Le ministre de l'éducation nationale, Luc Chatel, a annoncé l'expérimentation d'après-midi consacrés aux sports au sein d'une centaine de collèges et de lycées répartis sur toute la France. Six questions sur cette mesure.
1. Sur quel fondement idéologique s'appuie cette initiative ?
Pour le président de la République, Nicolas Sarkozy, "le sport est une école du respect des autres, du respect de la règle, de la loyauté et du dépassement de soi". Ainsi s'était-il exprimé dans sa lettre aux éducateurs de septembre 2007. Il y avait même ajouté un définitif : "Je crois à la valeur éducative du sport."
Récemment, au moment de la mise en place des internats destinés aux élèves exclus d'un collège, le sport a aussi été présenté comme central au sein de ces structures destinées à rescolariser des jeunes en difficultés.
2. Pourquoi ouvrir ce débat aujourd'hui ?
Luc Chatel a annoncé un colloque sur les rythmes scolaires pour juin. La date n'est pas fixée, mais il s'agira de poser les bases d'un débat de longue haleine sur le sujet. Son expérimentation fonctionne aujourd'hui comme une entrée en matière dans ce sujet délicat.
3. Est-ce respectueux du rythme naturel des enfants ?
Contrairement à une idée reçue, les débuts de matinée ne sont pas des moments idéaux pour les apprentissages. Les chronobiologistes sont assez unanimes à estimer que l'élève est intellectuellement disponible en fin de matinée et en fin d'après-midi. Ce sont là les moments des pics d'attention.
Une organisation qui place les apprentissages fondamentaux le matin et les activités physiques l'après-midi ne respecte pas vraiment ces données scientifiques.
4. Est-ce que cette organisation améliorera les résultats scolaires ?
A l'issue de sa présentation, le ministre a annoncé espérer "observer les bénéfices [de son expérimentation] au profit d'une meilleure réussite des élèves". Si l'on en croit les Allemands ce serait l'inverse.
Depuis 2004, ces derniers ont consacré 4 milliards d'euros pour permettre à un tiers des écoles primaires et un quart des collèges d'offrir une journée complète de classe, en réponse au mauvais classement de l'Allemagne à l'évaluation internationale Pisa (qui mesure dans une trentaine de pays les compétences des élèves à 15 ans). Les après-midi sportifs ont été rendus responsables des mauvais résultats du système.
5. Augmentera-t-on ainsi la pratique sportive des jeunes français ?
Un million de jeunes pratiquent déjà un sport au sein de leur établissement scolaire, le mercredi après-midi, voire à l'heure du déjeuner dans le cadre d'associations sportives. Avec 700 000 inscrits, ce sont les collégiens qui nourrissent le plus les rangs. Et les comparaisons internationales montrent une France tout à fait dans la norme en matière de temps scolaire consacré aux sports.
En primaire, les trois heures théoriques hebdomadaires se réduisent en moyenne à deux heures douze minutes selon les données ministérielles, au collège, les quatre heures de la classe de 6e deviennent trois dès l'année suivante et deux au lycée général et une heure de plus en lycée professionnel. Ces horaires ressemblent assez à ceux mis en place par nos voisins.
Quant aux sports pratiqués individuellement, les moins de 18 ans sont titulaires de 8 des 14 millions de licences signées en France chaque année. Ce sont là encore les 10-14 ans qui sont les plus assidus avec un quart des licences.
6. Que cache cette expérimentation ?
Cette expérimentation vise-t-elle à modifier à terme le statut du sport, pour le sortir du bloc des apprentissages fondamentaux ?