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7 mai 2009 4 07 /05 /mai /2009 00:00

Et si l’incendiaire des universités n’était pas « l’extrême gauche » mais Valérie Pécresse elle-même ? Au troisième mois de grève, la ministre peine à éteindre le conflit qui perturbe toujours une vingtaine de facs à des degrés divers, soit presque un quart des 85 établissements. Si « la mobilisation ne croît pas » de l’aveu d’un leader de la contestation – hors Paris, les manifestations d’enseignants-chercheurs du 28 avril furent clairsemées – et si dans la majorité des établissements la plupart des cours ont repris, des signes de radicalisation se confirment.


A Toulouse 2, le blocage a été reconduit pour une semaine, ainsi qu’à Dijon. A Reims, des universitaires ont exprimé mardi leur refus de présider les jurys du baccalauréat 2009. A Paris 4 et Paris 1, la grève est reconduite avec, fait nouveau, le soutien des personnels administratifs. A Besançon, les étudiants ont voté lundi contre la tenue des examens. Au Havre, des enseignants promettent de reprendre la grève dès la rentrée de septembre. L’assemblée générale des personnels et étudiants de Lyon 1, dirigée par Lionel Collet, le président de la conférence des présidents d’université (CPU), a reconduit la grève et déclare dans un communiqué les inscriptions de la prochaine rentrée « impossibles ».

Pire : le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche semble jeter de l’huile sur le feu et provoquer des universitaires déjà échaudés par la promulgation du décret sur leur statut en pleines vacances de Pâques. C’est au sujet de la formation des enseignants du primaire et du secondaire (la masterisation), l’un des points durs de la crise, que l’ambiance s’est brutalement tendue hier mardi. Le syndicat Autonomesup (plutôt à droite du monde syndical, rallié à la dernière version du décret sur le statut) s’est fendu d’un communiqué déclarant « irrecevable » la dernière proposition gouvernementale d’aménagement du cursus de formation des étudiants désireux de préparer le concours des professeurs en septembre 2009.


« Le gouvernement met le feu à la maison »


Depuis quelques jours, des groupes de travail réunissant syndicats, organisations étudiantes et Etat planchent sur les modalités de transition entre le système actuel et le nouveau dispositif que souhaite mettre en place le gouvernement à partir de la rentrée 2010. Or selon Autonomesup, les ministères de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur ont expliqué lundi en réunion vouloir, à titre transitoire, attribuer la totalité d’un Master 1 aux étudiants qui prépareront le concours. Mais pour Jean-Louis Charlet, président d’Autonomesup, « donner la totalité d’une année universitaire à quelqu’un qui n’a pas suivi de cours, c’est la négation de notre métier ! Les universitaires en lettres et sciences humaines se battent depuis des mois contre la destruction de leurs masters de recherche. Mais si la première année du diplôme est offerte, qui va suivre les cours ? Ça va mettre la boutique par terre ».


La grande majorité des étudiants de master en lettres et sciences humaines se destinent à l’enseignement et ont donc pour priorité de passer le concours de l’éducation nationale. Ce sont sur ces disciplines que, depuis le début de la crise, la création de nouveaux masters professionnalisants voulus par Xavier Darcos suscite le plus d’inquiétudes. Avec cette proposition « le gouvernement met le feu à la maison si tant est qu’il reste encore quelque chose à brûler », se désole Jean-Louis Charlet, « C’est un casus belli, le seuil de l’intolérable. » Prof de latin médiéval à Aix-Marseille I, sa dernière manifestation remontait à 1984. Cette année, il a manifesté cinq fois. De son côté, le ministère de l’enseignement supérieur semble prêt à modifier sa proposition. Une nouvelle réunion doit se tenir la semaine prochaine, et les conclusions seront rendues autour du 20 mai.


« On est dans un phénomène de rationalisation disciplinaire et économique de l’université dont vont faire les frais à la fois lettres et sciences humaines, et les petites universités, analyse Jean-Louis Fournel, président de Sauvons l’université, pour qui « une disposition transitoire peut être un piège magnifique ».

Car derrière la mesure ponctuelle se profile la question du devenir à terme des masters de recherche en lettres et sciences humaines. L’année de transition 2009-2010 doit aussi permettre la révision des habilitations de ces enseignements. Si les amphis sont vides, le maintien de certains cursus va devenir difficile à obtenir. Or selon Jean-Louis Charlet « dans certains cercles du pouvoir, il y a des gens qui sont contents de la situation et en profiteront pour réduire de façon drastique les masters littéraires ». Sans masters de recherche, plus de thésard et plus de recherche sur les domaines concernés. La plus longue grève de l’université française depuis 1976 servira-t-elle d’argument à un grand nettoyage anti-lettres et sciences humaines ?


« Le gouvernement nous ment encore et toujours »


Cet épisode intervient après une autre récente controverse sur l’évaluation des maquettes de ces mêmes masters. En signe d’opposition à la réforme en cours, la majorité des universités ont refusé de transmettre au ministère leur projet de cursus de formation pour les étudiants souhaitant devenir enseignants. Au vu du faible nombre de dossiers (17, dont environ la moitié venue de l’enseignement catholique), l’agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Aeres) a refusé de les examiner. Mais selon le Snesup (syndicat majoritaire dans l’enseignement supérieur), le 20 avril dernier, Patrick Hetzel, directeur général de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle a annoncé au CNESER (conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche, instance consultative) que les maquettes seraient évaluées par ses services et « soumises à une prochaine réunion du CNESER pour mise en œuvre à la rentrée 2009 ».


Une déclaration aussitôt interprétée par les opposants aux réformes en cours dans l’université comme un passage en force. Tout en prétendant concerter, le ministère donne tout l’air de poursuivre la mise en place de la masterisation, comme si le report d’un an de la réforme n’avait pas été annoncé.


Quant au décret sur le statut des enseignants-chercheurs, étincelle de la révolte des facs à l’automne dernier, il ne cesse de raviver la polémique. Le texte paru au Journal officiel du 25 avril, en pleines vacances de Pâques, n’est pas le même que celui avalisé par le comité technique paritaire universitaire. Parmi les principales différences pointées pour Sauvons la recherche par Marie-Pierre Gaviano : « Il n’y aura pas d’heures complémentaires payées pour un service d’enseignement modulé à la hausse. » Au point que pour le juriste Benoît Kloeckner, dans un message envoyé à la coordination nationale des universités, « le gouvernement nous ment encore et toujours. Des universitaires sont persuadés que le décret est devenu acceptable. Peut-être est-il possible de les remobiliser ».


On est loin du décret « parfaitement conforme aux attentes de la communauté universitaire » comme François Fillon pensait pouvoir s’en prévaloir le 22 avril sur France Inter. Et la circulaire qui l’accompagne, supposée en guider l’application, sème au contraire la confusion en faisant apparaître des notions jusque-là absentes, comme le fait que « pour un enseignant-chercheur, le service ne doit pas s’écarter en moyenne sur une certaine période du service de référence »... un « paragraphe dont seules sauront sonder les profondeurs les médailles Fields de l’an 3000 », ironise Marie-Pierre Gaviano pour SLR. « Le texte promulgué est écrit en pire et en plus confus », proteste Isabelle This, présidente de Sauvons la recherche, « la circulaire est incompréhensible. La confusion continue sur la modulation des services et ses modalités d’application ».


Le même épisode qu’avec Claude Allègre


Ultimes provocations gouvernementales ? Volonté de « nous mettre à genoux », comme le dénonce Isabelle This ? Plus compliqué, tempère Dominique Barjot d’Autonomesup-Lettres-Sciences humaines. « En réalité, il n’y a pas de contradiction entre le décret validé en CTPU et le texte promulgué. Je suis sûr qu’il n’y a pas d’entourloupe ».


Mais le problème, regrette Dominique Barjot, c’est que « la communication a été désastreuse : un dossier aussi technique doit s’accompagner d’une déclaration de la ministre ». Or, estimant le problème du décret réglé, Valérie Pécresse ne s’adresse plus à ses opposants que pour les accuser de prendre en otages les étudiants en poursuivant la grève. « On n’avance pas au bulldozer dans une forêt de bambous ! regrette le juriste. Il y a un problème de méthode : c’est le problème de la gestion sarkozyste. On ne fait pas une réforme fondamentale en six mois. On l’étale dans le temps. »


Inquiétude sur la méthode gouvernementale que partage Michel Lussault, aujourd’hui à la tête du pôle de recherche et d’enseignement supérieur (Pres) de Lyon, ancien vice-président de la conférence des présidents d’université, et alors fervent défenseur de la LRU : « On avait eu le même épisode avec Allègre. Il y a une responsabilité politique évidente de mes collègues universitaires dans l’incapacité à sortir de la crise mais aussi du ministère qui a fait beaucoup d’erreurs : le pilotage de l’allocation des moyens, le flou sur les compétences élargies, la question des postes. Le ministère donne beaucoup d’arguments à tous ceux qui ne veulent pas retourner au travail. »


Dans ce contexte de défiance généralisée qui semble encore s’aggraver depuis ces dernières semaines, la communication de Valérie Pécresse, désormais entièrement centrée sur la tenue des examens et la dénonciation de la prise en otages des étudiants par les personnels grévistes, prend le risque d’attiser la colère des personnels les plus mobilisés. Depuis une semaine, pas un jour ou presque sans que ne sorte une information embarrassante pour les universitaires opposés à leur ministre : vœux d’inscription des futurs étudiants en première année de Paris 4 et Paris 8 en baisse respectivement de 25% et 50% selon le JDD, sondage révélant des étudiants majoritairement favorables au maintien des examens dans
Le Parisien lundi, stigmatisation dans Le Figaro de l’extrême gauche « imposant » le blocage dans les universités.


« La mobilisation n’a pas faibli, on ne peut pas imposer une réforme à une communauté sans son assentiment, considère Pascal Binczak, président de Paris 8 et figure de proue de la contestation universitaire, le prix politique sera très lourd. » A la tête du Pres de Lyon, Michel Lussault se fait plus sombre encore : « Le régime de l’AG permanente peut être la mort de l’université française. Certaines universités ne se remettront pas de ce conflit. »

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