In Libération
Orientation «réversible», revalorisation des filières délaissées, plan pour les langues... Les annonces du chef de l'Etat, lors de son discours à l'Elysée.
Elle était attendue de longue date. La réforme «des lycées», avortée une première fois il y a un an quand Xavier Darcos, alors à l'Education, avait dû retirer ses propositions sous la pression de la rue, a été annoncée ce mardi, pour une entrée en vigueur à la rentrée prochaine. C'est cette fois Nicolas Sarkozy qui s'en est chargé, s'inspirant du rapport remis par Richard Descoings et précisant que les décisions définitives seraient prises «avant la fin de l'année». D'ici là, son ministre Luc Chatel aura mené la concertation lors d'un «tour de France des lycées».
«Dans l'ensemble le lycée marche bien», a relativisé le Président en ouverture de son discours ce matin à l'Elysée. «Mais il marche surtout pour ceux qui réussissent, et qui sont toujours les mêmes. Notre lycée laisse trop d'élèves au bord de la route», a-t-il dénoncé.
S'insurgeant contre la persisance des inégalités entre enfants d'ouvriers et familles favorisées alors que, a-t-il rappelé en pleine polémique sur l'accession de son fils Jean à l'Epad, la création du lycée en 1802 signifiait «la fin des privilèges de la naissance». Et d'insister: «Cela voulait dire: désormais, ce qui compte en France pour réussir, ce n'est plus d'être bien né, c'est d'avoir travaillé dur et d'avoir fait la preuve par ses études de sa valeur.»
Discours de Nicolas Sarkozy : réforme des lycées
envoyé par publicsenat. - L'info internationale vidéo.
Reprenant certaines des annonces déjà faites par Luc Chatel ou Martin Hirsch dans son livre vert pour la jeunesse, Sarkozy a décliné une réforme en six axes. Sans annonce surprise et en laissant le soin à Chatel de préciser les modalités pratiques.
La suite...
Nicolas Sarkozy présente en fin de matinée à l’Elysée une réforme des lycées qui devrait être beaucoup plus modeste que le projet initial. Ce dernier, porté par Xavier Darcos, avait provoqué une levée de boucliers chez les enseignants et les organisations lycéennes.
Depuis, Luc Chatel a remplacé Xavier Darcos... Et le maître-mot est désormais : "concertation".
"Ce que veut Nicolas Sarkozy, c’est fermer la séquence. Il n’y aura pas de grand texte. Ce sera un ajustement plutôt qu’une réforme", estime un membre du gouvernement. Dans l’entourage du président de la République, on se borne à évoquer un changement de méthode : "Xavier Darcos était arrivé avec une maquette toute ficelée prévoyant les choses dans le moindre détail", explique-t-on à l’Elysée. "Le président va présenter de grands principes et laisser de la marge à la négociation et à la concertation, ainsi qu’à l’organisation des choses par les établissements."
Le discours présidentiel devrait ainsi ouvrir une période de deux mois de concertation avec les syndicats de l’Education.
La réforme s’appuie notamment sur le travail effectué par Richard Descoings, le directeur de l’Institut d’études politiques. L’objectif est d’"adapter le lycée au monde d’aujourd’hui, sans casser ce qui marche", explique Luc Chatel.
La suite...
Café Pédagogique
Un bon constat pour aboutir à six mesures. Le président de la République a présenté ce matin de 11 à 12 heures la réforme des lycées qu'il compte mettre en place. Il maintient le calendrier. La réforme sera présentée aux parents, lycéens et enseignants dans les semaines à venir par le ministre. Les décisions définitives seront prises avant la fin de l'année. L'application aura lieu à la rentrée 2010.
Le président a commencé par un constat sévère mais argumenté des difficultés des lycées. Il a mis en avant les inégalités sociales et les sorties sans qualification : 35 000 bacheliers quittant le lycée sans le bac chaque année, 80 000 bacheliers quittant le supérieur sans diplôme, deux fois moins de chance pour un enfant de milieu ouvrier d'accéder à l'enseignement supérieur, 5 fois moins pour une classe préparatoire. Puis le président à présenté une réforme en 6 points.
Orientation : "une véritable révolution" annonce Nicolas Sarkozy. Deux principes : l'orientation doit être progressive et réversible. Pour cela le redoublement qui n'est "jamais une solution" doit devenir "l'exception". Pour que les élèves puissent passer en classe supérieure malgré un niveau insuffisant ou changer d'orientation, le ministère créera des stages de vacances. Il y aura des stages passerelle offrant le complément de programme pour changer de filière. Ils pourront aussi avoir lieu en cours d'année. Il y aura aussi de stages de remise à niveau permettant d'éviter le redoublement. Parallèlement le ministère développera les plateformes multimédia d'information sur l'orientation.
Tous les lycées devront développer des liens avec le supérieur et les entreprises. Chacun offrira une banque de stages en entreprises. Les services partagés d'enseignement entre supérieur et lycée seront encouragés ainsi que les stages d'enseignants en entreprise. "Comment orienter vers un monde qu'on ignore " demande N Sarkozy ?
Réforme de la voie technologique. Le président annonce une refonte des programmes STI. Plus généralement, il annonce des places réservées en BTS et en IUT pour les bacheliers technologiques et la multiplication des classes préparatoires aux écoles d'ingénieur.
Il faut sauver la voie littéraire. N Sarkozy voit trois solutions : la création d'un nouvel enseignement de langues et civilisations étrangères propre à la série permettant une ouverture internationale; l'introduction de disciplines nouvelles comme le droit; la création d'un enseignement culturel et artistique ouvrant sur les métiers des loisirs.
Accompagnement personnalisé pour les élèves. Pour N Sarkozy il y a trop de cours (1036 heures annuelles en France contre 921 h dans le spays OCDE) et pas assez de plages de travail personnel. Dès la rentrée les élèves disposeront de deux heures d'accompagnement par semaine en seconde. Ce sera étendu en 1ère et Tale en 2011 et 2012. Sous l'autorité d'un enseignant ils pourront bénéficier de soutien ou d'approfondissement ou encore travailler leur orientation. Cet accompagnement devra trouver place dans les horaires actuels "à moyens constants". Une marge de manoeuvre sera laissée aux établissements.
Un plan d'urgence pour les langues. N Sarkozy annonce un nouveau plan pour les langues. Les épreuves du bac seront réformées pour laisser plus de place à l'oral. Pour cela l'Etat s'appuiera sur des assistants de langue et la visioconférence. Les élèves seront regroupés par groupe de niveau. Enfin chaque lycée devra passer un partenariat avec un établissement étranger et organiser des voyages à l'étranger pour tous les élèves. L'Etat compte sur les régions pour aider financièrement les enfants des familles défavorisées à financer ce voyage…
L'histoire des arts introduite au lycée. Un enseignement transversal d'histoire es arts sera introduit au lycée grâce à une réforme des programmes de français, histoire et sciences. Il sera évalué au bac. Chaque lycée devra avoir un partenariat avec un établissement culturel local. Il devra nommer un enseignant "référent culture". Chaque lycée devra aussi avoir son ciné club avec une salle équipée pour la projection. Une plateforme développée par France Télévision mettra à disposition des établissements une banque de 200 classiques du film utilisables dans ce cadre. Les établissements seront encouragés à prévoir des retransmissions en direct de créations théâtrales ou d'opéras…
Plus d'autonomie pour les lycéens. L'engagement associatif ou dans l'établissement des élèves sera reconnu dans le livret de compétences. Ce sera un "plus" pour l'accès à l'enseignement supérieur. L'âge légal de prise de responsabilité associative sera abaissé de 18 à 16 ans. Les élèves seront associés à la gestion de la cantine et des espaces des établissements.
Ecouter le discours de N Sarkozy
Du travail d'amateur
Ceux qui attendaient une véritable réforme du lycée resteront sur leur faim. Ceux-là même qui attendaient des avancées significatives sur au moins un des points noirs des lycées aussi tant il apparaît que les solutions proposées ont une efficacité nulle ou fortement réduite.
La question du redoublement qui pourrit effectivement le système scolaire français du haut en bas, et qui n'est traitée ici que dans les années où elle est moins criticable, peut difficilement trouver de solution dans un stage de remise à niveau durant un mois d'été. Ce que montrent justement les études sur le redoublement c'est que n'est pas en refaisant le programme qu'on règle les difficultés de l'élève. La solution réside plutôt dans un véritable travail d'accompagnement durant l'année scolaire.
Les stages passerelles sont une idée mieux adaptée à condition d'être très vigilant sur le processus de réorientation lui-même de façon à le mettre au service du seul élève. A défaut on aura seulement donné un nouvel outil de tri dans les établissements et renforcé l'élitisme.