Christian Chevalier est le secrétaire général du syndicat d'enseignant SE-UNSA (deuxième syndicat d'enseignants).
- Les enseignants attendent des engagements, des signaux forts. Ils veulent un vrai projet pour l'école. Le dernier quinquennat a miné le moral des enseignants. Ils n'ont pas compris le but des réformes. Les conditions de travail se sont dégradées. Ils ont l'impression d'être incompris et d'avoir été déconsidérés. L'école est un bien public. Les enseignants souhaitent que la confiance soit rétablie.
Aujourd'hui, et pour la 1ère fois dans une élection présidentielle, les enseignants ont l'impression de voir s'opposer deux visions, deux projets radicalement antinomiques de l'école. L'un, proposé par la gauche, estime qu'il faut réformer l'école républicaine pour aller plus loin dans l'égalité, repenser la place de l'enfant et de l'enseignant. Ce projet propose une école de la coopération. L'autre projet, prôné par Nicolas Sarkozy et qui court depuis cinq ans, est un copié-collé de ce qu'il se fait dans le privé. Les chefs d'établissement notent les enseignants. Le nombre d'enseignants diminue. C'est l'école de la concurrence. On le voit bien, la réforme de la carte scolaire a rendu l'école plus injuste. A terme, c'est l'apparition d'une école à deux niveaux : une école "low-cost" et une école "classe affaire".
Les enseignants attendent beaucoup des propositions de François Hollande.
- L'histoire de l'école et du Parti socialiste est intimement liée. Une grande majorité des enseignants a voté pour François Mitterrand en 1981. Mais en 2007, François Bayrou a récupéré une part importante du vote des enseignants. Une distance s'est imposée entre les enseignants et les socialistes depuis 1981. Il y a eu l'expérience Claude Allègre, ministre de l'Education nationale de 1997 à 2000 [en juin 1997, Claude Allègre prononce la phrase : "il faut dégraisser le mammouth", provoquant la colère des enseignants, NDLR]. Et puis en novembre 2006, Ségolène Royal avait fâché de nombreux enseignants avec ses propos sur les "35h" au collège. Elle affirmait que les "profs ne travaillaient pas assez". Aujourd'hui, le ressenti est clair : les enseignants veulent du changement. L'école et les enseignants sont en souffrance. J'insiste bien sur le mot "souffrance" car c'est une réalité.
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