In Libération
Les propositions de Darcos et Pécresse ne satisfont pas les syndicats enseignants et universitaires.
Tout ça pour ça : après plusieurs jours de suspense, les deux ministres chargés de la réforme de la formation des enseignants ont enfin présenté jeudi soir leurs propositions. Xavier Darcos, le maître d’œuvre à l’Education, et Valérie Pécresse, à l’Enseignement supérieur, font bien quelques gestes. Mais il en faudra plus pour amadouer les syndicats enseignants et les universitaires qui réclament le report, voire le retrait d’une réforme bâclée. Retour sur les points qui fâchent.
Une année transitoire mais la réforme est maintenue
La réforme - recruter désormais tous les profs à bac +5, ce qui suppose de créer des masters à l’université et de modifier les concours de recrutement - était déjà passablement confuse. Elle devient opaque. Une seule certitude : elle commencera à s’appliquer dès la rentrée 2009. Tout le reste est transitoire : les nouveaux concours 2010 (de professeur des écoles pour le primaire, le capes pour le secondaire, etc.) comme les masters. La réforme ne sera «aboutie» qu’en 2011, après discussions avec les organisations représentatives.
Pour les opposants, c’est rédhibitoire. Ils ont des critiques très diverses, parfois contradictoires - les enseignants du primaire estiment que la formation professionnelle est sacrifiée, les universitaires trouvent que c’est le niveau disciplinaire qui chute. Mais tous s’accordent sur un point : il faut remettre à plat la réforme, prendre le temps de discuter. Et les anciens concours doivent être maintenus en 2010, jusqu’à ce que l’on tombe d’accord sur une nouvelle réforme.
Des stages pour tous, mais pas de formation en alternance
Xavier Darcos a voulu rassurer sur les stages. Tous les étudiants en auront - des stages d’observation en première année de master, devant des classes en seconde année. De 108 heures maximum, ils seront payés jusqu’à 3 000 euros en Master 2. Mais pour les opposants, c’est bien trop peu : jusqu’ici, les reçus aux concours avaient ensuite une année de formation en alternance, face aux élèves et en IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) durant laquelle ils étaient payés. Or cette année disparait. D’où le soupçon tenace que cette réforme vise avant tout à faire des économies.
Le ministre, qui s’en défend, a fait un geste. Il promet désormais que durant leur première année d’exercice, les profs débutants ne seront pas à 100 % devant les élèves : ils auront une formation continue et du tutorat. Mais il ne précise pas les proportions, ce qui inquiète. Les syndicats doutent en outre que les universités puissent trouver autant de stages - 50 000 en master 2 par exemple.