Huit mois après son arrivée, M. Peillon mécontente une partie des enseignants. Un comble puisque cette catégorie est l'objet de compliments sans cesse renouvelés et d'un effort sans précédent alors même que les finances publiques sont exsangues. En 2017, ils devraient être 60 000 de plus qu'en 2012... et les professeurs des écoles vont, eux, bénéficier dans les semaines qui viennent d'une prime annuelle de 400 euros. Pourtant, le 12 février, le syndicat majoritaire dans les écoles, le SNUipp-FSU, appelle à la grève nationale avec manifestations locales aux côtés de FO, la CGT et SUD.
Vincent Peillon n'a-t-il pas sous-estimé la difficulté du dossier "rythmes scolaires" qu'il a imprudemment mis en avant depuis son arrivée au ministère ? Pour le ministre de l'éducation, offrir aux enfants un temps scolaire mieux étalé et aux enseignants une formation initiale et continue sont les deux leviers essentiels pour améliorer l'école française. "C'est aux résistances qu'on mesure l'ampleur du changement qu'on demande", analyse aujourd'hui le ministre, qui conclut que "c'est bien une petite révolution" qu'il est en train d'opérer en limitant la journée scolaire des enfants.
En fait, M. Peillon est meilleur dans l'analyse, y compris dans celle des politiques éducatives qu'il mène, qu'en service après-vente. A-t-il assez labouré le terrain des maires qui, même de gauche, hésitent à revenir dès septembre aux quatre jours et demi ? Inquiet des 5 millions d'euros qu'il devra débourser pour mettre sa ville en conformité, le maire (PS) de Lyon Gérard Collomb n'a pas encore décidé. Que fera Martine Aubry à Lille? Plus globalement, Vincent Peillon parviendra-t-il à un élève sur deux aux nouveaux rythmes à la rentrée? Le doute s'est installé. Même à l'Elysée, d'où quelques messages sont partis en direction de la rue de Grenelle.
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