Des enseignants de la région toulousaine se sont plaints de leur inspecteur d'académie : ils en ont assez de se voir imposer des formations organisées main dans la main avec les maisons d'édition. « C'est une collusion entre une entreprise commerciale et l'institution à laquelle nous appartenons », argumentent-ils dans un texte. « Pure paranoïa », répondent le monde de l'édition et l'inspection d'académie.
Tous les enseignants des écoles maternelles et élémentaires reçoivent dix-huit heures de formation obligatoire par an. Il s'agit de mettre à jour leurs compétences ou de réfléchir à des nouvelles pratiques à expérimenter en classe. Ce qui n'est pas sans poser un problème, selon Christian Borgetto, enseignant à l'école élémentaire de Nailloux (Haute-Garonne) :
« Nous avons de plus en plus de formations organisées par les maisons d'édition du type Hatier, Hachette ou Bayard, qui viennent faire la pub pour leur manuel. »
Des livres « sans aucun rapport avec l'enseignement »
L'homme prend pour exemple la formation que tous les enseignants du primaire de Haute-Garonne ont reçu le 15 décembre dernier : Marie-Lise Peltier, auteur du manuel de mathématiques « Euro Maths » chez Hatier, s'est déplacée pour une conférence (une animation pédagogique dans le jargon). Commentaire de Christian Borgetto :
« Sans remettre en cause les qualités de Mme Peltier, nous estimons que cette conférence n'était qu'une vaste opération commerciale. Il y avait une table où nous pouvions acheter le manuel et même des ouvrages de jeunesse sans aucun rapport avec l'enseignement. C'est une collusion entre l'entreprise et l'école. »
Une de ses collègues explique que les formations pour les enseignants de l'école maternelle de Nailloux « ne valent pas mieux » :
« Une directrice de collection de chez Bayard est venue nous parler pendant deux heures de comment elle concevait Popi et Les Belles histoires. Il y avait des banderoles de Bayard dans la salle, et à aucun moment nous n'avons discuté de comment utiliser ces magazines en classe. A la fin de la conférence, nous lui avons dit : “Vous êtes là pour faire de la pub ! ” Elle était gênée. »