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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 19:01

In Médiapart

 

Des collégiens en stage dans l'armée : retour sur un fiasco

 

 

Le stage qui s'est déroulé du 2 au 6 mai 2011dans la caserne militaire de Montlhéry (Essonne), concernant dix collégiens de l'établissement de réinsertion scolaire de Nanterre (Hauts-de-Seine), a abouti à un véritable fiasco que la Défense et l'Education nationale ont évité d'ébruiter. Un collégien exclu, sept d'entre eux interdits de participer à la cérémonie du ravivage de la flamme sous l'Arc de triomphe par crainte d'un incident, une semaine émaillée d'insultes, d'altercations entre les élèves, et entre eux et les gradés du régiment, peu préparés à accueillir ce type de stage. Une journaliste qui devait couvrir la semaine a même vu les portes de la caserne se refermer sur elle au bout du deuxième jour.

 

La mise en place de se stage n'est pas un accident de l'histoire scolaire française. Un tel dispositif se situe au contraire dans le cadre d'une politique publique à l'œuvre depuis plusieurs années et dont il convient aujourd'hui de rappeler les dérives. Le stage de Montlhéry est à cet égard très symptomatique car il croise à la fois la mise en place d'un partenariat très actif entre l'Education nationale et la Défense, et la création depuis la rentrée 2010 des établissements de réinsertion scolaire (ERS).

 

La suppression en 1997 du service national a conduit à un partenariat officiel entre le ministère de l'éducation nationale et le ministère de la défense, qui s'est considérablement renforcé. Ce partenariat se fonde aujourd'hui sur un texte majeur, le «Protocole d'accord entre le ministère de la défense et le ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche» signé le 31 janvier 2007 par Michelle Alliot-Marie et Gilles de Robien. Dans ce texte, il est précisé que la mission attribuée à l'école est ainsi de «former les jeunes citoyens aux  principes de notre Défense». La défense est présentée comme «l'une des connaissances que tout élève doit avoir acquises à la fin de la scolarité obligatoire, dans le cadre du socle commun, au titre de la culture humaniste, de la compétence sociale et civique et du développement de l'autonomie et de l'initiative» (p. 5). De l'école primaire à l'université, l'enseignement de la défense «a pour objectif d'aider les jeunes à comprendre les valeurs qui fondent la République et contribue à les préparer à leur devoir de défense» (p.6). Cet enseignement vise aussi la formation des enseignants et les étudiants pendant leur parcours universitaire, comme en témoigne l'expérience malencontreuse relatée par les stagiaires cette année dans l'académie de Bordeaux.

 

Dans le cadre de «la promotion de l'égalité des chances», il est également prévu par le protocole des «actions concertées entre l'Education nationale et la Défense au profit des jeunes les plus en difficulté» (p. 11). A ce titre, la maîtrise de la lecture est perçue comme une «mission essentielle confiée conjointement à la Défense et à l'Education nationale» (p. 12).

 

Ce partenariat n'a absolument rien de théorique. Un personnel spécifique a été créé pour sa mise en place. Des délégués militaires départementaux (DMD) sont désignés comme les interlocuteurs directs des inspecteurs d'académie. Ils sont aidés dans chaque académie par un «référent éducation nationale» appartenant à la réserve militaire qui doit être aussi, si possible, un personnel réserviste de l'Education nationale (p. 17). C'est un «référent éducation nationale» qui a ainsi monté le projet de stage de Montlhéry pour les collégiens de l'ERS de Nanterre, et qui l'a présenté à l'inspecteur d'académie des Hauts-de-Seine.

 

Parmi ces «jeunes les plus en difficulté», on privilégie alors ceux qui se destinent à intégrer des ERS, structures nées lors des Etats généraux sur la sécurité à l'école en avril 2010, en même temps qu'était annoncé la création du dispositif Clair (devenu entre temps Eclair) destiné à se substituer à l'éducation prioritaire. Ces deux dispositifs relèvent de la même logique éducative gouvernementale. Le premier se destine à accueillir les collégiens en décrochage scolaire pendant un an; le second propose la création d'établissements autonomes (recrutement des enseignants par le chef d'établissement, politique de projets pédagogiques et enseignements centrés sur les «fondamentaux»). Les ERS sont donc la soupape de sécurité de la nouvelle politique éducative visant à cibler puis isoler des établissements proposant un «smic de connaissances» à des élèves considérés comme peu performants. Les plus «méritants» d'entre eux se voyant offrir des «internats d'excellence». Il va de soi que ces innovations touchent particulièrement les quartiers populaires. Couplées à la disparition de la carte scolaire, elles ne font que renforcer la ghettoïsation scolaire par la politique de sécurisation. Tout cela au nom d'une «égalité des chances» qui ne relève plus d'une logique d'action publique territoriale mais d'une politique de l'injonction à la performance individuelle.

 

Par cette inflation «méritocratique» couplée à une politique sécuritaire, l'Education nationale se fait complice de politiques discriminatoires qui ne produisent que la confusion. Ces dispositifs posent par ailleurs avec acuité la question de la responsabilité des agents de ce service public qui voient leur éthique professionnelle en contradiction avec ces politiques publiques qu'ils doivent appliquer.

 
A quand des stages en immersion encadrés par l'armée pour l'apprentissage de l'«autorité» pour les enseignants?

Nous demandons l'abandon immédiat de cette politique,  aussi dangereuse qu'inefficace, qui détourne l'école républicaine de ses valeurs et de ses missions, et fragmente davantage le territoire national.

Nous exigeons donc:

- l'arrêt du partenariat Education nationale/Défense

- la suppression des établissements de réinsertion scolaire.

 

Laurence De Cock, professeure d'histoire-géographie au lycée de Nanterre, chercheure en sciences de l'éducation (Lyon 2).

 
Sébastien Ledoux, professeur d'histoire-géographie, académie de Paris, chercheur en histoire (Paris 1).

Pétition ici: http://www.petitionpublique.fr/?pi=P2011N10350

 


 

In Rue 89

 

 

Cela s'est passé durant la semaine du 2 au 6 mai, dans la caserne militaire du 121e régiment de Montlhéry. Dix collégiens venus de l'établissement de réinsertion scolaire (ERS) de Nanterre ont été aux ordres de l'armée pendant une semaine.

 

 Image extraite du reportage de France 3 Paris Ile-de-France sur le stage des collégiens au 121e régiment

 

Ce stage en immersion était présenté par l'inspecteur d'académie des Hauts-de-Seine comme une « expérimentation de coopération entre l'Education nationale et la Défense ».

 

Etaient concernés des élèves exclus définitivement de leur établissement au moins une fois, et pour lesquels l'Education nationale espérait, semble-t-il, qu'une telle expérience leur apprendrait à marcher « au pas cadencé » (formule extraite d'un document de l'inspection d'académie pour ce stage), en entonnant La Marseillaise comme un seul homme à la levée du drapeau tricolore tous les matins.

Car le principe d'une immersion a été respecté à la lettre : uniforme pour tout le monde, y compris pour le personnel présent sur le terrain (dont une psychologue scolaire ! ), réveil à 5h30 du matin, garde-à-vous, hymne national, travaux d'intérêt général, apprentissage du code du soldat, parcours d'obstacles, marche à pied…

Des sorties ont aussi été organisées, notamment la visite du musée de l'Armée aux Invalides et le ravivage de la flamme du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe.

L'opération de com tourne au cauchemar pour les autorités

La suite... 

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