Les partisans d’une hausse radicale des droits d’inscription montent en puissance.
Un tabou est en train de sauter : celui de la gratuité ou quasi-gratuité des études à l’université en France. Il ne s’agit encore que d’une amorce de débat. Mais le fait qu’il ait été lancé au sein même de la gauche donne la mesure de l’évolution des mentalités et annonce de rudes affrontements autour d’un principe aussi sacro-saint que la non-sélection à l’entrée de l’université. Le think tank Terra Nova a mis les pieds dans le plat le premier. Fin août, dans le cadre de ses contributions aux débats présidentiels, il publie un rapport sur l’enseignement supérieur. Parmi 42 propositions, ses auteurs suggèrent, en cinq ans, de tripler les droits d’inscription en licence et de les quadrupler en master. Ils y voient deux avantages (lire page ci-contre) : une source de financement supplémentaire pour les universités et une plus grande implication des étudiants, qui seraient moins absentéistes et plus exigeants vis-à-vis de leurs formations. D’après eux, la gratuité creuse en fait les inégalités.
«Grands piliers». Dans la foulée, en septembre, la Conférence des présidents d’université (CPU), qui a constitué un groupe de travail sur la question, annonce qu’il faut revoir «le modèle économique de l’enseignement supérieur». D’après elle, il n’est pas à la hauteur des enjeux : 53% d’une classe d’âge en France accède au supérieur, en dessous de la moyenne de l’OCDE. De plus, le pays est en retard quant aux aides sociales étudiantes - 7% du budget du supérieur y est consacré, contre 11,5% dans l’OCDE -, et la démocratisation du supérieur marque le pas. Sans se prononcer, la CPU indique qu’il faut faire bouger l’équilibre entre les «grands piliers du modèle» - droits d’inscription, avantages fiscaux, aides sociales… Le groupe de travail étudie pour cela les différents modèles dans le monde, ceux réclamant des frais plus élevés et aidant plus les étudiants, comme ceux où l’on fait rembourser leurs formations aux diplômés après leur entrée dans la vie active.
Tir de barrage.
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