Courrier enseignant premier degré
Oui ! Combien de temps encore continuerons-nous à avaler des couleuvres, à manger notre chapeau et à râler dans notre coin tout en continuant à ramer pour appliquer des réformes démagogiques, néfastes, dangereuses pour l’avenir de l’école publique et ... inapplicable, en l’état, la plupart du temps (heures de soutien) ? Ah pour râler, ça râle ! ….dans les salles des maîtres, les cours de récréations, les dîners en famille, entre collègues … mais, pendant ce temps, la machine continue à broyer, à concasser, à détruire.
Hier, les programmes, la semaine de 24h, les suppressions de poste. Aujourd’hui, les évaluations CM2 en janvier (dans quel but ?), base élève et clef OTP. Demain, réforme de la maternelle, les EPEP, travailler pendant les vacances ou le mercredi (ne riez pas, on y est presque).
La liste n’est pas exhaustive et j’en oublie certainement. Peut-on prouver qu’une seule de ces réformes est d’une utilité quelconque pour améliorer les résultats des élèves ? Seules conséquences tangibles de ce gâchis : des enseignants démotivés, démoralisés ; des directeurs stressés et épuisés ; des élèves fatigués et énervés par une plus grande pression.
L’unique réponse de l’administration à nos remarques, nos doutes, nos questions : « vous êtes fonctionnaires et vous devez obéir » ce qui revient à dire « ferme ta g….. et bosse ! » Il y a des directeurs courageux qui n’ont pas fermé leur gueule justement et qui le revendiquent haut et fort. Ils subissent une pression énorme de la part de l’administration mais au moins leurs actions ont permis de réveiller les consciences et de souder les troupes.
Pensez à la fable de la grenouille ! A force de cuire à petit feu, on finit toujours par y passer ! Personnellement, je n’ai pas envie de cuire à petit feu sans rien faire : je n’ai donc pas accepté la clef (par conviction et pour l’ensemble de leur œuvre), je ne renseigne pas base élèves et je ne ferai pas passer des évaluations CM2 à des élèves sur des notions qu’ils n’ont pas travaillé en classe. J’ai informé l’inspectrice de ma décision et j’ai écrit une lettre aux parents pour les tenir au courant.
Et pour répondre par avance à certains bien-pensant et politiquement corrects, je continue néanmoins à bosser plus qu’il n’en faut pour l’école, pour mes élèves et je n’ai nullement l’intention de changer de boulot ! Bon courage à tous, il va en falloir !
M.B.