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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 17:50

In L'Humanité



Pour Christian Laval, sociologue de l’éducation, le baccalauréat revêt une forte dimension symbolique et reste l’un des derniers remparts au tout concurrentiel.


Fini, les révisions de dernière minute, l’angoisse de parents souvent plus tétanisés que leurs bambins… Aujourd’hui, les choses sérieuses commencent pour les quelque 622 322 candidats au baccalauréat 2009, ceux en tout cas qu’appelle ce matin l’épreuve de philosophie. Auteur de L’école n’est pas une entreprise. Le néolibéralisme à l’assaut de l’enseignement (Éditions La Découverte, 2004) et de la Nouvelle Raison du monde. Essai sur la société néolibérale (Éditions La Découverte, 2009), le sociologue Christian Laval explique pourquoi le bac, malgré de régulières remises en question, reste un passage obligé, un symbole fort, plébiscité par les Français.


Le bac est-il un simple outil de sélection ?

Christian Laval. Le bac représente bien plus. C’est un véritable monument avec une symbolique très forte. Il constitue, tout d’abord, un repère incontournable dans une institution comme l’école qui s’inscrit dans le temps avec des programmes, des lieux, des examens. Le bac incarne aussi la dimension nationale de l’éducation en renvoyant à une culture partagée par un grand nombre de jeunes. Je crois que l’attachement à cet examen, que l’on constate dans tous les sondages, vient précisément de ce besoin de repères symboliques.


Certains le comparent aussi à un rite de passage…

Christian Laval. Effectivement. Pour les garçons, le passage à l’âge adulte a longtemps été marqué par des événements comme le service militaire, qui n’existe plus, ou le mariage. À l’évidence, le bac possède encore cette dimension quasi anthropologique. Il revêt enfin une fonction sociale : il y a ceux qui ont le bac et ceux qui ne l’ont pas. Certes, aujourd’hui, les deux tiers d’une génération le décrochent. Mais, dans l’histoire, cet examen a marqué une véritable barrière. Avant-guerre, le sociologue Edmond Goblot a parfaitement montré que le bac était un passeport pour l’élite qui permettait ensuite d’accéder à des fonctions juridiques, médicales, etc. Alors, c’est vrai, ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui. Mais cette idée de hiérarchie perdure tout de même. Notamment entre les bacs généraux, type S ou ES, et les bacs professionnels.


Le bac, tel qu’il existe aujourd’hui, est-il une spécificité française ?

Christian Laval. Tous les systèmes d’enseignement marquent, d’une manière ou d’une autre, la fin des études secondaires. Mais je crois que la portée symbolique est peut-être plus forte en France. Avec, par exemple, des épreuves à haute valeur culturelle comme la dissertation de philosophie. Dès demain (aujourd’hui - NDLR), on verra, d’ailleurs, proposés dans les journaux ces fameux sujets de philo, invitant les Français à réfléchir dessus et participant ainsi à une forme de reconnaissance et d’adhésion de la population à l’égard de son école.


La pertinence du bac, sous cette forme d’examen final, est pourtant sans cesse remise en cause. Comment analysez-vous cette tendance ?

Christian Laval. Le système éducatif est en train de se fragmenter, d’éclater avec le développement d’une ségrégation sociale, parfois même ethnique. Le recrutement dans les collèges et lycées favorise de moins en moins la mixité et les politiques de ces dernières années visent clairement à mettre en concurrence les établissements entre eux. Dans ce contexte, le baccalauréat a aujourd’hui une fonction nouvelle, celle d’incarner la résistance à ces phénomènes inégalitaires. Alors que tous les processus en cours visent à différencier les établissements, à particulariser les enseignements, le bac reste un examen national. Si on lui préfère un contrôle continu, c’est-à-dire une évaluation lycée par lycée, les diplômes auront alors des valeurs très différentes selon que lsoit à Henri-IV ou dans un lycée moins coté d’une zone rurale ou de banlieue. Le bac apparaît donc aujourd’hui comme la garantie que l’éducation est la même partout. C’est évidemment un peu un leurre car les conditions d’enseignement varient d’un établissement à l’autre. Le bac poursuit néanmoins cette idée d’un niveau général qui peut être atteint par tout le monde.


Entretien réalisé par Laurent Mouloud

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