Les enseignants chercheurs ont voté la grève hier au Mirail et ceux de Rangueil se réunissent aujourd'hui. Les étudiants à leur tour se réveillent. Photo DDM, Xavier de Fenoyl
UNIVERSITÉ. Ils n’ont pas perdu l’habitude de voter pour savoir s’il fallait voter. Ils paraissent avoir perdu celle, en revanche, d’arriver très en retard aux AG.
Un millier d’étudiants de Lettres et Sciences Humaines se sont retrouvés pile à l’heure, hier à 12h30, dans l’amphi 8 de l’université Toulouse II-Le Mirail, pour y adopter le principe de la grève «illimitée et active» lancée la veille par une assemblée générale des enseignants et personnels.
Une assemblée générale est prévue demain mercredi à Toulouse III-Paul-Sabatier qui devrait réunir les profs et personnels qui ont voté ce mardi matin une grève reconductible jusqu'à jeudi 5 février et les étudiants de Sciences qui n'ont encore rien voté du tout.
Retour dans les travées de l'amphi 8, cette après-midi au Mirail.
«Non! ça ce sont les revendications de l’année dernière. Remarque, faut peut-être les rajouter… Enfin, je ne sais pas» : Richard, l’étudiant qui préside l’AG s’emmêle les pinceaux. Il faut dire qu’avant d’en arriver au vote pour l’arrêt des cours et une «massification du mouvement», il lui aura fallu s’engloutir un long texte de soutien à la lutte des cheminots, un salut amical des étudiants palestiniens, une dénonciation du gouvernement qui «ambitionne de tout contrôler», le souhait d’avoir une crèche à l’université et une admonestation reçue par des éclats de rire de l’amphi pour ne pas avoir voté Bayrou à la dernière présidentielle. Entre autres.
Ce coup-ci, les étudiants n’ont pas de motif bien à eux de se mettre en grève. Ni un Nième projet de réforme de l’enseignement supérieur, ni une augmentation particulière des droits d’inscription. C’est le goût de rentrer dans un mouvement social naissant qui semble l’emporter, -«l’envie de vivre ensemble ce qui va se passer», résume une étudiante sous les applaudissements de l’amphi 8.
Ils n’ont plus qu’à se laisser porter. Pas de longs débats pour savoir s’il faut sortir manifester en ville et quel jour de préférence : c’est la date du jeudi 5 qui s’impose à eux puisque déjà décidée par les syndicats enseignants.
Pas besoin non plus de beaucoup d’imagination pour animer leur propre mouvement : les étudiants et profs de l’Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) ont déjà choisi de défiler jusqu’à la place du Capitole le soir même. «Y a qu’à y aller !» lance comme une évidence un étudiant au micro.
Ceux qui s’y seront rendus y auront croisé les parents d’élèves de 80 écoles de Toulouse venus mêler leur voix à celle des futurs instituteurs contre «l’avenir sombre de l’école publique». Il y a de l’enthousiasme à la grève dans les airs du Mirail et une drôle de fièvre dans le monde toulousain de l’enseignement.