvre le journal de 8 heures sur France Culture. Derrière cette initiative de Retrait de l’école, Farida Belghoul, écrivaine, cinéaste, enseignante en banlieue, présentée par les radios comme proche d’Alain Soral et évidemment, coucou le revoilà, de Dieudonné.
Clic clic clic : initiatrice de la Journée du retrait de l’école, Belghoul est omniprésente sur la Toile. Sa vision du monde embrasse large et rappelle, c’est vrai, la vision soralienne. Elle pense, par exemple, que c’est l’Union des étudiants juifs de France qui a inoculé le rap dans les banlieues, comme on inoculerait un virus, pour casser les jeunes générations des « quartiers ».
Qui est Belghoul ? Libé la prend avec des pincettes. « Une certaine Farida Belghoul », dit le journal. Pourtant Libé connaît très bien cette ex-marcheuse pour l’égalité de 1983, qui brossait d’elle, encore en 2008, un portrait élogieux. La même ? Oui, c’est la même, trente ans après, qui participait au fameux Jour de colère, de dimanche dernier. On n’est pas sortis d’affaire.
Le texte à l’origine du bobard
L’origine de cette panique masturbatoire (parce que toutes les paniques ont toujours une origine) ? Un texte rédigé conjointement par un service du ministère de la Santé allemand, par le bureau pour l’Europe de l’OMS et par un collège d’experts.
Publié en Allemagne en 2010, le texte préconise en effet d’informer les enfants, de 0 à 4 ans, et de 4 à 6 ans, sur « le plaisir et la satisfaction liés au toucher de son propre corps, la masturbation enfantine précoce », et la « découverte de son propre corps et de ses parties génitales ». Le texte a été traduit en français, en 2013, par une association suisse.
C’est alors qu’il a commencé, en France, sa belle carrière virale.