
Pour contourner le blocage du campus Saint-Charles, tenu depuis quarante jours par des étudiants dénonçant la réforme universitaire, les examens avaient été délocalisés sur le site de la Canebière. En vain.
Les conteneurs à poubelles ont été jetés sur le côté de l’entrée de la fac Canebière, au cœur de Marseille. Tôt ce lundi matin, une centaine d’étudiants venus du campus Saint-Charles, tout près de la gare, les avaient installés devant les portes du site où devaient se tenir, toute la journée, des épreuves de sciences. Les examens avaient été délocalisés ici pour contourner le blocage du campus Saint-Charles, tenu depuis quarante jours par des étudiants dénonçant la réforme universitaire. Pour empêcher la tenue des épreuves, auxquelles devaient participer quelque 700 étudiants, les mobilisés avaient décidé de bloquer l’entrée vers 7h30. Ils ont tenu une heure avant que la police n’intervienne. «Apparemment, y a eu des sommations, mais on ne les a pas entendues», assure Sylvain, l’un des leaders marseillais de la contestation étudiante, la veste déchirée et le cou rougi par la bousculade musclée. «On avait fait une chaîne humaine et ils sont venus nous chercher les uns après les autres, poursuit-il. On a reçu des coups, moi je me suis fait gazer au sol après m’être fait étrangler…»
Une étudiante intervient: «Ils ont même poussé notre prof de physio qui venait faire passer les exams», s’énerve-t-elle. Le prof en question s’est posté sur le trottoir d’en face, très en colère. «Je confirme, je me suis fait gazer et bousculer, s’emporte-t-il. La doyenne a envoyé un message à 9h37 pour dire que les épreuves étaient annulées. Si elle l’avait fait plus tôt, on aurait évité cette intervention d’une violence inacceptable!» La réaction de trop, selon lui: «Nous, enseignants et personnels de l’université, avions prévenu la direction que si la police intervenait, on entrerait dans le mouvement. Je n’assurerai plus aucune surveillance ni cours pour l’instant!»